Du temps de Mars 2024
Ce lundi 25 mars 2024, à 8h du matin ce sera la
Pleine Lune. J'ai souvent écrit que les jours autour de la Pleine Lune ou de la
Nouvelle Lune étaient des jours où l'on enregistrait fréquemment des
perturbations atmosphériques, et ceci d'autant plus que la lune est proche de
nous, à son périgée, ou plus éloignée à son apogée.
La Nouvelle Lune du 10 mars était à son périgée, et marquée non seulement par
des marées très importantes - on a dit « les marées du siècle » -
que par le mauvais temps qui a provoqué, du moins chez nous dans le Gard les
dégâts que l'on sait. Hélas !
Et voici que cette Pleine Lune amène une chute
importante des températures. De plus cette lune est accompagnée d'une éclipse
de lune et d'une comète qui va traverser notre ciel. Nos ancêtres ont toujours
fait des rapprochements entre ces évènements et le mauvais temps, au point que pour ce temps de fin mars il existe une belle légende, celle des "jours de la
vieille" ou en Provence et chez nous "li Vaquerieu" ou "
Jours de la vache"
Voici l’histoire : Une vieille
dame, s’étant gaussée d’un hiver bien peu rigoureux, avait perdu son troupeau
de vaches, à cause des assauts du mauvais temps, par périodes de rafales
brusques et imprévues, que rappellent à notre mémoire quelques vieux dictons
que j’ai souvent portés à votre connaissance.
Elle ne se découragea pas pour autant et remplaça
son troupeau par autant de vaches, plus robustes, pensait-elle… !
Le mois de mars fut favorable à son élevage et
elle n’avait qu’à s’en féliciter. A la lumière de l’expérience elle eût dû en
rester là. Elle eut la sottise de dire :
« En escapant de mars e de marséu
aï escapa mi vaco e mi
vedéu. »
En échappant à mars et à
ses giboulées
J’ai sauvé mes vaches et
mes veaux.
Fâché d’une telle
ingratitude, le mois de mars vint trouver son voisin :
« Abriéu, n’aï plus que tres jour ;
Presto-m’en quatre
Li vaco de la vieio faren batre. »
Avril, je n’ai plus que
trois jours ;
Prête-m’en quatre
Les vaches de la vieille
nous ferons battre.
Avec l’accord d’avril, une gelée tardive tua la
végétation et cette fois encore la vieille perdit son troupeau.
Voilà donc ces jours de mauvais temps qu'on nous annonce partout. « E li jour negre de la vaco… » écrit notre grand Frédéric Mistral dans le chant VII de Mireio.
Je peux citer quelques variantes, tout en invitant ceux qui parmi vous connaîtraient d’autres versions à me les faire parvenir, ce qui serait certainement très intéressant pour notre mémoire commune.
Dans un vieil hameau de Provence,
après un hiver peu rigoureux, une vieille se moqua du mois de février parce que
celui-ci n’avait pas été très rude. Le mois de février en fut très fâché. Il
demanda au mois de mars de bien vouloir lui prêter trois jours. Souvenons-nous
que février, même avec son 29ème jour de complément,
improprement appelé « bissextile » - je vous ai expliqué
pourquoi - est le plus court de tous les mois de l’année. Alors se leva un
mistral fou qui emporta tout sur son passage. Il fit froid. Le troupeau de
brebis - les bédigues - de la vieille moururent. Elle se lamenta quelques
jours puis décida d’acheter des vaches car elle pensait qu’elles résisteraient
mieux au mauvais temps. Vers la fin du mois de mars, il faisait beau, les
arbres fruitiers avaient déjà fleuri, les rosiers commençaient à ouvrir leurs
boutons, Pâques était là, l’équinoxe était passée, le printemps était là. La
vieille dansait de joie pensant avoir sauvé vaches et veaux. Mars se vexa et
voyant que le mois allait se terminer sans qu’il ait pu faire périr les vaches
de la vieille, il se retourna vers son voisin avril et lui demanda de lui
prêtre quatre jours. Des gelées survinrent et brûlèrent la végétation. Les
vaches périrent. Ainsi, soit durant les derniers jours de février, soit les
trois premiers jours de mars ou pendant les derniers jours de ce mois ou encore
au début du mois d’avril on peut encore entendre, dans les campagnes de nos
pays d’Oc, les lamentations de la vieille, portées par le fort vent qui souffle
alors.
