« Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletant
Mars qui rit malgré les averses
Prépare en secret le Printemps. »
Ces vers de Théophile
Gautier prennent cette année encore une résonnance particulière et pleine d’actualité
dans notre environnement politique français. Hélas cette fois dans une ambiance
de guerre ! Théophile Gautier écrivait ces lignes pendant la période où
notre pays passait du régime républicain au second empire. Encore une histoire
de pouvoir personnel !
Pour éviter toute
comparaison et m’abstenir de commentaires qui seraient déplacés ici, et pour ne
pas céder au pessimisme ambiant lié au contexte français marqué par la période
de pandémie encore présente et de rivalité entre Est et Ouest, je préfère
orienter cette chronique autour du printemps qui va arriver et des poètes auxquels
ce mois est dédié.
Je rappellerai d’abord
que ce n’est pas une invention récente que de dédier ce mois aux poètes et non la
création récente dont un gouvernement de notre république s’approprie un peu trop
vite la paternité, tout comme celle de la fête de la musique. Il y a bien
longtemps que les poètes ont chanté ce mois de mars et le printemps. Furetière, dans son Dictionnaire Universel
nous dit : « le printemps est la
belle saison, la saison tempérée, la saison nouvelle, la verte saison ».
En 2022 ce sera la 24 ème
édition de ce mois des poètes. Le Thème en est « l’éphémère ». Mais
pourquoi contraindre nos plumes à un seul thème. Tant et tant de poètes ont si
bien célébré le printemps sans attendre qu’un gouvernement lui dédie un mois
particulier.
Il existe dans notre
région du midi une bien belle histoire qui remonte à ces époques pas très
lointaines où l’on savait rire et écrire. Pas un village qui n’ait son conteur ou
son érudit local. La télévision a fait un peu disparaître cela. Tout près de
chez nous, à la limite du Gard et de l’Hérault, à Lunel, ville proche de Sommières
connue pour les caprices de son fleuve le Vidourle aux sautes d’humeurs si
redoutées que l’on appelle les « vidourlades », persiste une vieille
tradition qui a un si étroit rapport avec la lune que je me fais un devoir de
vous la conter. C’est tout indiqué pour un mois des poètes.
Il existe à Lunel une
fameuse école de poètes, les Pescalunes.
Henri de Bornier membre de l’Académie Française (1825-1901) né à Lunel
était l’un d’entre eux. Voici comment cette école des « pêcheurs de lune »
est entrée à l’Académie Française. Edmond
Rostand élu au fauteuil n°31, celui d’Henri Bornier, fit ainsi l’éloge de son
prédécesseur, selon la tradition de la noble académie, dans son discours de réception
sous la coupole, donnant ainsi ses lettres de noblesse aux
« Pescalunes ».
« Messieurs,
savez-vous ce que c’est que la pêche à la lune ? C’est un genre de pêche qui se
pratique à Lunel. Je croyais voir, sur les bords du Vidourle, arriver à pas
furtifs tout un peuple de pêcheurs nocturnes, porteurs d’étranges éperviers. La
lune luit dans l’eau. Les filets tombent, elle disparaît…Oh ! La jolie pêche !
Quelquefois peut-être, en s’y prenant bien doucement, arrive-t-on à voir cette
dorade palpiter et luire à travers les mailles, mais au moment qu’on veut la
tirer à soi, elle glisse en arrière, s’échappe, s’allonge dans les rides du
clapotis, et ne reparaît ironique et ronde, que lorsque l’eau est redevenue
lisse. Messieurs, vous avez compris que les gens de Lunel sont des poètes : Ils
pêchent la lune. C’est la plus belle pèche du monde car c’est la seule qui ne puisse
jamais se faire en eau trouble. »
Voici une autre version
de cette histoire qui a ma préférence :
« Avec le
réveil de la nature, et sans doute depuis la Saint Valentin, deux jeunes gens
de Lunel s’aimaient. Ninon, aimait Albin. Albin aimait Ninon… mais leurs parents
ne voulaient pas entendre parler de mariage car Albin était d’origine juive. On
sait que la présence des juifs à Lunel est attestée depuis au moins le XIème
siècle. On trouve ici la célèbre dynastie des Tibbonides de Lunel. Juifs venus de
la proche Espagne, fuyant les califats, ou juifs venus de Jéricho – ville de la
lune- et qui auraient fondé la ville de Lunel sous l’empereur Vespasien. La première interprétation semble la plus
plausible.
