mardi 5 décembre 2023

Pour la saint Nicolas 2023

 

         En la Veille de la Saint Nicolas 2023

Ce soir en revenant d’Uzès, sur la route toute droite qui me ramène à Cruviers, juste après le rond-point dit désormais « de Mayac », vous savez : ce fameux rond-point pourtant si utile mais qui gâche à jamais la belle perspective de cette belle route toute droite bordée de platanes centenaires, juste à la hauteur où s’élèvent sur le côté, un collège, un gymnase et un lotissement dont la couleur des murs blanche  surprend dans un pays où tout est ocre, doré par le soleil, j’ai rencontré un vieux monsieur avec son âne qui marchait péniblement vers la cité ducale, emmitouflé sous une grande cape pour se protéger du « mistral » qui a balayé les nuages amenés hier par le « marin ».  

La « foire aux mulets » qui avait lieu au Portalet , près de la Fontaine des Abreuvoirs, au mois de novembre, ayant désormais disparu de nos calendriers je me demandais qui était ce retardataire. Curieux je me suis approché.

« Bonsoir Monsieur ! » L’homme releva la tête.  « Oh !..euh !  pardon ! - sous sa grande cape et sa capuche, je venais de découvrir un vieux monsieur barbu, vêtu tout de rouge et blanc, avec une mitre sur la tête- Bonsoir Monsieur Saint Nicolas ! » C’était en effet saint Nicolas ! Eh oui, demain c’est sa fête. Il m’expliqua qu’il allait à Uzès, pour voir s’il aurait plus de chance dans ce pays de « parpaillots » que dans son Nord d’origine, car les médias ayant fait leur travail de désinformation avec la fête d’Halloween, et le pères « Noël » vert ou rouge pullulant ici et là à grand renfort de décorations et autres, sa réputation en avait pris un sacré coup. Même la télévision nationale n’a pas parlé de lui ce soir !

Peut-être qu’à Uzès, « premier duché » de France, ancien évêché… « Tout se perd mon brave Monsieur, tout se perd.. peut-être qu’à Uzès.. pays de tradition, secteur « sauvegardé ».. peut être que ».. !

Après notre court échange, le saint homme a repris son chemin sur la montée de Mayac., poussé par le vent.

J’ai cru l’entendre parler. A qui diable (sic !) parlait-il puisque il était seul ? et en tendant l’oreille, j’ai même entendu une voix qui lui répondait. Si, si je vous assure !

Intrigué, j’ai fait un demi-tour avec ma trottinette et je me suis approché le plus possible, discrètement. Saint Nicolas dialoguait avec son âne !

 

Grâce aux techniques modernes et à mon téléphone portable aux multiples fonctions j’ai pu enregistrer, avec son autorisation, ce dialogue.

 

Le Vénérable évêque a bien voulu m’en autoriser la diffusion. Il a même paru assez satisfait de savoir, que par mon intermédiaire, ses paroles parviendraient aux oreilles de quelques-uns. « Ce sera toujours ça de pris » dit-il !

 

Enfonçant mon bonnet sur mes oreilles, je suis vite reparti sur ma trottinette pour vous diffuser sans tarder ce document. Mais n’avais-je pas rêvé ? J’ai freiné, suis reparti en arrière… plus rien sur la route à l’horizon. Il avait disparu. Il ne me reste plus que ce texte que je viens de m’empresser de retranscrire à votre intention :

 

«- St Nicolas : Mon bon âne vous m’inquiétez. Vos oreilles ne sont plus vers le ciel dressées et votre poil est tout hérissé. Votre santé serait-elle affectée ? votre picotin serait-il diminué ?

-L’âne : Je n’ai plus faim. Je n’ai plus goût à rien.

-St Nicolas : Et peut-on connaître, cher âne, la cause de ces langueurs ? Auriez-vous quelque chagrin ? M’auriez-vous caché quelque souci ?

-L’âne : Il s’agit, Monseigneur, de ce que vous ne devinez pas ce qui se dit autour de vous. Je sais bien, Monseigneur, que vous ne pouvez pas comme vos collègues d’en bas vous présenter en clergyman bien que cette tenue redevienne à la mode avec nos jeunes curés plus que jamais traditionalies. Ce ne serait plus vous. Mais avec votre haute taille, votre mitre dorée et votre crosse tapant sur le macadam, vous ne pouvez pas écouter ce que les gens disent. Tandis que moi qui trottine à leur niveau, j’entends très bien ce qu’on raconte aujourd’hui sur notre compte à nous deux.