Selon d’autres versions, la vieille, sortant trop tôt son troupeau de l’étable, voit celui-ci pétrifié. D’autres disent que c’est la vieille elle-même qui est pétrifiée comme chez les Aït Ouaran qui disent que les mégalithes du Mont Buiblan, ou le mont lui-même, au sud de Taza, au Maroc, sont la vieille pétrifiée au milieu de son troupeau.
A Fez, chez les Hayaina, on parle
d’une vieille enlevée avec son troupeau de chèvres par un torrent en crue.
Selon les lieux on trouve en effet des variantes sur le bétail : moutons
et brebis, chèvres ou vaches. Ou même d’une seule vache et de son veau. Chez
les Seksawa, plus au sud du Maroc, on dit que la vieille fit tondre son
troupeau trop tôt croyant le froid fini, ce qui contribua à faire périr les
moutons. Chez les Ntifa on parle pour ces jours de fin mars du « jour de
la Chèvre ».
Bien d’autres légendes courent sur ce
thème en Italie, en Espagne, en Grèce et chez les Serbes, en Roumanie et en
Bulgarie, et dans bien d’autres lieux.
Des versions différentes sont
transmises de bouche à oreille avec parfois des versions plus drôles ou plus
grivoises. Je m’en tiendrai aux quelques références données.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la
nature n’a pas fini de nous surprendre. Qu’il faut la respecter, sinon elle
sait nous rappeler à l’ordre.
Les bourgeons des arbres sont encore frêles. La température ressentie va être proche de 2 degrés le matin au moment où le soleil se lève. C'est un moment de fragilité car la température du jour n'a pas encore assez réchauffé la terre. Elle ne peut pas encore rendre assez de chaleur et il se produit une sorte de précipitation qui peut brûler les frêles bourgeons à peine éclots. C'est un phénomène qu'on connait bien et qui se produit plus souvent pendant la période de lunaison qui commencera le 8 avril. Ce sera la Lune Rousse avec sa kyrielle de Saints de Glace dont les premiers sont dès le 23 avril. Leurs fêtes cette annéée coïncident avec la totalité de cette lunaison de mauvaise renommée. Alors « on » dit que le dérèglement des saisons et le réchauffement climatique font avancer de plus en plus cette période dans les calendriers. Eh bien non. Ce sont les Vaqueirieu. Une preuve que cela s’est déjà produit c’est que nos Ancêtres ont écrit une légende.
Cette lune du 25 mars est appelée la « Lune du Ver », je préfère cette appellation à celle de « Lune des vers », pour éviter toute confusion avec ce mois de mars, mois des poètes. "Lune du ver" parce que la terre commençant à se réchauffer les vers de terre commencent leur activité.
Cette première Pleine
Lune de printemps est celle qui détermine la date de Pâques qui a toujours
lieu, depuis le Concile de Trente, « le premier dimanche après la
première lune de printemps ». Cette lune est donc appelée aussi « Lune
Pascale ».
Elle a d’autres noms : Pour les Chinois c’est
: la « Lune endormie ». Dans le calendrier celte c’est la
« Lune des Vents ». Chez les Cherokee c’est la « Lune
Venteuse ». On trouve aussi la « Chaste Lune », et
dans l’hémisphère sud la « Lune des moissons », ou « Lune
du Maïs ». Je pense inutile d’explique pourquoi. « Lune des tempêtes »
aussi, mais c’est quand elle est plus proche de l’équinoxe et marquée par les grandes marées.
De plus cette lune est la deuxième Pleine Lune de
l’année qui se manifeste alors qu’elle est au plus loin de la terre, à son apogée.
Elle aura à nos yeux, mais c’est
difficile de mesurer, une dimension plus petite que les Pleines Lunes
habituelles ou que les Super Moon. Son lever sera moins spectaculaire. On dit d’elle qu’elle est une « microlune ». C’est la deuxième et dernière « microlune »
de l’année 2024.
