mardi 29 août 2023

31 août 2023, Pleine Lune, Super Moon, Lune Bleue, treize Lunes

 À propos de la 2e Pleine Lune du mois d’Août, Super Moon, Lune bleue et 13e Pleine Lune de l’an 2023

Le Pleine Lune de ce 31 août 2023 sera la deuxième Pleine lune du mois ce qui est un fait assez rare, ce sera une « Super Moon » et on l’appelle « la Lune Bleue ». Trois points importants pour cette lune qui nous amène une année de treize lunes avec son cortège de prédictions et de malédictions.

Il faut donner quelques explications.

Il est assez rare qu’il y ait deux Pleines Lunes dans un mois. La lune tourne autour de la Terre en 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2 secondes. C’est ce qu’on appelle une « lunaison ». Une année étant en moyenne de 365,25 jours, un simple petit calcul (une année divisée par la durée d'une lunaison) montre que l'on peut « caser » dans une année non pas 10, 11 ou 14 cycles, mais uniquement 12 ou 13.

13 lunes dans une année c’est rare !  enfin presque car cela se produit en moyenne tous les 2 ,7 ans. On a eu des années de treize lunes en 2009, 2012, 2018, 2020. Mais parle-t-on de Nouvelles Lunes ou de Pleines Lunes ?

Ainsi, en 2009, il n'y a que 12 Nouvelles Lunes. Mais il y a bien eu 13 Pleines Lunes. En 2012 il y a eu 13 lunes. En 2008 il n'y avait « que » 12 Pleines Lunes, mais 13 Nouvelles Lunes.

Les mois à deux lunes (pour qu'il y en ait treize) ne sont pas toujours les mêmes et couvrent presque tout le calendrier. Avec parfois des bizarreries. En 1999, il y a eu deux Pleines Lunes en janvier et deux Pleines Lunes en mars. Mais aucune lune en février. Même chose en 2018. Il s’agit là d’un simple rapport entre la durée du mois lunaire et celle du mois solaire. 365,25 jours de l’année divisés par les 29,5 jours du mois lunaire, ça ne peut pas tomber juste. Cette différence aura une conséquence curieuse en 2030. Cette année-là il y aura deux mois de Ramadan dans l’année !

Nous voici donc avec une deuxième Pleine Lune en ce 31 août. Ce sera une Super Moon c’est-à-dire qu’étant à son Périgée elle sera au plus près de la terre - 357292 km - et que donc nous allons la voir, surtout à son lever, beaucoup plus grosse qu’elle ne parait d’habitude. 14% de plus dit-on !

Il faut rappeler que la lune décrit autour de la terre une orbite qui est inclinée par rapport au plan de la terre et du soleil. On appelle ce plan, écliptique.  Il faut imaginer ce plan horizontal. L’orbite de la lune est donc tantôt au-dessus et tantôt au-dessous. À chaque fois que l’orbite de la lune coupe ce plan il y a ce qu’on appelle un nœud lunaire. Chaque passage à un nœud lunaire, montant ou descendant, est toujours un moment sensible notamment pour les plantes et pour les changements de temps. C’est cette courbe lunaire qui permet de dire que la lune est « montante » ou « descendante ». C’est cette position de la lune qui est importante pour les agriculteurs, non pas tellement à cause du rayonnement de la lune, qui n’en a pas, mais à cause des indications que cela donne. Concrètement on voit la lune dans le ciel plus haut ou plus bas sur l’horizon.

Pour rendre l’explication plus claire ou plus complexe, la lune présentant toujours la même face à la terre, elle n’est pas toujours éclairée de la même façon par le soleil. Son image visible passe du simple croissant en forme de C renversé (un D) puis à un cercle bien rond et ensuite à un C, jusqu’à ne plus être éclairée et invisible, en Vieille Lune ou en Nouvelle Lune. Sur nos calendriers c’est le gros point noir. La lune croit et décroit mais quand son croissant a la forme d’un C elle est en train de décroître. La lune ment.  Entretemps, de la Pleine Lune au croissant, elle a une forme de ballon dégonflé. On appelle cette phase, la « lune gibbeuse » c’est-à-dire  « bossue ».

