En préambule de cette chronique
et pour vous présenter la suite c’est-à-dire les risques que va amener la
prochaine Lune Rousse, je tiens à vous alerter sur trop d’optimisme face au
beau temps qui règne cette année sur notre week-end pascal. Il a fait plutôt
mauvais temps à la Noël 2021, du moins chez nous dans le Midi, et on pouvait se
demander si le dicton bien connu rapprochant le temps de Noël de celui de
Pâques pouvait s’inverser « Noël au balcon Pâques aux tisons ».
Donc cette année c’était plutôt « Noël aux tisons Pâques au
balcon » ! Et voilà que ça se confirme. Cela peut aussi
s’expliquer puisque « Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la lune
(c’est-à-dire la pleine lune) qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement
après ». Ou pour être plus clair
« Pâques est le premier dimanche qui suit la première Pleine Lune de Printemps
». C’est-à-dire la Pleine lune de la lunaison qui se produit après l’équinoxe
de printemps. Vous suivez ? en d’autres termes, l’équinoxe était le 20 mars.
La lunaison qui suit cette date de l’équinoxe a commencé le 1er
avril et se terminera le 30 avril. La Pleine Lune de cette lunaison est le 16
avril et donc Pâques est bien le premier dimanche après la première Pleine Lune
qui se produit après l’équinoxe. Vous suivez encore ? C’est très important
de bien comprendre cela car ça se complique ensuite. La lune nous donne
toujours des indications précieuses pour prévoir le temps, quoiqu’en disent ceux
qui ne le croient pas parce qu’en effet, elle n’a pas de rayonnement, et donc
théoriquement pas d’influence. Il faut bien savoir à quel moment situer la Lune
Rousse, cette lunaison redoutée qui amène souvent du mauvais temps et qui est
marquée par les fameux Saints de Glace. Elle est la lunaison qui commence après
la fête de Pâques. Or la Lune Rousse cette année est très tardive puisqu’elle
ne sera que du 30 avril au 30 mai.
Si j’insiste sur ces dates c’est
qu’un célèbre magazine, bien connu dans nos chaumières et une si bonne
référence dans le monde paysan mais que je ne peux nommer ici, se trompe une nouvelle
fois cette année sur ces dates et les définitions que les déterminent.
Interrogée par mes soins la rédaction me répond que la Lune Rousse avec le
dérèglement climatique se produit de plus en plus tôt, à preuve les gels
constatés cette année comme l’an dernier aussi, en fin mars et début avril.
Comme si on pouvait commander au temps ! Eh non ! ils oublient que
nos Anciens, grâce à leurs constats, avaient bien déterminé ces risques de
mauvais temps et « d’effet de lune rousse » comme pour cette période
sur laquelle je vous ai entretenu, récemment, bien connue et redoutée aussi
dans le monde paysan, que sont « les Jours de la Vieille » ou
« les jours de la vache » ou « Li vaquerieu ».
Non on ne peut pas décider
arbitrairement que la Lune Rousse ne se produit plus au même moment et que la
règle de sa détermination a changé. Une fois de plus je dis et redis, sans nier
le réchauffement climatique, qu’il faut regarder la Lune et ses phases comme
des indications, des balises sur le temps qu’il risque de faire. La lune Rousse
n’est pas encore là et nous ne serons tranquille et rassurés comme disent les
dictons qu’après cette redoutable lunaison à venir. Si on dit « En avril ne te découvre pas
d’un fil » c’est bien qu’on a constaté ces changements de temps de fin
avril. Je peux citer : « O mes d’obriéou quittès pas eu piéou » ;
« celui qui s’allège avant le mois de mai, certainement ne sait pas ce
qu’il fait » ; « On n’est pas sorti de l’hiver qu’avril
n’ait montré son derrière » ou de façon plus élégante « qu’avril
ne soit laissé derrière » ; « L’hiver n’est jamais achevé que
la lune d’avril ne nous ait houspillés » ; « l’hiver
n’est point passé, que la lune rousse n’ai décliné » . Faut-il
encore des preuves à ce que j’essaie d’expliquer ?
Voila une explication plus
scientifique, en tous cas le site internet qui publie ce genre de prévision me
parait sérieux si j’en juge par ce que j’observe et les rapprochements que je
fais avec mes propres observations. A ce jour je lis et je cite : « du
1er mai jusque vers le 6 mai, le flux des électrons serait très bas
apportant un temps assez frais pour la saison sur l’ensemble des régions ».
