vendredi 31 janvier 2025

de Février 2025

 

Février un mois intercalaire

Février par ses origines, nous rappelle que nous sommes dans ces mois qui ont donné lieu à de savants calculs pour arriver à faire coïncider les saisons, régies par le soleil, et les phases de la lune, qui ont, elles, tant d’influence sur les plantes et les hommes.

Chaldéens, babyloniens, grecs, chinois, égyptiens, romains entre autres, s’étaient aperçu d’un problème de concordance entre leurs différents calendriers et les saisons. Il fallut faire des calculs compliqués pour arriver à faire coïncider les cycles de la lune et ceux du soleil. On rajoutait des mois ou des jours de complément. Dans presque tous les cas on ajouta un « mensis intercalaris » un mois intercalaire pour retomber sur pieds, c'est-à-dire sur la coïncidence avec le début des saisons.

C’est ainsi que chez les Chinois, dont le calendrier est pourtant l’un des plus précis, il faut par exemple que l’équinoxe de printemps tombe toujours dans le second mois de l’année. On rajoute alors un treizième mois si nécessaire. Cette année le premier jour de l’an chinois étant fin janvier au début de la phase de la nouvelle lune, l’équinoxe de printemps sera bien dans le deuxième mois de l’année chinoise !

Février est un de ces mois intercalaires qui présente en plus la particularité d’être plus court que les autres parce qu’il a été victime des différentes tentatives d’organisation du calendrier à travers les siècles. En plus il est de temps en temps bissextile ! Il faut donc donner ici quelques explications, surtout dans un contexte où des tentatives de bouleverser le rythme des jours fériés, et le grand débat sur les religions et l’état, ramène à la une la question des calendriers.

Ce mois a été ajouté aux autres pour arriver à un calcul très compliqué, pour passer d’une année de 10 mois et de 304 jours à 12 mois et 365 jours. C’est Jules César qui en 46 avant Jésus-Christ, soit en l’an 708 de la fondation de Rome, avec l’aide de l’astronome Sosigène d’Alexandrie, fit rajouter 90 jours pour ramener le calendrier en concordance avec les saisons, car les différentes sortes de calculs en usage alors avaient entraîné un important décalage.

Cependant ce calendrier « Julien » amenait lui aussi, des distorsions importantes dont on prit peu à peu conscience. 3 jours en 4 siècles, et actuellement 13 jours (d’où le décalage des fêtes avec l’église orthodoxe et la Russie qui continuent de l’appliquer encore, et une révolution d’octobre qui eut lieu en novembre !!!) Mais pas cette année puisque Pâques des deux calendriers tombe le même jour !

Une réflexion sur la réforme du calendrier a commencé dès le 19ème siècle. Après les tentatives de l’abbé Mastrofini en 1834, d’Auguste Comte en 1849, celle de Camille Flammarion, une étude sérieuse de la Société des Nations en 1922 concluait en 1931 qu’il ne fallait rien modifier, Après l’échec du calendrier républicain, si poétique, mais sans références astronomiques assez sérieuses, c’est le calendrier « grégorien » qui resta le plus universellement reconnu et en vigueur.

L’Eglise catholique s’est toujours montrée ouverte au dialogue sur ce sujet. En cette année où l’on célèbre le 1700 ème anniversaire du célèbre concile de Nicée qui avait fixé la date de Pâques, le Pape François, ce samedi 25 janvier a déclaré :« Je renouvelle mon appel pour que cette coïncidence serve de rappel à tous les chrétiens à faire un pas décisif vers l’unité, et ce autour d’une date commune pour Pâques »

On imagine facilement la répercussion énorme qu’un accord sur une date unique entrainerait, du fait que Pâques détermine une série de fêtes assorties de ponts et de jours fériés.

Pourtant il faudra encore revenir sur ces longs et savants calculs car l’année « grégorienne » est encore trop longue d’une demie seconde par an. Dans 3000 ans il sera nécessaire d’ajuster le calendrier ! il y aura donc encore des réformes qui s’imposeront, en février ou à un autre moment de l’année …

Comment voulez-vous qu’il n’en soit pas ainsi ! La lune fait le tour de la terre sur une courbe elliptique qu’elle parcourt en 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2 secondes, en nous montrant son visage par phases, de la Nouvelle Lune, au croissant et à la Pleine Lune. C’est la révolution synodique. Les babyloniens avaient fait sur la durée de ce parcours une erreur de 0,00005 jours ! Cette courbe monte et descend autour de la terre. C’est ce qu’on appelle la révolution sidérale qui elle dure 27 jours, 7 heures, 43 minutes et 11 secondes. Cette courbe l’éloigne ou la rapproche de la terre, apogée ou périgée et elle met 27 jours 13 heures, 18 minutes et 33 secondes entre deux passages consécutifs au même point. C’est la révolution anomalistique. Au moment où cette course de la lune autour de la terre coupe l’orbite terrestre, il y a nœud lunaire et entre deux nœuds lunaires il se passe 27 jours, 5 heures, 5 minutes et 36 secondes.