Cette Pleine Lune coïncide cette année avec une
éclipse lunaire. Une éclipse lunaire qui sera visible depuis l'Amérique du Nord
et du Sud, le nord-est de l'Asie, et la majeure partie de l'Europe, de
l'Afrique et de l'Australie.
Un autre phénomène de ce mois de mars est depuis
le 22 mars dans notre ciel, la venue de la « comète du diable »
– surnommée ainsi en raison de l’apparence qu’elle prend lorsque des
"explosions" à sa surface provoquent l’éjection de gaz et lui donnent une forme « cornue». Elle fait son grand retour dans notre ciel, ce
qui arrive tous les 71 ans. Une aubaine rare pour les astronomes amateurs comme
professionnels ! Nous avons 15 jours pour observer son passage.
Je laisse ici aux diseurs de bonne aventure comme
aux prophètes de malheur, ou à d’autres "Madame Soleil", le soin de nous envahir
de leurs prévisions plus ou moins justifiées, à grand appui d'interprétations d’horoscope.
Nos Ancêtres disaient déjà : « Au
mois de mars, pluie et vent fou, sur nos gardes tenons-nous ». Et le
poète nous dit « Mars qui rit malgré les averses prépare en secret le
printemps ».
D’autres vieux dictons sont autant d’indications
du temps qu’il pourrait faire les mois suivants. « Quand mars se déguise en
été, Avril prend ses habits fourrés. » Ou encore : « Quand
mars fait avril, avril fait mars !
Le mois de mars n’a pas, en effet, la meilleure
des réputations. Il a donné naissance, par ses incartades, à bon nombre de
proverbes et dictons.
Par exemple : « Ce que mars couve, on le
sait après son trente et unième jour ». « Soit au commencement, soit à
la fin, Mars nous montrera son venin ». En
pays d’Oc on dit « Mars marsejo » ce qui veut bien dire :
mars fait son temps de mars, c'est-à-dire mars n’en fait qu’à sa tête ! Mars est capricieux
Des observations qui corroborent ub autre dicton qui
nous dit que si mars se déguise en avril c’est que le froid n’est pas
complètement parti. Et puis il faut voir ce que va donner la Lune Rousse
d’avril.
Quant aux savants et météorologues et autres astronomes, ils pourraient fort bien nous expliquer, sur la base de leurs observations très précises, que le positionnement de la terre dans sa course autour du soleil, ou de la lune dans sa course autour de la terre et la situation de tout cela dans le cosmos planétaire présentent des coïncidences, attestées par des proverbes, dictons ou légendes qui pourraient permettre de dire que tous les éléments sont rassemblés pour qu'avec peu de chances de se tromper, on prévoit le temps qu’il va faire.
En tous cas il ne faut pas ignorer ces phénomènes et leurs influences. Je relève simplement, à l’heure qu’il est et au moment où j’écris, que l’on nous annonce une chute brutale de température, sans parler de la lune. Ces prévisions peuvent évoluer sensiblement. Mais ce qu’on peut affirmer c’est que tous ces derniers jours de mars il fera froid. Les présentateurs des journaux télévisés nous on tous annoncé une chute des températures. On parle même ce matin d'un nouvel épisode "méditerranéen" ou "cévenol". Sans mentionner la lune et nos vieux dictons sur le temps !
" Si l’hiver ne janvroie, si février ne févroie, mars vient que ne laisse rien ».
Pour vous redonner le moral, car je pense qu’avec
ces quelques lignes il risque d’en avoir « pris un coup » comme on dit,
pensons plutôt au printemps des poètes, et à la belle saison qui est arrivée le 20
mars .
Tandis qu’à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletant
Mars qui rit malgré les averses
Prépare en secret le Printemps.
Écrivait Théophile Gautier dans « Premier signes de Printemps » paru en 1852.
Il faut rappeler que notre pays vivait alors de fortes tensions politiques liées au renversement de la IIe République et l'installation du Second Empire.
On n’en est pas là fort heureusement. Vive le
Printemps tant attendu et bonnes fêtes de Pâques.
Jean Mignot en ce soir du dimanche des Rameaux
2024