Il y a enfin un 3ème élément dont il faut tenir compte c’est que cette orbite de la lune autour de nous, n’est pas régulière. La lune s’éloigne de la terre jusqu’à plus ou moins 406000 kilomètres, jusqu’au point le plus éloigné, c’est-à-dire l’apogée. Puis se rapproche de nous jusqu’à des distances proches de 356000 km jusqu’au point le plus proche c’est-à-dire le périgée.

C’est quand il y a la correspondance entre les nœuds lunaires et l’écliptique que se produisent les éclipses. Ce n’est pas le cas cette fois, mais la lune, ce 31 août va être à son périgée le 30 août à 15h54 TU et donc quand elle va se lever elle sera très grosse et très belle sur l’horizon, bien qu’elle n’atteigne le cercle parfait de Pleine Lune qu’à 1h35 TU dans la nuit du 31 août, soit 3h35 à Paris.

Nous pourrons assister au spectacle si le temps est bien dégagé vers 20h52 ce soir, et encore demain soir à 21h11 avec quelques minutes de décalage selon les horaires donnés par le calendrier du facteur.

Voilà pour les conditions du spectacle. Nous serons alors en lune montante, bien qu’à partir de ce 31 la lune va décroître. Encore une complexité de la situation. Elle est montante et elle décroit ! On a du mal à s’y retrouver ! J’ai souvent expliqué les conséquences de cette complexité du cycle lunaire notamment sur les plantes, sur le temps et sur les hommes !

Il faut encore dire que, précisément ces jours de fin août, de pleine lune et de spectacle, il y aura des grandes marées au coefficient de plus de 100 jusqu’au dimanche 3 septembre. Autre spectacle sans nul doute, mais plus dangereux que celui d’observer la lune.

C’est ce passage à la Pleine Lune qui correspondant à quelques heures près au périgée, fait que cette lune du 31 août est dite Super Moon. Il y en a déjà eu plusieurs Super Moon cette année et il y en aura encore une le 29 septembre prochain

Mais pourquoi appelle -t-on cette lune du 31 août 2023, « Lune Bleue ». L'adjectif « bleu » ne signifie pas pour autant que la lune prendra une teinte particulière lors du phénomène. Ce n'est pas un terme scientifique, mais une transcription d'une expression populaire en anglais. Ce terme viendrait de l'expression anglaise « blue moon ».

L'origine n’en est pas connue ! Son plus ancien usage attesté se trouve dans un dépliant de 1528 attaquant violemment le clergé britannique intitulé Rede Me and Be Not Wrothe : « If they say the moon is blue / We must believe that it is true » (« s'ils prétendent que la lune est bleue, nous devons croire que c'est vrai »). Même après beaucoup de réformes, on peut encore, voire de plus en plus, constater aussi chez nous que cela reste d’actualité !  

Le terme se retrouve dans l'expression anglaise « once in a blue moon », qui correspond à l'expression française « tous les trente-six du mois » et désigne quelque chose qui survient très rarement ou jamais.

L'utilisation du terme « bleue » résulterait d'une bourde dans un article du magazine américain d'astronomie amateur Sky and Telescope, en 1946. L'article en question s'intitulait « Once in a Blue Moon » et avait été écrit par le journaliste James Hugh Pruett qui avait mal interprété l'Almanach des agriculteurs du Maine de 1937. Et c'est ainsi que cette expression qui porte à confusion a fait le tour du monde en un rien de temps... !

Je ne pouvais pas laisser passer cet évènement exceptionnel du mois d’Août 2023, laissant un peu de côté les fêtes et saisons pour d’autres chroniques.

La Lune est l'un des principaux exutoires de nos fantasmes. Des comptines d'enfants aux poèmes des plus grands auteurs, la Lune est chantée sur tous les tons. Elle est mise à toutes les sauces. On dit que la Pleine Lune a une influence sur notre sommeil, sur le stress. On entend souvent dire que si le temps est détraqué, si l'été est « pourri» ou si le temps a changé après la Nouvelle Lune du 16 août et donc après le 15 août, après un printemps trop sec, cela donne des indications sur ce que sera le prochain hiver.. etc... C’est que nous sommes dans une année à 13 lunes. Les années de treize lunes ont mauvaise réputation.