-St Nicolas : Ah ! et qu’est-ce que nos pieux fidèles racontent ?

-L’âne : D’abord, ils ne sont plus ni pieux ni fidèles. Ensuite, sauf votre respect, Monseigneur, ils racontent une énormité : Ils prétendent avoir lu dans les journaux que sur la liste des Saints, votre nom- je vous demande pardon- aurait été rayé.

-St Nicolas : Mon bon âne, vous avez mal lu votre journal. Le calendrier liturgique revu et corrigé depuis Vatican II  comportait en effet de gros changements. Mais pas celui-là.

-L’âne : Eh depuis quand donc ces changements ?

-St Nicolas : Depuis un décret signé le 14 février 1969 à Rome par notre bon Pape Paul VI, mais dont beaucoup de journalistes ont parlé sans jamais l’avoir lu.

-L’âne : Et qu’est-ce qu’il y avait dans ce décret ?

-St Nicolas : Dans ce décret, il y avait des dégagements, des regroupements, des déménagements, et hélas, des enterrements.

-L’âne :, Monseigneur, qu’est-ce que vous entendez par dégagements ?

-St Nicolas : C’est expliqué par un texte du Concile : « Pour que les fêtes des saints ne l’emportent pas sur les fêtes qui célèbrent les mystères mêmes du salut, le plus grand nombre d’entre elles seront laissées à la célébration de chaque église, nation ou famille religieuse particulière. »

Ainsi du mois de Mai qui comportait jusqu’à 22 fêtes de saints obligatoires, on en a « dégagé » 17, y compris nos célèbres « Saints de Glace » Pancrace, Servais et Mamert ont disparu, bien que Mamert, évêque de Vienne, soit à l’origine des fameuses prières des Rogations qui ont été remise dans l’actualité à cause de nos périodes de sécheresse. Certes on y gagné la Sainte Estelle qui tient tant à nos félibres. Mais cette réforme à permis de bien mettre en valeur le temps de l’Ascension et de la Pentecôte.

-L’âne : Ca je comprends. Mais, Monseigneur, que voulez-vous dire par « regroupements » ?

-St Nicolas : Mon âne, vous avez lu dans les journaux que St Gobain et Pont à Mousson se « regroupaient » , tout comme Francetélécom, Veolia et bien d’autres.  Cette méthode de concentration industrielle, l’Eglise l’applique désormais dans son calendrier. Ainsi par exemple, Michel, Gabriel, et Raphaël, les trois archanges, sont regroupés dans un seul jour de fête unique : le 29 septembre par la fête de Archanges.

-L’âne : Et qu’entendez-vous par « déménagements » ?

-St Nicolas : Il y a les déménagements proprement dits par souci historique. Ainsi Saint Vincent de Paul étant mort le 26 septembre 1660, on le fête désormais ce jour-là exactement et non plus le 19 juillet comme jadis.

Mais il y a surtout des aménagements par souci géographique. Si au IV e siècle, l’Eglise était localisée autour de la seule Méditerranée, aujourd’hui elle doit être partout. On laisse donc aux Eglises d’Asie ou d’Afrique le soin d’honorer leurs saints en priorité sur les saints latins du Moyen Age. Bien entendu les fêtes de la Sainte Vierge ou de Saint Pierre restent immuables partout. Ainsi de nouveaux saints sont apparus dans nos calendriers. Y compris des noms curieux sur les calendriers du facteur. D’ailleurs désormais nos chaines de télévision ne disent plus désormais, demain « nous fêtons la saint… »  C’est une adaptation à l’actualité, au titre d’un soit respect de la laïcité !

-L’âne : Et vous ne parlez pas des « enterrements ».

-St Nicolas : Hélas, il faut bien aborder ce pénible sujet. J’avais d’ailleurs depuis longtemps quelques appréhensions. Si mes parcours célestes me donnent la joie de fréquenter mes compagnons d’auréoles, j’étais par contre étonné de ne jamais rencontrer celui que les humains appellent Saint Christophe, par exemple.