C’est pour cela qu’il y a parfois une année de treize lunes, ce qui n’est pas le cas cette année. C’est aussi par la division des 365 jours en 52 semaines de 7 jours qu’il y a parfois des mois où il y a cinq dimanches. Cela s’est produit en décembre 2024. Cela va se reproduire cette année encore en mars, en juin, en août, en novembre, et non tous les 623 ans ou autres comme le disent tous les fake news que se plaisent à diffuser à tort quelques amis sur les réseaux sociaux ou dans vos boites mails.

Voici donc février avec son lot de dictons -plus de 150 ! - sur le froid rigoureux qu’il nous réserve souvent, mais aussi avec ses fêtes, vestiges des fêtes païennes ou fêtes chrétiennes.

Février vient du latin « februare » c’est-à-dire « purifier ». Chez les Romains c’était le mois des purifications rituelles. D’où l’origine de la fête de la Purification rite aussi de la religion juive que Marie, mère de Jésus respecta et appliqua. C’est devenu pour les chrétiens la fête de la Purification et de la Présentation de Jésus au Temple, fête instituée pour commémorer selon la loi de Moïse la présentation au Temple de Jérusalem, de l’enfant mâle, premier-né, 40 jours après sa naissance, rite accompagné de l’offrande de deux colombes. C’est la fête de la Révélation de Lumière du Monde, Jésus Lumière d’Israël Lumière des Hommes. Et cette lumière est symbolisée par les cierges.

Nous voilà tout de go encore dans les vestiges de ces fêtes qui depuis la Sainte Luce ponctuent le calendrier de célébrations qui ont pour objet depuis le solstice et le « sol invictus » de célébrer le retour de la lumière du soleil.

Ces derniers jours de janvier, les Grecs fêtaient le dieu Pan qui avait la réputation de terrifier les campagnes et de séduire les femmes. Son apparition, réelle ou supposée, déclenchait une fuite générale : la « panique » …C’est là l’étymologie de ce mot.

A Rome, sur le même registre, on organisait les Lupercales, fêtes dédiées à la Louve qui éleva Romus et Romulus, fêtes de la fécondité. Les Romains s’assemblaient dans les rues avec des torches, pour manger des galettes de céréales en l’honneur de Proserpine. Cette divinité était la reine des enfers et aussi la protectrice du monde agraire. Chaque année elle remontait à la terre pour favoriser la germination des plantes. Certains débauchés parcouraient les rues de la ville en agitant des flambeaux, et vêtus de peau de bêtes semaient la « panique » au sein de la gent féminine.

Le Pape Gélase essaya de mettre fin aux orgies dans lesquelles dégénéraient ces fêtes et substitua aux lupercales la fête de la purification. Il eut l’idée alors de distribuer les galettes aux pèlerins affamés venus à Rome. On les appelait alors des « oublies ». Ce sont les ancêtres de nos crêpes de la Chandeleur.

On retrouve également dans cette fête de la chandeleur, de lointaines réminiscences des fêtes de la purification chez les celtes, qui l’hiver tirant à sa fin, célébraient la purification de l’eau pour assurer la fertilité et la fécondité avec le retour de la vie en cette fin d’hiver. C’était la fête d’Imbolc.

Il est également possible de faire un rapprochement avec les Parentalia romaines, c’est-à-dire la fête annuelle en l’honneur des morts, au cours de laquelle on veillait en s’éclairant de chandelles et de torches en honorant Pluton et les dieux. D’où peut-être cette vieille tradition qui faisait qu’on gardait les cierges bénis de la Chandeleur, pour pouvoir les allumer auprès des morts dans nos familles, ou encore pour les allumer quand il y a de l’orage, pour préserver de la foudre… !

Ces rappels et ces interprétations mériteraient des recherches approfondies et des développements plus poussés que ne peut le faire cette chronique déjà bien longue !