Le cycle lunaire est un cycle complexe. Il se répète tous les dix-neuf ans, selon un cycle qu’on appelle « cycle de Méton », un mathématicien grec qui vivait aux environs de 432 avant notre ère. D’autres astronomes ont observé ces décalages, à quelques nuances près, comme Kidinnu, un chaldéen, vers 350 av. JC. Les écrits cunéiformes indiquent que ce cycle était déjà connu en Mésopotamie dès le VI e siècle av.JC et il était utilisé pour prédire les éclipses.

Tite-Live affirme que sous le règne de Numa Pompilius, quand avait conçu le premier calendrier romain (au VIIe siècle av. JC) on connaissait et utilisait le cycle de Méton : « Et tout d'abord il divisa l'année en douze mois, selon les révolutions de la lune. Mais comme la lune ne décrit pas des mois de trente jours, et que six jours (en réalité : onze jours) manquent à l'année décrite par la révolution du soleil, il ajouta des mois intercalaires de telle façon qu'à la vingtième année, la totalité des années étant écoulée, les jours aient la même position par rapport au soleil qu'au début. »

Il est plus que surprenant de voir que nous n’avons pas inventé grand-chose ! pas même nos machines sophistiquées. On observe sur le célèbre « cône de Berlin », daté de l’an 800 avant notre ère, des signes qui renvoient à des notions calendaires propre à un calendrier luni-solaire. De par ce caractère luni-solaire, on peut lire directement les intervalles de temps en unités lunaires ou solaires.

« La machine d’Anticytère » qui daterait du 3e siècle avant JC donne elle aussi des calculs permettant de calculer des intervalles proches du cycle de Méton.

Vous trouverez sur internet d’excellentes description de ces deux objets extraordinaires et mystérieux.

Je ne cite que pour mémoire, car bien plus récentes, les merveilleuses horloges astronomiques de nos cathédrales, Strasbourg, Beauvais, Bourges et d’autres !

Étonnant de voir que les hommes depuis les temps les plus reculés ont observé la Lune comme nous le ferons en ces soirées de fin août, en particulier ce soir.

C’est important de savoir, comme Monsieur Jourdain, quand il y a de la lune ou quand il n’y en a point. Mais je ne me lancerai pas dans des prévisions que d’aucun trouveraient fantaisistes. J’observe et je fais des constats qui souvent se répètent aux mêmes phases de la lune. Je lis dans un ouvrage spécialisé sur la lune : « Quand la Pleine Lune ou la Nouvelle Lune ont lieu au périgée, il y a souvent danger de perturbations, au moment de la grande marée… Ce fut le cas lors de la grande tempête des 26,27,28 décembre 1999. Autre exemple, le tsunami du 26 décembre 2004 a eu lieu le jour de la Pleine Lune du solstice d’hiver et l’apogée de la lune était le lendemain, le 27 décembre. » Curieux non ? Aux savants d'expliquer ! 

Puisque l'on ne peut pas demander à la Lune le temps qu'il va faire, il faut interroger la boule de cristal des prévisionnistes des services météorologiques. Selon les régions les prévisions changent. Il faudrait aussi parler du retour d’« el Niño ». Pour la première fois depuis sept ans, le phénomène El Niño s’est installé dans le Pacifique tropical, ouvrant la voie à une hausse probable des températures mondiales et à des perturbations des conditions météorologiques et climatiques. Selon le dernier bulletin de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il est extrêmement probable (à 90 %) que l’épisode El Niño se poursuive au cours du second semestre 2023. Nous l’avons constaté ! On s’attend à ce qu’il soit au moins de force modérée. Le bulletin de l’OMM regroupe des prévisions et des conseils d’experts du monde entier. « L’arrivée d’El Niño augmentera considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans », a déclaré M. Petteri Taalas, Secrétaire général de l’OMM. « L’annonce d’un épisode El Niño par l’OMM est un signal donné aux gouvernements du monde entier pour qu’ils se préparent à en limiter les effets sur notre santé, nos écosystèmes et nos économies », a-t-il poursuivi. « Les alertes précoces et les mesures d’anticipation des phénomènes météorologiques extrêmes associés à ce phénomène climatique majeur sont essentielles pour sauver les vies et les moyens de subsistance. » qui s'annonce.

Il faudrait parler de ce phénomène et l’expliquer un peu plus en détails. On en parle si peu dans nos médias.