Or, sur Christophe fêté en juillet ou sur Catherine d’Alexandrie, dont on parle surtout à cause des plantes et arbres qui prennent plus facilement racine après le 25 novembre, on ne possède pas vraiment de document historique ; «  Ils ont été supprimés du calendrier général. L’Eglise a estimé que le peuple chrétien ne peut être invité à une prière officielle que dans la vérité »

-L’âne : Et nous alors ?

-St Nicolas : Nicolas est maintenu au nouveau Calendrier Romain Général. Seulement, je rentre dans la catégorie des saints « localisés », c'est-à-dire que mon culte n’est obligatoire que dans les régions qui me sont depuis toujours fidèles, la Lorraine par exemple.

-L’âne : Et Rome alors, nous n’irons plus à Rome ?

-St Nicolas : Si cher âne. Vous savez bien qu’à deux pas de la magnifique Place Navone, nous sommes attendus à l’Eglise Saint Nicolas des Lorrains.

Et notre tournée de Décembre se terminera en cette chapelle traditionnelle près une visite à la « Befana » des enfants romains.

-L’âne : Et le Père Noël ?

-St Nicolas : Cher âne, le Père Noël, sans origine historique, sans aucune base religieuse est mort et enterré. Mais moi, avec les prisonniers que j’ai délivrés, avec les enfants que j’ai sauvés, avec mes sanctuaires d’Asie Mineure et d’Italie et de Rhénanie, je suis vivant et survivant. Aussi mon cher âne, n’écoute plus ces porteurs de faux bruits.

-L’âne : Je leur dirai que ce sont des âneries.

-St Nicolas : Je ne te le fais pas dire. Amen »

Une partie de ce texte est une parodie, en forme de clin d’œil d’un texte de Jean Rodhain qui fut mon « patron » et a été publié après sa mort, dans «  Derniers Messages ».

En mémoire de quelques saint disparus du calendrier, et de quelques traditions qui se perdent, pour votre plaisir et le mien, en guise d’introduction aux prochaines fêtes de Noël !.

 

Bonne Saint Nicolas 2023

                                                                            Jean Mignot

                                                                                5 décembre 2023

 

 

vendredi 1 décembre 2023

du mois de décembre 2023

 


de décembre 2023

Décembre 2023 nous tend un piège et nombreux sont ceux qui sont « tombés dans le panneau », selon une expression dont on ne sait plus très bien les origines. Dès le XIIIe siècle, pendant les chasses, un « panneau » était un filet ou une étoffe tendue de manière à y prendre le gibier, sans avoir besoin de l’approcher et donc sans l’effrayer. C'est donc simplement de ce piège qu'est d'abord née l'expression "tendre un panneau (à quelqu'un)" avant que notre expression apparaisse. Depuis, on emploie cette expression pour dire qu'une personne s'est fait piéger sans s'en rendre compte.

En l’approche de cette fin d’année où les promesses de tout changer fleurissent à tous les coins de rue, d’où qu’elles viennent, il est très facile de « tomber dans le panneau » en portant crédit à un peu n’importe quoi : «  et puis la télé l’a dit ! » même si on ne l’a pas entendu soi-même. Ce mois de décembre avec son actualité s’inscrit bien dans cette expression… à moins que les promesses soient enfin tenues !

C’est ainsi que plusieurs d’entre nous sont tombés dans le panneau avec ce mois de décembre 2023. Ce mois a en effet 5 samedis, 5 dimanches.  Et chacun y va de la retransmission de ce message aux copains en signalant ce fait extraordinaire qui ne se reproduira pas avant 823 ans (ou parfois seulement 623 ans !). Or cela n’a rien d’exceptionnel. C’est ce qu’on appelle un hoax ou un canular informatique, une farce si vous préférez, ou pire un piège visant seulement à tenter de copier vos adresses internet à d’autres fins pas toujours très correctes.

Ce piège s’appelle un « sac d’argent ». Nombreux sont ceux qui se sont crus obligés de transmettre cette information, pensant écrire quelque chose d’extraordinaire sans vérifier sa véracité.

Les « sacs d’argent » c’est une croyance mystérieuse qui nous vient d’une vieille tradition chinoise : le Feng Shui. Une croyance mystique selon laquelle l'environnement peut influer sur la circulation de l'énergie vitale, une sorte de géomancie, art divinatoire très ancien, très prisé chez les Egyptiens, chez les Perses et chez les Chinois !  