Il faut retenir de ceci ces fêtes de février sont plutôt un vestige de ces rites et fêtes païennes, et que tout comme pour la fête de la saint Luce il s’agit avant tout de célébrer la victoire de la nuit sur les ténèbres, avec le jour qui devient plus important que la nuit, la nature qui commence à se réveiller malgré les derniers assauts de l’hiver.

Les crêpes, tout comme la galette des Rois, symbolisent le soleil renaissant ! Roue solaire, beignets de forme ronde…oreillettes aussi dans le Midi.

Les non chrétiens, ou les autres religions, ne devraient avoir aucun scrupule, ni craindre aucune compromission à célébrer la Chandeleur, comme Noël d’ailleurs, puisque leurs origines ne sont pas exclusivement chrétiennes.

Célébrer le soleil et la lune qui brillent pour tout le monde, et la nature, n’est-ce pas un bel hommage à la création !

A Marseille, c’est encore une autre tradition qui attire la foule. Il y a certes la procession et la cérémonie religieuse dans l’abbaye Saint Victor, mais surtout, la vente de ces petits pains en forme de navette, cet outil dont se servaient les pécheurs pour réparer leurs filets. Ce sont de petits gâteaux secs de 10 à 12 cm de longueur, fendus en leur milieu, parfumés à la fleur d’oranger, fabriqués depuis 1781 et cuits dans le Four des Navettes, sur le vieux port. En bon gardois je dirai que c’est moins bon que les croquants Villaret de Nîmes, n’en déplaise aux marseillais ! Mais c’est presque aussi dur ! Bien sûr ça ne vaut pas les « casse dents » d’Allauch !

L’origine de ce petit biscuit serait liée au fait que les pèlerins venaient ici à jeun pour participer à l’office et communier. Il leur fallait, en sortant, un bon biscuit. C’est Monsieur Aveyrous qui fonda le premier four où sont toujours cuites ces navettes. Les traditions, si elles perdurent, perdent souvent leur vraie origine.

Où est la vérité dans cette histoire ? On dit parfois que ces navettes rappellent la barque qui aurait amené le premier évêque de Marseille, Lazare, avec Madeleine, Marthe et les deux « Marie » Jacobé et Salomé… Mais alors quid des Saintes Maries de la Mer ? on dit que les pécheurs, tenus à l’écart d’une épidémie de choléra seraient ensuite venus remercier Saint Victor en apportant des petits biscuits rappelant leur barque…

Que les vrais Marseillais ne se fâchent pas… mais où est la part d’histoire, de tradition ancestrale, de religion, ou d’irrationnel, ou tout simplement le côté pratique des choses ? Je suis preneur de toute autre version de cette « histoire marseillaise ».

Ce qui est sûr dans ces manifestations, c’est la Foi exprimée par les pèlerins, et comme c’est la Foi qui sauve, je n’épiloguerai pas plus longtemps.

Février, pour ce qui est du temps, est le mois des retournements les plus hasardeux : « Février, le plus court des mois, est de tous le pire à la fois. » Ou encore : « Février, de tous les mois, le plus froid, le plus matois ». Et aussi : « Février tourne son bonnet sept coups devant, sept coups derrière ! » Que va-t-il se passer le 2 février puisque le dicton nous dit : « A la Chandeleur, l’hiver cesse ou prend rigueur. » Tout pourrait encore changer car février 2025 commence dans la mouvance de la Nouvelle Lune du 29 janvier et les prévisions à ce jour nous annoncent pluie et baisse de températures au moins pour les dix jours qui viennent. Et le 3 février : « A la saint Blaise, l’hiver s’apaise ; mais s’il redouble et s’il reprend, de longtemps il ne se rend. »

Ces chutes brutales et ces montées de température, provoquent des dégâts considérables sur la végétation. Les écarts de température entre le jour et la nuit tuent les plantes et les arbres. C’est ainsi que le 2 février 1956, dans le midi, les oliviers ont gelé. Il faut expliquer qu’il avait fait très doux dans la journée, 18°. La sève des arbres avait commencé de monter. La nuit la température est tombée brutalement à moins 20°. Le tronc des oliviers éclatait sous le gel… : « cette nuit-là on entendit les oliviers crier ! ... »

De fait, il vaut mieux que février remplisse son contrat et soit mauvais, car s’il ne l’est pas, nous en subirons les conséquences tout au long de l’année : « Février trop doux, printemps en courroux » ; Ou : « Quand la bise oublie février, elle arrive en mai » Et aussi : « Si février ne févrière pas, tout mois de l’an peu ou prou le fera ! »

Dans notre course après le temps, nous ferons probablement une pause pour la saint Valentin le 14 car ce sera proche de la Pleine Lune du 12. Ce pourrait être le printemps de la saint Valentin ou tout le contraire, une période de froid vif. Difficile d’être plus nuancé ou prudent ! Et on fera la fête ; surtout du côté de Roquemaure dans le Gard rhodanien.