« du 7 jusque vers le 15 globalement, tous les paramètres liés au soleil
seraient à la hausse ; les basses pressions domineraient encore le
pourtour méditerranéen mais reviendraient également sur l’Atlantique. Le flux pourrait
alors être de secteur Est-Sud-Est ramenant de l’air particulièrement instable
dans le Sud et l’Ouest en particulier. »
Je vois aussi que les sites de
météorologies nous annoncent, du moins pour le Sud où je suis, des jours
pluvieux les 20, 21, 22, 23 avril avec à peine 8° les 23, 24 ce qui correspond
exactement aux tous premiers saints de Glace, ceux qu’on appelle « les Cavaliers »,
Saint Georges le 23 et Saint Marc le 25, si bien connus notamment dans nos
Cévennes où commençait autrefois l’élevage des vers à soie. La pluie d’avril si
elle est attendue, fait couler le pollen des fleurs. « S’il pleut le jour de
Saint Marc, les guignes couvriront le parc » c’est à dire que les
cerises tomberont avant d’être mûres. « Quand Saint Marc nous trempe, adieu
les rentes ! » ; « S’il tombe de l’eau à la saint Marc,
il n'est ni fri ni fra ». Quant
au 30 avril pour la saint Eutrope, jour de début de la Lune Rousse : «
Saint Eutrope mouillé, cerises estropiées. »
Il me faut ajouter encore que le
30 avril il y a une éclipse de soleil, et le 16 mai une éclipse de lune, soit
deux très mauvaises indications pour le temps sur cette lunaison redoutable qui
sera surtout sur le mois de mai. Les 16
et 17 mai il y aura aussi de grandes marées. Faut-il dire encore que les seuls
saints de glace que l’on site, en oubliant tous les autres sont les 11, 12 et
13 mai, et que au-delà le dernier de la série est saint Urbain le 25 mai « Urbinet
le pire de tous quand il s’y met, casse le robinet ». Perdu à la fin
du mois mais encore en lunaison de « Lune Rousse », en pays de vigne,
on promenait saint Urbain quand il faisait beau, et « on lui foutait le
cul dans les orties » quand il gelait. « Quand la saint Urbain est passée, le
vigneron est rassuré » ou « Après la saint Urbain, il ne gèle ni
pain ». Enfin nous sortirons de ces risques liés à la Lune Rousse «
A l’ascension dernier frisson », cette année le 26 mai.
Sur le registre du « c’est
déjà arrivé » ou « cela s’est déjà produit » je note
en 2000 vague de chaleur du 20 au 22 avril, en 2001 avril froid et pluvieux
avec même de la neige le 15 avril. 2002
avril est le 7e mois consécutif déficitaire en pluie, comme cette
année ! 2003 est très beau et chaud.
2004 avril est sec et froid. 2005 il neige à Grenoble et dans la Drôme et
l’Isère. 2006 coup de froid le 5 avril et aussi le 30 avril. Et je pourrais
continuer ces énumérations.
Comme l’an dernier et un
« ras le bol » que j’avais alors publié en lien avec « le
temps qu’il fait et des saisons, dictons fêtes et traditions » je voudrais,
tout en vous souhaitant de Bonnes Pâques et de profiter au maximum du temps
qu’il fait, vous mettre en garde. Oui il fait beau. Non le mauvais temps n’est
pas fini. Non tous ces changements de temps et ces décalages dans les saisons
ne sont pas uniquement liés au réchauffement climatique. Nos vieux dictons sont
là pour le prouver ! Non on ne peut pas commander au temps, et donc à quoi
sert-il de vouloir, par des règles administratives décréter que le printemps
commence désormais le 1er mars et l’été le 1er juin et
ainsi de suite. Non le changement d’heure et le passage à l’heure d’été, ce qui
est souhaité majoritairement, n’est pas la solution idéale car c’est la plus
éloignée de la réalité de la course du soleil. Oui c’est difficile par pure
décision administrative de dire que c’est la même heure à Budapest et à Brest. Non
je n’ai pas la prétention d’être un prévisionniste du temps !
Soyons modestes face au temps
qu’il fait et respectons la nature. C’est ça mon message et le message de fond de
mes chroniques. Oui faisons des efforts, mais soyons logiques. Ok pour les recommandations
du GIEC. Mais a-t-on fait une fois le rapprochement entre le coût global d’une
réunion du GIEC et l’efficacité des décisions qu’il préconise ?
Et que nos médias arrêtent de
faire du sensationnel et nous permettent par les informations qu’elles
diffusent d’avoir une vision à long terme. C’est leur devoir !
Ah oui c’est difficile ?
Comment voulez-vous, me diriez-vous, que nos médias, alors que ce we c’est la
fête et qu’il y a des vacances, nous disent qu’il va peut-être faire du mauvais
temps ?
Il faut positiver ! mais si
je positive trop j’ai deux barres au test Covid et j’entre donc dans un
contexte d’interdits très négatifs tels que ceux que la Secu vient de m’envoyer.
Pour m’en sortir il faut être négatif alors je pourrais positiver. Alors pour
sortir de cette parenthèse personnelle, et en guise de voeux de Bonnes Pâques,
je dis avec Aragon et Ferrat : « le poète a toujours
raison » !
Oui le temps, et rien d’autre !
comme l’écrit Charles Aznavour, avec ces paroles où on retrouve le temps de la
guerre, le temps des vacances, le temps des mensonges, le temps du mauvais
temps aussi :
Le temps et rien d'autre, Le
tien, le mien, Celui qu'on veut nôtre, Le temps passé, Celui qui va naître, Le
temps d'aimer, Et de disparaître, Le temps des pleurs, Le temps de la chance, Le
temps qui meurt, Le temps des vacances, Le temps glorieux, Le temps
d'avant-guerre, Le temps des jeux, Le temps des affaires, Le temps joyeux, Le temps des mensonges, Le
temps frileux, Et le temps des songes, Le temps des crues, Le temps des folies,
Le temps perdu, Le temps de la vie, Le temps qui vient, Jamais ne s'arrête, Et
je sais bien, Que la vie est faite, du temps des uns, Et do temps des autres, Le
tien, le mien, Peut devenir nôtre… Le temps, le temps, le temps !
Addisias
Jean
Mignot le 16 avril 2022