Je voulais simplement avec ces explications un peu complexes, vous inviter à un spectacle gratuit et par ces quelques lignes vous faire regarder ce mois d’août d’une autre façon.

Adissias !

Jean Mignot le 30 août 2023


jeudi 17 août 2023

à propos de la sieste et des deux Pleines Lunes d'août

 

 

De la sieste et des deux pleines lunes d’août 2023

 

Le mois d’août reste celui de la période de canicule et tandis que les vacanciers, estivants ou autres personnes en congés, « les aoûtiens », ne pensent qu’aux baignades, fêtes et loisirs d’été en tous genres, sans oublier la sieste, le paysan s’active dans ses champs : « En août et en vendanges, il n’y a ni fêtes ni dimanches » car « qui dort en août dort à son coût ». En Cévennes chez moi, on dit : « passat lou 15 de agoust pas pus de dormido ni mai de goustarous ! » « Après le 15 août, plus de sieste ni de goûter ».

« Je suis Aoust auquel nul grant loysir

Ne doit prendre ne séjounre,

Mais faucher, fener par plaisir,

Mettre en grange, battre et venner… »

Il faut en effet que les travaux des champs reprennent bien vite et qu’il faille se garder des excès quand il fait trop chaud. Même la sieste est proscrite comme le conseille le Grand Calendrier des Bergers de Guiot-Marchand en 1496 dans ce quatrain.

De nombreux dictons donnent les mêmes recommandations : « En août quiconque dormira sur le midi s’en repentira ».  « Quand même la couche serait à ton goût ne dors pas sous le soleil d’août » ou encore : « En canicule point d’excès, en aucun temps point de procès.

La sieste est si bénéfique qu’on en parle de plus en plus et qu’on écrit même des livres pour en vanter les bienfaits. Alors voici une approche de la sieste « à ma façon ».

Sieste vient du latin « sexta » la sixième heure du jour, heure de prières dans les monastères et pour bien des croyants.

On distingue plusieurs types de siestes : la « sieste éclair » qui dure généralement entre 10 et 30 minutes — cette durée est d'ailleurs généralement conseillée car au-dessus de 30 min de sieste il est assez difficile de revenir rapidement à l'état d’éveil ; la "sieste royale" à partir d'une heure ; la « micro-sieste » qui dure moins de 5 minutes. La sieste permet de regagner de la concentration et de l'énergie, et met de bonne humeur. Il est tout de même conseillé de ne pas commencer à faire la sieste après 16 h pour ne pas avoir d'effet négatif sur la nuit suivante.

La sieste est couramment pratiquée dans les pays chauds, aux heures les plus chaudes lorsque le soleil est au zénith : la chaleur ne permet pas d'activité très physique et le travail est remis aux heures plus fraîches.

Les « parisiens » et autres gens du Nord, considèrent souvent la sieste comme un « luxe », un temps volé au temps de travail ou à d'autres activités ou même associé à la paresse, alors que le premier objectif de la sieste, c’est d’échapper à la chaleur écrasante : ne pas se fatiguer davantage quand le thermomètre grimpe trop haut. Climatisation aidant ils débarquent chez vous sans tenir compte de ces heures ou le repos est « sacré ». Ne leur proposez pas d’arriver chez vous dans l’après-midi. Ils vont arriver entre quinze et seize heures ! il faut les inviter à l’apéro mais pas avant 19h ! …

« La sieste est pratiquée tout autour de la Méditerranée : en Égypte, en Grèce, au Moyen-Orient », raconte l’historien et écrivain Robert Colonna d’Istria, « et je constate que c'est là qu'est née la civilisation et les plus grands empires." …

En Provence et chez nous c’est la siesta, ou la dormido (prononcer « dourmido » ; ou le «  pénéquet » un  petit somme à la provençale, un de ces symboles de l'art de vivre en Provence, associé au soleil, au jeu de boules et au pastis ! Bien que cela ne soit pas réservé aux habitants de la Provence, ce moment magique prend toute son importance dans notre région, d'autant plus lorsque la chaleur devient de plus en plus accablante. Comment résister, après une bonne matinée passée à la pétanque, sport traditionnel populaire, après un apéritif bien arrosé de "petit jaune», suivi d'un bon repas, comme l'aïoli par exemple - qui demande toute l'énergie possible pour réussir une bonne digestion -  à l'appel d'un petit pénéquet ? C'est la question que se posent tous les provençaux lorsqu’après le repas, le silence en devient imposant, seulement interrompu par le chant des cigales. C'est alors le moment de se glisser sur une chaise longue, à l'ombre des grands arbres ou encore derrière les volets croisés d'une maison contenant encore la fraîcheur de la nuit précédente ! Le pénéquet est à présent en train de gagner les esprits et de plus en plus de partisans d'une sieste qui deviendrait obligatoire se font entendre, louant les bienfaits d'un petit somme d'un quart d'heure par jour afin d'améliorer la mémoire, les jugements ainsi que la créativité de tous. Alors ne dénigrons pas cet instant sacré !