Il advint que
le baron Gaulcem, seigneur et maître des lieux avait donné une fête. A l’issue
des festivités, tard dans la nuit, le baron ivre-mort fit un affreux cauchemar.
La lune, vaincue par le soleil, venait d’être chassée du ciel pour toujours.
C’était peut-être à cause d’un subit changement de temps si fréquent au mois de
mars. Affolé, il se précipita en pleine nuit dans la rue. Il y rencontra les
deux jeunes gens. – qui s’étaient attardés, sans doute parce qu’ils avaient
beaucoup de choses à se dire… ! Albin, pour rassurer le baron, lui affirma qu’il
venait de voir la lune au beau milieu de l’eau, dans le canal (il s’agit du
Canal du Midi qui passe là !.. enfin presque, puisqu’il n’était pas encore
creusé à cette époque !) Las le baron comprit qu’elle s’y noyait. A grand
vacarme, il mobilisa la population, qui s’en fut tenter de repêcher la lune, à
l’aide d’un panier au bout du fil d’une canne à pêche… Curieusement, l’astre
disparaissait chaque fois que l’on jetait dans l’eau la corbeille. Le rabbin de
Lunel, qui protégeait les deux jeunes gens, eut alors une idée brillante : il
déclara que seul le mariage de Ninon et d’Albin permettrait à l’astre de
regagner sa place. Les parents, devant la pression populaire, durent vite
donner leur accord avant que la lune ne se noie. Alors Albin, leva les yeux au
ciel et entama une longue incantation, et l’astre s’éleva peu à peu dans le
ciel, laissant à Lunel et à ses habitants, un souvenir et une bien belle légende. »
Avec les poètes,
cultivons notre jardin et voyons ce que mars et la lune nous préparent tout au
long de ce mois. Mars vous le savez, est
marqué par l’influence du soleil à son équinoxe. Il coupe l’équateur céleste.
Le jour et la nuit sont alors de même durée, c’est l’étymologie du
mot « équinoxe ». Le soleil, par sa marche régulière,
identique chaque année, règle son temps de présence au-dessus de nous, son
rayonnement, la température, la montée de la sève, et donc les saisons. Mais ce
rythme régulier vient se heurter au rythme différent de la lune. D’où quelques
changements parfois surprenants avec tantôt du beau temps qui fait croire que
les mauvais jours sont finis et tantôt des sursauts de mauvais temps qui font de
graves dégâts sur la végétation, arbres et plantes, car la nature s’étant trop
avancée, on doit vite déchanter.
Le mois de mars n’a
pas, en effet, la meilleure des réputations. Il a donné naissance, par ses
incartades, à bon nombre de proverbes et dictons. « Ce que mars couve,
on le sait après son trente et unième jour. » ou « Soit au commencement,
soit à la fin, Mars nous montrera son venin. ».
Les premiers jours de ce mois de mars 2022 seront marqués
par la Nouvelle Lune le 2, et des marées de fort coefficient, supérieur à 100,
les 3 et 4 mars. Mars pourrait nous amener quelques mauvaises surprises. Ce ne sera sans doute pas encore des giboulées
mais plutôt un risque de « phénomène de Lune Rousse »
Attention celle-ci est bien la lunaison qui suit la fête de Pâques, et qui est
marquée aussi par les Saints de Glace. Mais ce « phénomène de Lune
Rousse », est en train de se produire en cette fin février et ce début
mars. Quand le ciel est dégagé, l’atmosphère se réchauffe vite et le
thermomètre marque facilement 19 à 20 degrés voire plus en journée. Les jeunes
pousses des plantes, et les fruits en formation se gorgent de chaleur. Mais la
terre est lente à se réchauffer. Quand le soleil se couche, le froid se
rétablit. La terre n’a pas encore de chaleur à restituer. Une rosée froide
recouvre alors les végétaux et elle peut devenir glaciale au lever du jour. Les
jeunes espoirs de récolte sont détruits. Les petites pousses prennent une
apparence de roussi. Ce phénomène ne se produit que si le ciel est dégagé et
même si le thermomètre ne marque pas zéro degré.