Selon cette mystérieuse et ancienne tradition il faut partager le message ou l’image pour recevoir de l’argent dans les cinq prochains jours. Le Feng Shui existe depuis au moins 3000 ans

Ni réalité, ni même mythe. Tout ceci est simplement un ramassis de bêtises.

Pour ajouter du piment à la communication de ce soi-disant phénomène remarquable, on nous met en garde : « si vous ne partagez pas l’image, vous aurez des problèmes financiers le reste de l’année ». Plus qu’à d’autres moments en cette fin d’année nous sommes plus sensibles aux « prévisions » pour la nouvelle année désormais très proche.

Depuis 2012 ce type de message circule de façon de plus en plus répétée. Imaginez si vous ne le transmettez pas, combien de temps devrez-vous attendre avant de pouvoir le partager de nouveau ? 623 ans ? 823 ans ?

Or tout mois de 31 jours commençant par un vendredi possède 5 vendredis, 5 samedis, 5 dimanches. Depuis 1900, il y a eu par exemple 16 mois de juillet commençant par un vendredi. Donc rien de bien exceptionnel. De plus, en 2023 décembre n’est pas le seul à avoir ses 5 samedis et 5 dimanches ! Il y a eu janvier, avril et juillet. Personne n’a rien dit !

En 2024 il y aura 5 samedis et 5 dimanches, en mars et en juin, 5 samedis en août et novembre et 5 dimanches en septembre et décembre !  

Allons… un peu de jugeote ! un peu de bon sens ! Il est vrai que, comme l’écrivait Descartes : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices, aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup d’avantage, s’ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s’en éloignent » — (René Descartes, Discours de la méthode, La Haye, 1637)

Je voulais donner cette rapide explication parce que, comme vous peut-être, j’ai reçu un mail de bons amis m’informant du soi-disant côté exceptionnel de ce mois de décembre 2023.

Voilà donc une particularité de ce mois de décembre 2023, pas si particulière ou exceptionnelle que ça !

Autre particularité pour ce mois de décembre où l’on voit fleurir à l’approche de Noël l’expression « période calendale » si riche en traditions et en coutumes de toutes sortes.

Or « calendale » vient des calendes bien sûr mais selon le calendrier « romain » il y a des calendes tous les débuts de mois ! Pourquoi donc se référer aux calendes spécifiquement pour cette période de fin d’année ?

Les calendes n’existaient comme on le sait bien, que chez les Romains. C’était le premier jour du mois et c’était le moment où les pontifes faisaient connaître les jours fériés ou chômés, mais aussi les échéances pour les impôts et autres taxes. L’occasion m’est trop belle en ces périodes où « on » nous promet tout ou rien ou n’importe quoi, de rappeler cette expression « renvoyer aux calendes grecques » « ad kalendas graecas » c’est-à-dire à jamais, puisqu’il n’y a pas de calendes dans le calendrier grec. On le sait bien, quelle que soit l’appartenance politique ou partisane, on ne peut pas, ou on ne veut pas, tenir tout ce que l’on va nous annoncer pour 2024. La prochaine année sera une année faste pour cela !

Quelques autres proverbes ont la même signification : « la semaine des quatre jeudis » ( mais désormais c’est le mercredi qu’il faudrait dire ! ) ;  «  à la saint glinglin » ; ou encore « quand l’enfer gèlera » ce qui serait la traduction d’un dicton anglais «  when hell freezer over » .  En Espagne on trouve « cuando las ranas crien pelo » : « quand les grenouilles auront du poil » ; et dans certaines régions de France on disait vers les années 1884 : «  quand les poules pisseront », mais pour rester plus correct on dit «  quand les poules auront des dents ! »

En anticipant sur les discours que nous allons inévitablement entendre en fin de mois je vous invite à relire cette maxime de La Rochefoucault car je trouve dans son expression une bien grande sagesse pour les temps qui courent : «  Nous promettons selon nos espérances et nous tenons selon nos craintes ». Quant au grand  Vauvenargues il écrivait  «  On promet beaucoup pour se dispenser de donner peu ». Toujours d’actualité. Restons prudents comme nous y invite Montesquieu « Vérité dans un temps, erreur dans un autre » et suivons le conseil de Cervantès « Il faut donner du temps au temps !» , citation dont se sont accaparés d’autres hommes politiques et non des moindres !