De là à faire l’éloge de cette pratique, il n’y a qu’un pas !

Un ancien président de la république a préfacé le livre de Bruno Comby : « Eloge de la Sieste ».

 

« C'est avec un peu d'étonnement que j'accueillais la proposition de Bruno Comby d'écrire une préface à son "Éloge de la sieste", un peu d'amusement aussi, car je gardais en mémoire les recettes de Monsieur Comby pour mieux vivre : en particulier, ses préparations culinaires à base d'insectes, paraît-il délicieuses, à la tentation desquelles j'avoue, à ma grande honte, n'avoir pas encore cédé...
Mais, à bien y réfléchir, partant de mon expérience de la sieste, de tout ce qu'elle m'apporte et de tout ce qu'elle m'autorise dans mon emploi du temps, cette idée d'un ouvrage qui serait, à la fois, un encouragement à pratiquer la sieste et un mode d'emploi m'a finalement conquis. A condition, toutefois, d'être bien comprise.

Et ce n'est pas facile chez nous où le fait d'évoquer le repos suscite souvent la plaisanterie. Il n'est qu'à se rappeler combien notre humour populaire aime à railler la sieste et ceux qui la pratiquent. On continuera, longtemps sans doute, à sourire de la prétendue paresse des latins qui observent, depuis la plus haute antiquité, cette pause des débuts d'après-midi où la chaleur rend toute activité pénible. Pourtant, comme il est maladroit de confondre sommeil et paresse !

Le repos est une affaire sérieuse, dont la qualité conditionne notre existence. De nombreuses religions ont sacralisé le sommeil dont Charles Péguy écrivait qu'il est "l'ami de Dieu [et] de l'homme". Les anciens savaient que la clé des songes est aussi celle de l'équilibre et du bonheur, et recommandaient la pratique de la sieste.

Il est de fait qu'elle facilite grandement la vie de ceux qui la pratiquent régulièrement, soit qu'elle les repose, tout simplement, soit encore, je peux en témoigner, qu'elle leur octroie, pour travailler, les extraordinaires créneaux d'efficacité intellectuelle de la nuit.

Parmi nos illustres contemporains, André Gide, qui en était le fervent adepte, avouait lui consacrer deux heures quotidiennes, parfois plus, et en tirait une grande satisfaction.

Il y a des raisons biologiques à cela, et Bruno Comby s'emploie à les analyser avec toute sa rigueur scientifique, en bousculant au passage, comme il en a l'habitude, quelques idées reçues.

Non, la sieste n'hypothèque pas le sommeil nocturne. Au contraire, l'auteur conseille de fractionner le sommeil, pour obéir aux rythmes naturels de l'organisme qui pourra ensuite se contenter de nuits écourtées.

Oui, la sieste est une recette d'équilibre à la portée de tous, quand on sait qu'un seul quart d'heure de bon repos suffit pour réparer les plus grandes fatigues.

Plus qu'un éloge, le livre de Bruno Comby sera le précieux partenaire de tous les hommes et de toutes les femmes pressées qui pensent qu'une journée de vingt-quatre heures est trop courte, et pour les autres, un guide vers de nouveaux horizons d'équilibre et de détente véritable. » Jacques Chirac

Thierry Paquot, dans son essai : « L’art de la sieste », met l’accent sur la maîtrise du temps et la reconnaissance d’un temps à ne rien faire d’autre que… dormir ! « Laissez-vous aller, allongez-vous, ne résistez pas à l’appel de la sieste, à ce plongeon voluptueux dans le sommeil diurne ! Dormez, rêvez, rompez les amarres avec la rive du quotidien chronométré ! Décidez de votre temps, siestez ! »