Cela peut arriver dès
maintenant. J'ai conseillé à la mi-février d'enlever les voiles de protection.
Ne les rangez pas trop vite. Si vous le pouvez, remettez-les vite en place, si vos
plantes sont très exposées aux courants d’air. En espérant qu’il ne soit pas trop
tard après les basses températures de cette fin février ! Il a fait +1° le
matin du 27 février et dans les plaines autour d’Uzès moins 1° ou plus bas
encore !
N'écoutons pas ce que
nous disent les services de météorologie dûment diplômés et patentés, qui nous
parlent peu de ce phénomène. Parce que ce n’est pas nouveau ! Nos Anciens
qui l’avaient constaté en avaient tiré les leçons au point d'en faire des
dictons. Les Services des différents sites de météorologie nous disent que le
phénomène de « Lune Rousse » se produit de plus en plus tôt, à cause
du réchauffement climatique, ignorant les observations et les conseils de nos «
Vieux ».
On relira utilement
mes chroniques mensuelles. « Février, quand il commence en mouton,
finit en lion ». C'est le cas cette année. « Si février ne donne
pas de la teste, il donnera de la coueste ». Et pour mars qui arrive, « ce
que mars couve, on le sait après son trente et unième jour » ou «
soit au commencement soit à la fin, mars nous montrera son venin ». Mars
débute avec quelques matinées bien plus fraîches, et risque de finir avec les
Vaquerieu, ces fameux « jours de la vieille » si redoutés
dans le monde paysan. Ils s’inscrivent dans la foulée du nœud lunaire du 22 et
du périgée le 23. Ce sont les derniers jours du mois tels que nous les conte
une bien vieille légende.
Une vielle dame,
s’étant gaussée d’un hiver bien peu rigoureux, avait perdu son troupeau de
brebis, à cause des assauts du mauvais temps, par périodes de rafales brusques
et imprévues, que rappellent à notre mémoire quelques vieux dictons bien connus
de nos Anciens.
Elle ne se découragea
pas pour autant et remplaça son troupeau par autant de vaches plus robustes,
pensait-elle…
Le mois de mars fut
favorable à son élevage et elle n’avait qu’à s’en féliciter. Elle eut la
sottise de dire : « En escapan de mars e de marséu, aï escapa mi vaco e mi
vedéu. », (En échappant à mars et à ses giboulées J’ai sauvé mes vaches et
mes veaux).
Fâché d’une telle
ingratitude, le mois de mars alla trouver son voisin avril : « Abriéu, n’aï plus que tres jour,
presto-m’en quatre li vaco de la vieio faren batre. ». (Avril, je n’ai plus
que trois jours, prête-m’en quatre, les vaches de la vieille nous ferons
battre= mourir). Avec l’accord d’avril,
une gelée tardive tua la végétation et cette fois encore la vieille perdit son
troupeau.
Ceux qui sont
intéressés peuvent se procurer l’ouvrage : « les jours de la vieille »
de Marcelle Delpastre et Albert Pestour, édité par la Société d’études
historiques et archéologiques de la moyenne Corrèze, à Tulle en 1961.
« La vieille » prend
une signification météorologique. En Provence elle représente souvent la
nature. Frédéric Mistral dans Mireille, décrivant ce froid qui tue les bêtes
d’un troupeau, écrit : « e li jour negre de la vaco ». Il est encore
plus curieux de constater que cette légende de la Vieille, est une légende que
l’on retrouve tout autour de la Méditerranée, y compris au Maghreb, en Italie,
en Espagne, en Grèce et chez les Serbes, en Roumanie et en Bulgarie, et dans
bien d’autres lieux.
Des versions
différentes sont transmises de bouche à oreille, parfois plus drôles ou plus
grivoises.
Ce qu’il faut retenir,
c’est que la nature n’a pas fini de nous surprendre. Qu’il faut la respecter,
sinon elle sait nous rappeler à l’ordre.