 

Et en ce mois de décembre les sujets de chroniques sont nombreux et je laisse de côté les si célèbres Sainte Barbe et Saint Nicolas avec leur cortège de traditions « calendales » dont je vous en ai entretenu si souvent.

Je voudrais seulement rappeler ces fêtes du solstice, ces fêtes autour du jour où, après la nuit la plus longue, le soleil revient vainqueur. C’est le « Dies Natalis Solis Invicti » qui correspondait au jour de la naissance de « Sol invictus », le soleil invaincu, le jour où le soleil arrête sa course et au moment où les jours, recommencent de croître.

C’est là l’origine du mot « Noël ». Il vient du latin natalis dies (jour de la naissance), devenu natalis par abréviation ; puis Nadal ou Nau en langue d’Oc (ce qui par cette altération veut alors aussi dire « nouveau » ou « neuf ») puis Noé ou Nouël en langue d’oïl. C’est cette dernière forme qui s’est seule maintenue. Le mot est normalement masculin. C’est le jour de la naissance, et non la fête. Le Noël et non la Noël. Actuellement c’est le mot féminin qui l’emporte. Dommage !

C’est au lendemain du solstice, le lendemain du jour où après la plus longue nuit de l’année on voit le soleil revenir et briller un peu plus longtemps et de plus en plus, que l’Eglise, reprenant ce symbole de la « re-naissance » de la lumière, vainqueur des ténèbres, a fixé la fête de la Nativité dont Noël est devenu l'expression la plus couramment utilisée. L’occasion était trop belle pour l’Eglise d’utiliser ce symbole de la lumière plus puissante que la nuit, du soleil vainqueur, pour fixer à cette date la fête de la naissance de Jésus.

C’est le Pape Télésphore (125-136) qui institua la célébration de cette naissance. Ce fut d’abord une fête mobile Le Pape Jules 1er (280-352) décida que ce serait le 25 décembre puisqu’alors le calendrier « julien » fixait le solstice au 24 décembre. Quand on appliqua la réforme du calendrier en 1582, on repositionna le solstice à une date plus précise, le 21 ( en 2024 et en 2025) ou parfois le 22 décembre ( cette année) , donc le « jour du sol invictus » mais la fête de la Nativité de Jésus resta fixée le 25 décembre. En d’autres termes, le 21 serait plus proche du mot Noël et le 25 la Fête de la Nativité de Jésus.

En 532, le moine Denys le Petit, à l’appui d’un savant et solide calcul, démontra, sur la base des textes historiques et sacrés, que Jésus était né le 25 décembre de l’an 753 de la fondation de Rome, confirmant ainsi la date de Noël.

On s’accorde aujourd’hui pour reconnaître que ces calculs comportaient une part d’erreurs, le roi Hérode, contemporain de la naissance du Christ, étant mort en l'an 750 de la création de Rome. Jésus serait donc né entre l'An 3 et l’An 6 avant l'ère chrétienne. Le Pape Benoit XVI l’a reconnu, dit et écrit mais ça ne change rien au contexte de fêtes dans lesquelles nous sommes. On continue de dire les années avant ou après la naissance de Jésus : « av JC » et « ap. JC ». Aujourd’hui, on emploie de plus en plus l’expression « avant notre ère » et « après notre ère », laïcisation aidant, sans pour autant tenir compte de cette erreur.

A ce stade de l’irrationnel, pourquoi ne pas revenir à l’appellation en usage aux temps romains où on comptait les années : « à partir de la fondation de Rome » selon l'expression latine AUC ab urbe condita, ce qui signifie : « depuis la fondation de la ville » .

Avec ces quelques rappels je voudrais répondre à ceux qui, dans un total illogisme et avec une méconnaissance grave, s’opposent à toutes sortes de traditions des fêtes de cette fin d’année, crèches, sapins, décorations et que sais-je encore. Laïcisation oblige !  Mais tiens ! curieux ils ne disent rien pour Halloween ni pour la Toussaint ( voir ma chronique à ce sujet ).

Je reviendrai dans une prochaine chronique sur les différents calendriers et sur l’année 2024 qui sera une année bissextile qui mérite une explication particulière.

Bon Noël ! Buon Nadal ! Bonnes Fêtes ! Addissias !

 

Jean Mignot le 1er décembre 2023