Alphonse Daudet dans plusieurs de ses œuvres et bien sûr dans les « lettres mon moulin » décrit ce moment de la journée où tout est calme, les routes et rues désertes, volets fermés… Par exemple dans « les deux auberges » :

« C’était en revenant de Nîmes, une après-midi de juillet. Il faisait une chaleur accablante. À perte de vue, la route blanche, embrasée, poudroyait entre les jardins d’oliviers et de petits chênes, sous un grand soleil d’argent mat qui remplissait tout le ciel. Pas une tâche d’ombre, pas un souffle de vent. Rien que la vibration de l’air chaud et le cri strident des cigales, musique folle, assourdissante, à temps pressés, qui semble la sonorité même de cette immense vibration lumineuse… Je marchais en plein désert depuis deux heures »…

A Cucugnan, ce village d'Occitanie, en Roussillon et non en Provence, bien connu pour son curé, le village a pris l’initiative de créer un lieu dédié à la sieste…Au pied du château de Queribus c’est un espace de repos, d’observation et de sensibilisation au patrimoine naturel environnant.

Le Pont du Gard, le lundi de Pâques, propose une « sieste musicale » moment où on oublie notamment les tracas qui envahissent la vie quotidienne.

En Espagne, les horaires des bureaux laissent aux Espagnols le temps de faire la sieste : ils reprennent le travail dans l’après-midi, vers 15 ou 16 heures. En revanche, ils finissent plus tard, entre 20 heures et 21 heures. Le gouvernement essaye sans succès de modifier cette habitude peu conforme aux exigences de la mondialisation : les horaires des fonctionnaires pourraient désormais finir à 18 heures. L’État espère ainsi inciter les entreprises à suivre la même voie.

En Chine, le droit à la sieste est inscrit dans la Constitution de 1948, article 49 : « Ceux qui travaillent ont droit à la sieste ».

Au Japon, de nombreuses entreprises japonaises ont aménagé dans leurs locaux des espaces destinés à la sieste plus ou moins forcée de leurs employés.

Dans les pays plus froids, la sieste est moins courante. Les enfants en bas âge ont souvent besoin d'un tel moment de repos, au moins sous la forme d'un « temps calme » organisé dans les structures d'accueil (écoles, centres de loisirs ou de vacances). 

Nous pourrions chanter avec Fernandel : « Le tango Corse, c'est un tango conditionné / Le tango Corse, c'est de la sieste organisée / (...) Le tango Corse, c'est l'avant-goût de l'oreiller », avec toute la lenteur voulue.

Françoise Hardy elle aussi nous invite à ce temps de repos :

« Et si tu mettais Le répondeur, C'est mieux que les boules Quiès

T'as pas remarqué que c'est l'heure de faire la sieste...

T'agiter trop tôt serait une erreur, t'as besoin de repos... »

La sieste nous a laissé au moins trois mots étroitement liés à sa pratique.

Le "radassier"; cette sorte de canapé à structure de bois et à assise de paille, à trois places ,  peu confortable.« Radasser » c’est « se reposer »  du verbe radassa  dans les parlers du Midi.

« La méridienne » terme surtout employé pour désigner un fauteuil plus confortable sur lequel on se repose ; un canapé à deux chevets de hauteurs inégales qu’on a baptisé « récamier » à cause du célèbre portrait de David, et dont la partie basse peut être rabattue à l’horizontale.

Le « sofa » sorte lit de repos à trois dossiers qui sert de siège, et que l'on confond souvent avec un canapé. « On appelle un sofa une espèce de lit de repos à la manière des Turcs ».

Et autres « chaises longues » et « transat ».

Différents auteurs ont parlé de la sieste ou décrit ce moment privilégié. Les peintres nous en ont laissé des tableaux célèbres : Van Gog, mais aussi Millet et Pissaro.