Quant aux savants et
météorologues et autres astronomes, ils pourraient fort bien nous expliquer,
sur la base de leurs observations très
précises, que le positionnement de la terre dans sa course autour du soleil, ou
de la lune dans sa course autour de la terre et la situation de tout cela dans
le cosmos planétaire présentent des coïncidences, attestées par des proverbes,
dictons ou légendes qui pourraient permettre de dire que tous les éléments sont
rassemblés pour que l’on puisse dire, avec peu de chances de se tromper, le temps qu’il va faire. En tous cas ne pas
ignorer ces phénomènes et leurs influences.
« Si l’hiver ne
janvroie, si février ne févroie, mars vient qui ne laisse rien »
dit-on en Eure et Loir. C'est-à-dire que janvier se doit d’être froid et
février pluvieux, sinon les effets de l’hiver surgiront en mars, anéantissant
toutes les promesses de récolte.
On peut toujours
s’attendre à du mauvais temps fin mars. On a vu en 2021 ce que pouvaient faire
comme dégâts, ce que j’appelle « phénomène de Lune Rousse » sur
les fruitiers dans la vallée du Rhône en particulier, fin mars et débit avril
alors que les médias nous disaient qu’il s’agissait du changement climatique
qui selon eux, se produisait avant les dates « officielles » de la fameuse
« Lune Rousse » On oublie un peu trop vite les observations de nos
Anciens, les dictons du temps et les légendes qui jalonnent le temps qu’il fait
tout au long de nos jours, au rythme des cycles lunaires qui restent toujours
des signes permettant de prévoir avec plus ou moins de certitude le temps qu’il
va faire. De l’intérêt de les connaitre, et de les rappeler et de savoir comme
Monsieur Jourdain, « s’il y a de la lune ou s’il n’y en a point » !
Certes en ce moment le
risque de gel en ce début mars est moins fort, car les bourgeons sont à peine éclos,
si on n'a pas trop forcé la nature pour avoir une production plus tôt dans la
saison ! Laissons donc du temps au temps
! Ecoutons les leçons qu'il nous donne et ne concluons pas trop vite ce qui se
passe par « c'est la faute au réchauffement climatique » ! Sans
pour autant nier les incidences de nos comportements sur le climat.
Il ne faudra pas se
réjouir trop vite ni dire que le printemps est là ! : « Quand mars
se déguise en été, Avril prend ses habits fourrés. » disaient nos Anciens.
Ou encore : « Quand
mars fait avril, avril fait mars ! »
« En mars les fous vont nu-pieds ». Les fous ou les pauvres, hélas ! « En mars qui n’a pas de souliers
va nu-pieds ; Et qui en a, les porte encore au-delà ».
La Pleine Lune du 18,
avec l’équinoxe le 20 (et non le 21) suivie d’un nœud lunaire,c’est-à-dire du
moment où la course de la lune coupe celle de la terre, avec le passage au
périgée, soit le plus près de la terre, amèneront probablement un changement de
temps et les fameux Vaquerieu.
De toute façon, qu’il
fasse beau ou mauvais, nous devrons avancer nos montres et horloges d’une heure
dans la nuit du 26 au 27. En effet, malgré une consultation qui en France a
donné une préférence de nos compatriotes à 83.71 % pour ne plus changer d’heure,
la crise économique mais surtout la très difficile harmonisation entre les
états membres de l’UE font que la décision de mettre fin au système n’est pas
pour cette année.
Il faut souligner que le
choix exprimé dans notre pays n’est pas très logique puisque l’heure d’été qui
remporte les suffrages n’est pas celle qui est proche de la réalité. C’est l’heure
d’hiver qui est la plus proche de l’heure naturelle, celle qui suit le cycle du
solaire ! Choix étonnant à l’heure où l’on prône ici et là le retour à la
nature !
Et je ne peux m’empêcher
de sourire quand on parle des perturbations sur le monde animal et sur les
oiseaux, comme s’ils regardaient l’heure pour se réveiller. Eux ils suivent le
soleil été comme hiver.
En fin de compte la question
à se poser est bien plutôt celle d’une harmonisation de tous les pays sur une
même heure. Comment mettre à la même heure, Brest, Berlin, Prague, Vienne ou
Budapest ? Pensez qu’il faut
trouver une décision sur un choix unique, qui puisse s’imposer a des états qui
sont répartis sur trois fuseaux horaires. C’était drôle et amusant de changer
les heures de nos montres au passage des frontières.