Juste un peu d’humour avec l’histoire, la « petite histoire » comme on dit, puisque nous allons faire des crêpes. On raconte qu’en 1812, à la Chandeleur, Napoléon 1er avait tenu à faire des crêpes et à les faire sauter. C’était avant la campagne de Russie. Et selon la tradition, pour que cela lui porte bonheur il les fit sauter dans la poêle. Mais il loupa la cinquième. Quelques mois plus tard, devant Moscou fumant, il dit à Ney : « C’est ma cinquième crêpe ! ».

Je pense moi qu’il s’agissait bien plutôt ce jour-là d’une question de calendrier, de temps et de lune !

Quant aux « crêpes Suzette ” l’origine en serait la suivante : en 1903, Edouard VII roi d’Angleterre fit une visite officielle en France. On se souvenait dans certains milieux parisiens des frasques du Prince de Galles. Le prince se rendit dans l’établissement d’Henri Charpentier, qu’il avait bien souvent fréquenté. On servit des crêpes et le restaurateur eut l’idée de verser de l’alcool dessus pour les faire flamber. Il dit en regardant le prince en bonne compagnie : « Nous les appelleront ; crêpes princesse » !. « Disons plutôt Suzette ! » rectifia galamment le prince avec sans doute un clin d’œil vers la dame qui était à ses côtés. C’est ainsi que la jolie Suzette est passée à la postérité. La paternité de cette anecdote est attribuée, sans preuve réelle, à d’autres restaurants, ou à d’autres chefs célèbres dont Escoffier. Mais l’anecdote est presque toujours la même.

Vous voyez bien que selon que tel jour tombe à une phase de lune ou à une autre, lune qui n’a pas de rayonnement mais qui donne toujours de bonnes indications rappelées par les dictons de nos Anciens, on dit il fera froid ou il fera beau. Comme le cycle lunaire ne se renouvelle pas chaque année aux mêmes périodes vu les décalages des calendriers, il y a peu de chance que les dictons se réalisent chaque année à la même date ?

Cette année la Nouvelle Lune du 29 janvier a marqué un réel changement de temps avec pluies et orages.

« Février de tous les mois le plus court le plus matois » dit le dicton. Nous verrons bien ce qu’il nous réserve. Pour le moment le début du mois s’annonce avec du mauvais temps, de la pluie et du froid démarre bien mal au lendemain de la Nouvelle Lune. La première phase du cycle de la lune est dite « nouvelle lune ». Tous les proverbes se recoupent pour dire que trois à quatre jours après la nouvelle lune, il y a du mauvais temps : « Belle lune nouvelle, dans trois jours cruelle » « Lune nouvelle au beau, le quatre à l’eau » A l’inverse « Quand la lune se fait méchante, la prochaine sera charmante » ou « Quand la lune se lève dans un bain, deux jours après beau temps certain. »

De fait, il vaut mieux que février remplisse son contrat et soit mauvais, car s’il ne l’est pas, nous en subirons les conséquences tout au long de l’année : « Février trop doux, printemps en courroux » ou « Quand la bise oublie février, elle arrive en mai » ; Et aussi : Si février ne févrière pas, tout mois de l’an peu ou prou le fera !

N’oubliez pas la Saint Valentin, le patron des amoureux. Cela méritera bien la chronique spéciale que je vous enverrai sous peu, au risque de vous lasser car elle risque d’être très proche de celle de l’an dernier. Mais comme bis repetita… !

A Diou sias !



Jean Mignot

31 janvier 2025

lundi 6 janvier 2025

Autour de l'Epiphanie de 2025

 

Autour de l’Epiphanie de 2025

 

En ce 6 janvier jour de l’Epiphanie, j’ai envie de partager avec vous, quelques éléments qui marquent cette période de fin d’année et de début de l’an, et qui ne se limitent pas aux Rois Mages ou à la galette des Rois.