 

Nous étions en Nouvelle Lune le 16 août, moment où la nuit est noire, favorable à l’observation des Etoiles. Ceux qui pour la Nuit des étoiles s’étaient placés dans des points d’observation loin des lumières des villes ont pu voir les fameuses Perséides ou « Larmes de Saint Laurent » Ce sont une pluie d'étoiles filantes visibles dans l'atmosphère terrestre, issue de débris aussi gros qu'un grain de sable de la comète Swift-Tuttle, une comète découverte officiellement par Adolphe Quetelet.  On trouve des traces de premières observations de ces étoiles filantes sous Jules César et sous Auguste, mais ce n’est qu'entre 1864 et 1866 qu'il est établi une relation entre les Perséides et la comète dont la pluie d'étoiles filantes est issue. Ces météores sont observables lorsque les débris de Swift-Tuttle rencontrent l'atmosphère terrestre, soit dès la fin du mois de juillet jusqu'au 11 août. C'est l'essaim le plus spectaculaire et le plus populaire de l'année, étant donné qu'il se produit, pour l'hémisphère nord, lors de la période estivale.

En 42 av JC au moment où Auguste faisait célébrer les Ludi Victoriae Caesaris, des jeux en l'honneur des victoires de César voyant passer une de ces étoiles filantes on décréta que c’était l’âme de Jules César qui regagnait le ciel et les dieux et à partir de ce moment-là on ajouta aux autres noms d’Auguste « Caesar Divi Filius ».

Nous sommes en lune descendante, c’est-à-dire que sa position au-dessus de l’horizon est de plus en plus basse, alors que c’est une lune « croissante » qui passe d’une fin croissante à un cercle total, celui de la Pleine lune qui se manifestera le 31 août. Attention ! la lune ment. Ce n’est qu’au début septembre qu’elle aura l’apparence d’un C alors qu’elle décroit.

Vous avez observé comme moi le changement de temps intervenu aux alentours du 16 et de la Nouvelle Lune ! Nous sommes dans une bonne période pour faire des boutures. Il est recommandé de tailler les rosiers ayant fleuri et de les rabattre à cinq nœuds.

Cette Pleine Lune du 31 août est « triplement » remarquable. Au-delà d’être une « super moon » c’est-à-dire parmi les lunes de l’année, une des plus proches de la terre, ce qui donne l’apparence, surtout à son lever, d’un astre plus gros que d’habitude. Cette Pleine Lune sera la deuxième Pleine Lune dans le même mois, c’est plus rare. Il s’agit là d’un simple rapport entre la durée du mois lunaire et celle du mois solaire. 365,25 jours de l’année divisés par les 29,5 jours du mois lunaire, ça ne peut pas tomber juste. Cette différence aura une conséquence curieuse en 2030. Cette année-là il y aura deux mois de Ramadam dans l’année.

Pour nos Anciens., la treizième lune a toujours été signe d’une mauvaise année. Je vous laisse déduire ce que vous voulez à partir de vos observations et de ce qui se passe autour de nous, notamment en France, tant au niveau du temps que pour les évènements que nous vivons.

On appelle cette lune : « lune bleue ». L'adjectif « bleu » ne signifie pas pour autant que la lune prenne une teinte particulière lors du phénomène. Ce n'est pas un terme scientifique, mais une transcription d'une expression populaire en anglais. Ce terme viendrait de l'expression anglaise « blue moon ».

L'origine n’en est pas connue ! Son plus ancien usage attesté se trouve dans un document de 1528 attaquant violemment le clergé britannique intitulé Rede Me and Be Not Wrothe : « If they say the moon is blue / We must believe that it is true » (« s'ils prétendent que la lune est bleue, nous devons croire que c'est vrai »).

Le terme se retrouve dans l'expression anglaise « once in a blue moon », qui correspond à l'expression française « tous les trente-six du mois » et désigne quelque chose qui survient très rarement ou jamais.

Au Québec, on entend souvent dire que le terme anglais « Blue moon » (lune bleue) serait lui-même une déformation du terme français « double lune ». Des anglophones auraient pris le mot « double » pour « the blue » en anglais, et auraient depuis utilisé ce terme pour désigner la deuxième pleine lune du mois.

 

Je ne pouvais pas laisser passer cet évènement exceptionnel du mois d’Août 2023, laissant un peu de côté les fêtes et saisons pour d’autres chroniques. Et vous pouvez toujours relire mes chroniques des années précédentes car les fêtes, elles, n’ont pas suivi le décalage de la course lunaire.

Je souhaitais par ces quelques lignes vous faire regarder ce mois d’août d’une autre façon. Adissias !

                                                          

Jean Mignot le 17 août 2023

 

 

Jean Mignot 

le 17 août 2023