Certes le Parlement
européen s’est lui aussi prononcé pour mettre fin au système. Mais il faut que
le Conseil des Ministres de l’Europe valide. Et c’est compliqué pour eux. En
plus en ces temps de guerre ils ont bien évidemment d’autres sujets de préoccupations.
Cette décision du
changement d’heure est une bien vieille histoire qu’on attribue un peu trop vite
au Président de notre République en 1976 et au choc pétrolier ! Il y a longtemps
que nos dirigeants se posent les questions de l’harmonisation de l’heure avec
la course du soleil, et donc avec le jour et la nuit ! Il y eu d’autres périodes
où il y avait le changement d’heure 1916-1917, 1940 -1945 !
Le 26 avril 1784, Benjamin
Franklin dans le « Journal de Paris » traitait déjà des économies à propos du rapport huile consommée/lumière produite. Le
sujet en tête, il entre chez lui et s'endort vers 3-4 heures du matin. Un bruit
le réveille vers 6 heures et il s'étonne d'une grande clarté dans sa chambre.
Il pense d'abord à ces fameuses lampes à huile de la démonstration de la
veille, éclairant sa chambre. Mais il constate, en fait, que ce sont les rayons
du Soleil levant qui pénètrent dans la pièce. La lecture d'un almanach lui
confirme que le Soleil se lèvera encore de plus en plus tôt jusqu'à fin juin.
"Cet événement me fit penser à des choses plus importantes et plus
sérieuses. Si je n'avais pas été éveillé si tôt le matin, j'aurais dormi six
heures de plus à la lumière du Soleil, et, par contre, aurait passé six heures
la nuit suivante à la lumière des chandelles."
Et il poursuit : " En partant du principe qu'il y a 100 000
familles à Paris et que ces familles consomment la nuit 1/2 livre de bougies et
chandelles par jour... En estimant de 6 à 8 heures la durée moyenne entre l'heure
de lever du soleil et la nôtre... il y a donc 7 heures par nuit pendant lesquelles
nous brûlons des bougies ; on en arrive au décompte suivant : En six mois entre le 20 mars et le 20
septembre, il y a 183 nuits. 7 heures par nuit d'utilisation de bougie. La
multiplication donne 1281 heures. Ces 1281 heures multipliées par 100.000
donnent 128.100.000.
Chaque bougie exige 1/2 livre de suif et de
cire, soit un total de 64.050.000 livres. À un prix de trente sols par livre de
suif et de cire on en arrive à 96.075.000 tournois de livre." Et il conclut non pas par « ...une immense somme que la ville de Paris
pourrait sauver chaque année ! » mais par cette phrase : « les gens sont obstinément attachés à leurs
vieilles traditions et il sera difficile de les amener à se lever avant midi ».
Il propose alors des solutions coercitives :
1) Taxer d'un louis par fenêtre les habitants
qui laissent leurs volets fermés.
2) Bougies rationnées à une livre par famille par
semaine.
3) Policiers chargés d'arrêter la circulation
après le coucher du Soleil exceptée celle des médecins, des chirurgiens et des
sages-femmes.
4) Chaque matin dès que le Soleil se lèvera,
cloches d'église et, au besoin, canon informeront l'ensemble des habitants de
l'arrivée de la lumière.
Tout un programme électoral avant l’heure !
Un vieux proverbe occitan nous incite à un même geste d’économie : « Oou mes de mars, lou caleu es en
bas » certes il s’agit de l’huile des lampes à
huile, mais ce peut être une bonne résolution à prendre pour ce mois de
mars !
Voila ! ma besogne
faite… et c’est un réel plaisir de la faire en pensant à vous qui lisez ces
lignes. Que mars fasse bien son travail, que mars « marseuje »
pour nous apporter bien vite la fraîcheur du printemps. Alors avec le poète nous
pourrons dire :
Et
que son règne va finir
Au
seuil d’avril, tournant la tête
Il
dit : » printemps, tu peux venir ! »
Prenez soin de vous,
et méfiez-vous du soleil de mars qui « donne des rhumes tenaces » !
Adissias !
Jean Mignot le 28 février 2022