Au cœur de l’hiver et de l’obscurité, nous avons fêté Noël, la fête la plus joyeuse et la plus brillante fête de l’année, quelle que soit notre religion !  Noël est d’ailleurs un curieux mélange de traditions religieuses et païennes, y compris dans les trop célèbres « 13 desserts » ou la tradition provençale du « Cache Fio »

La célébration de la naissance de Jésus est apparue en Occident au cours du IVème siècle et a été fixée le 25 décembre, jour du solstice du calendrier julien et elle est restée à cette date quand on a ajusté les calculs et fixé avec la réforme du calendrier de 1582, le solstice au 21 ou au 22 décembre.

Cette fête s’est substituée aux fêtes romaines, celtes et nordiques célébrant, depuis la nuit des temps, le solstice d’hiver et le retour du Soleil. Le Sol invictus.

Les pères de l’Eglise ont ainsi christianisé les rites païens les plus populaires sous l’Antiquité et, en particulier, le culte voisin et rival de Mithra qui était alors implanté à Rome et en Gaule. Mithra dieu protecteur envoyé sur terre un 25 décembre pour annoncer la renaissance du Soleil.

Les Romains organisaient à cette période des saturnales. On y partageait déjà la fève et on désignait ainsi le roi de la fête.

Au Moyen Age ce fut la fête des Fous, devenue la fête des Innocents, sujette à toute sorte de débordements.

C’est encore dans les mêmes coutumes ou habitudes ancestrales qu’il faut trouver l’origine de la galette des Rois.

En tirant les Rois en la fête de l’Epiphanie nous pensons aux Rois Mages, à la crèche et encore aux cadeaux. En Espagne c’est encore ce jour-là que l’on fait les cadeaux aux enfants.

Or la tradition de la galette des Rois est une coutume bien plus ancienne qui n’a dans ses origines rien à voir avec eux. C’est une tradition qui se réfère elle aussi à l’évolution du temps, à la longueur des jours, et au soleil qui brille chaque jour un peu plus et qui s’inscrit dans toutes les fêtes qui jalonnent ces jours autour du solstice d’hiver, où il n’est question que de fêter le triomphe de la lumière sur la nuit et les ténèbres. Le « Sol Invictus »

Le gâteau partagé à cette occasion, appelé « galette », était bien comme aujourd’hui dans les pays du Nord de la France, un gâteau plat et rond, sorte de « pythiviers », symbolisant le soleil qui renaît, (on retrouvera ainsi le même symbolisme avec les crêpes de la Chandeleur) alors que le gâteau des Rois dans le midi est plutôt une brioche en forme de couronne qu’on appelle «  royaume » et qu’on appelait plus fréquemment « couronne » ressemblant dans sa forme à la pogne de Romans ou de la Drôme.

Très tôt les chrétiens ont fait de ce jour la fête chrétienne de l’Epiphanie ! La manifestation de la Lumière du Monde aux Nations, symbolisées par les Rois Mages, chacun venu d’horizons différents.

Sous la Révolution, la fête des Rois, jugée « anticivique », fut rebaptisée « fête du bon voisinage » - lointaine ancêtre de nos fêtes de quartiers ou de villages, fêtes qui se développent de plus en plus au cours de notre mois de mai. On y dégustait non plus la fameuse « galette royale » mais la « galette des Sans-Culotte ».

Sous François 1er une amusante anecdote fut à l’origine, - dit-on ! - de la belle barbe de ce Roi.

Le 6 janvier 1521 le souverain se trouvait à Romorantin pour y fêter les Rois. On lui signala qu’un autre roi venait d’être élu dans un hôtel voisin, l’hôtel Saint Pol. « Même un jour d’Epiphanie, dit en riant François 1er, il ne peut y avoir qu’un seul roi à Romorantin ! ». Suivi de ses amis, il alla demander raison au roi de la fève. Comme il neigeait, on se battit à coup de boules de neige. Soudain, pour faire reculer les attaquants, un mauvais plaisant lança un tison enflammé qui atteignit le roi au menton et le blessa. Pour cacher sa cicatrice, François 1er laissa pousser sa barbe et pour ne pas être en reste ces Messieurs de la Cour firent de même.  La Cour devint barbue et la mode était lancée !                                                                                                        

Fêtons les Rois sans scrupules. Cela n’a plus rien de païen dans nos festivités et l’hommage au jour qui triomphe sur la nuit n’est-il pas aussi un hommage à la création et au Créateur !

Le jour de l’Epiphanie marque souvent le début de l’hiver, ou au moins une forte reprise du temps froid ce qui n’est pas le cas cette année puisqu’il y a plutôt un radoucissement très net mais de la pluie.

Nos vieux dictons du temps annoncent : « Les hivers les plus froids, sont ceux qui prennent vers les Rois ». Mais un temps différent peut être un autre présage :« Beaux jours aux Rois, blé jusqu’au toit. » ou encore : « Belle journée aux Rois, l’orge croît sur les toits. ».  Et :« Si le soir du Jour des Rois, beaucoup d’étoiles tu vois, Tu auras sécheresse en été, et beaucoup d’œufs au poulailler ».

Nous serons attentifs à observer ce qui va se passer autour de la pleine lune du 13 janvier. 

Toute cette période est jalonnée de dictons liés aux saints du calendrier, qui tous annoncent du mauvais temps, ou la fin du mauvais temps, avec plus ou moins de bonheur selon la place où ils se situent dans la courbe lunaire.

Ainsi 17 janvier en la fête de Saint Antoine : « De sent Antoni à sent Bastian Faï mai de frech qu’entre tout l’an ». Saint Sébastien c’est le 20 janvier. Pour le 18, célébration de la Chaire de Saint Pierre à Rome, on trouve ceci : « A la saint Pierre, l’hiver s’en va ou se resserre ».  Le 22 janvier, jour de la fameuse Saint Vincent bien connue des vignerons : « A la saint Vincent, tout dégèle ou tout fend ! ». Il est sûr, et les observations des météorologues modernes l’ont relevé, qu’aux environs du 20 janvier, avec un nœud lunaire qui aura lieu cette année le 21, marquant l’amorce d’une courbe ascendante, revient très souvent dans notre atmosphère un anticyclone continental qui entraîne avec lui, deux fois sur trois, une masse d’air froid. « L’hiver reprend… ou l’hiver se rompt la dent ! » et ce n’est pas qu’une question de rime. C’est souvent l’annonce d’un début février froid qui  peut nous laisser prévoir la Nouvelle Lune du 29 janvier.

Je relève ces autres alertes : le 26, jour où la courbe lunaire commence à remonter : « Saint Polycarpe nous écharpe » comme on dit dans le Vivarais. Pour le 27 qui suit : « Neige de Saint Babylas, bien souvent on s’en lasse ». Pour le 28 « saint Charlemagne, février aux armes ! » et le 30 « prends garde à la sainte Martine car souvent l’hiver se mutine » ou « attention à la sainte Martine, l’hiver reprend dès matines ». Nous voilà prévenus !

Le ciel nous offrira un spectacle extraordinaire le 21 janvier avec l’alignement de six planètes – Mars, Jupiter, Uranus, Neptune, Vénus et Saturne. Nous ne manquerons pas d’observer cet alignement car il ne se produit que tous les 100ans. Les diseurs de bonne aventure et autres Madame Soleil s’en donnent déjà à cœur joie et se laissent aller à leurs élucubrations sur ce que va être cette année 2025 en allant chercher à la rescousse notre célèbre Nostradamus.

Ne tombons pas dans le panneau, notamment des mois à 5 dimanches qui vont se retrouver cette année encore alors que plusieurs d’entre nous sont tombés dans le panneau en nous envoyant des mails annonçant ce décembre 2024 extraordinaire dans une situation ne se reproduisant que tous les 300 ans ou que sais-je ! Il y aura 5 dimanches en Mars et en Juin 2025 et même 5 samedis en Avril… simple question de calcul !

Le début de l’année c’est aussi le moment où de façon rituelle et formelle on rendait visite, dans les quinze premiers jours, à son entourage proche, famille et amis, collègues de travail, et même à des familles pauvres ou à des malades. On envoyait aussi des cartes de vœux, coutumes qui ont tendance à disparaître à l’époque d’internet.

J’expliquerai plus longuement une autre fois l’origine de ces cartes. Peut-être une origine dans l’autorisation donnée dans certains ordres, aux religieuses, séparées de leurs familles, de leur écrire un petit mot ce jour-là. D’autres prétendent qu’il faut remonter à un usage en cours chez les habitants du Céleste Empire de Chine, où l’on envoyait des vœux aux amis, sur des feuilles de papier de riz, dont la dimension devait être en rapport avec l’importance qu’on voulait donner au destinataire.

Vu la considération et la haute estime en laquelle je tiens chacun de vous, cette chronique, sans atteindre deux mètres de longs comme c’était parfois le cas en Chine, a une longueur à la mesure des vœux que je partage avec chacune et chacun de vous et de façon la plus sincère pour 2025. Bonne Année et A Diou sias !                                                                                                                                                     

 Jean Mignot

Au soir du jour de l’Epiphanie 6 janvier 2025