lundi 31 janvier 2022

de février 2022

 


 de Février 2022

 

Ce mois a la particularité d’avoir un nom qui ne se réfère pas à un dieu auquel il serait voué ni à un numéro d’ordre par sa place dans le calendrier. Il partage cette particularité avec avril.

Son nom viendrait de « februare » purifier car c’est un mois où le froid vif se fait souvent sentir, entrainant des maladies ou fièvres.

Il faut dire aussi qu’étant un mois « ajouté » pour que la durée de l’année se rapproche le plus de la durée du cycle solaire, il fallait bien inventer un nom en référence à quelque chose de concret.

Vous savez que dans le tout premier calendrier de Rome l’année ne comptait que dix mois soit 355 jours. Puis, en guise de rattrapage, on commença par ajouter tous les deux ans un mois intercalaire appelé « marcedonius » mais sans règles bien établies ce qui laissait trop de possibilités d’interprétations. On était arrivé à fêter le printemps et la moisson en plein hiver ! Il faudra attendre la réforme commandée par Jules César à Sosigène d’Alexandrie pour qu’on décide d’un calendrier qui ne tienne plus compte du cycle de la lune (comme encore certains le font et sont en décalage total en célébrant leurs fêtes hors de leur contexte saisonnier) mais du soleil. En 45 avant JC le calendrier « julien » de 365 jours fut instauré, avec un jour supplémentaire tous les quatre ans. Comme février était le mois qui avait servi à trouver un bon compte c’est à février qu’on ajouta ce jour. C’est aussi à lui qu’on enleva un jour pour mettre à égalité Jules César et Auguste, chacun ayant un mois dédié à leur mémoire, juillet et août.  

Ce calendrier était d’un calcul très précis, 365 jours, 5 heures et 49 minutes. Las ! il y avait une petite erreur de calcul de 11 minutes 14 secondes sur la durée du cycle du soleil. Au bout de quatre siècles on était arrivé à un décalage de trois jours sur les saisons. Problème pour célébrer l’anniversaire de la fête de Pâques. Le concile de Nicée en 325 avait bien lié la détermination de cette fête à l’équinoxe de Printemps, comme c’est encore aujourd’hui, mais le glissement dû à cette erreur pouvait faire que cette fête allait être célébrée au cœur de l’été donc sortie du contexte dans lequel elle s’était passée. Au concile de Constance en 1414, le cardinal d’Ailly, cardinal français renommé et très influent, proposa au Pape Jean XXII de modifier les règles fixant les jours supplémentaires ou intercalaires ancêtres de notre jour bissextile, mais son projet ne fut pas adopté. En 1582, 1257 ans après le Concile de Nicée, l’équinoxe de printemps tombait le 11 mars. Dix jours de décalage. Le Pape Grégoire XIII, alors la seule autorité reconnue, ou pour ceux qui contestent cette affirmation, une des seules autorités la plus universellement reconnue, à l’appui des travaux savants et très complexes des frères Lilio et du jésuite allemand Clavius, décida, par une bulle, que le lendemain du jeudi 4 octobre serait le vendredi 15 octobre. Il y eut une tempête de protestations. De nombreux états refusèrent de se plier à une décision papale, notamment les pays protestants et l’application de ce nouveau calendrier, pourtant la plus proche de la réalité, se fit à des dates très différentes selon les pays. En France le lendemain du 9 décembre fut le 20 décembre, entrainant notamment l’anomalie dont je vous ai déjà entretenu en décembre dernier. Bref, l’année 1582 en France ne compta que 355 jours, ce qui complique terriblement les recherches de généalogies, avec 10 jours manquant au calendrier. Encore plus compliqués dans d’autres pays puisque la mise en œuvre eut lieu à d’autres périodes.

Février qui est un mois créé pour justement permettre d’arriver à un compte de jours le plus proche du cycle du soleil pour une année, méritait bien ce rappel, lequel rappel mériterait d’être plus précis encore. Je me suis limité à l’essentiel.  Février un mois de complément, un mois accessoire. Nos Anciens nous avaient prévenus « le plus court des mois, et le pire de tous à la fois » ; ou « février entre tous les mois, le plus court et le moins courtois » ; et encore «  le p’tit février est pire que tout ». Et en Occitanie, et « avé l’assent » : « Février le moins lan’g, le plus mauvais de l’an’gue ».

Février le moindre de tous les mois nous rappelle avec tous les changements intervenus tout au long de son cours, que malgré de savants calculs, malgré des machines très sophistiquées, malgré toutes sortes d’instruments et satellites, l’homme a toujours essayé de maîtriser le temps sans jamais y parvenir. Même en 2022 !

La plupart des calendriers établis sur les bases du cycle lunaire ont des jours ou des mois intercalaires pour rattraper le rythme des saisons. C’est ainsi que 1er février 2022 sera le Nouvel An chinois, ouvrant l’année du tigre. Il y a bien eu en janvier un mois complémentaire !

Mais 2022 n’est pas une année bissextile bien que 2022 soit un nombre pair, car il n’est pas divisible par 4 !

Février est un mois de transition. Les travaux sont au ralenti dans le monde agricole. Peu de choses se sèment en février, mais ça vaut le coup de se préparer pour le vrai démarrage de la saison potagère qui aura lieu au mois de mars La nature renaît et le jardinier, à son tour aussi, réveille son désir de cultiver les légumes, non sans regarder cette année avec inquiétude car, au moins chez nous dans le sud, nous sommes avec un énorme déficit de pluies. Personne n’en parle, mobilisés que nous sommes sur la pandémie ou sur le cirque tragi-comique des futures élections. Même pas les écolos qui pourtant auraient là un bon sujet de préoccupations. Il est vrai que quand on sait d’où ils viennent, leur façon d’aborder la campagne et l’agriculture est assez étonnante. Tout comme l’utilisation des canons à neige pour ouvrir à tout prix les pistes de nos stations de ski. Il y aurait beaucoup de choses à dire! IChut ! Il ne faut pas parler de ça !

Alors parlons du temps qu’il fait et de ce que nos dictons nous disent en rapport avec les grands moments qui jalonnent ce mois, ceux du cycle lunaire qui donne toujours quelques indications et ceux des fêtes du mois puisqu’elle marquent au moins deux moments fort, les crêpes de la Chandeleur et la Saint Valentin.

Février débute de façon générale, plutôt mal, du moins pour tous ceux qui sont en bordure d’Atlantique ou de la Manche, car la Nouvelle Lune du 1er février, amène un fort coefficient de marée et chez nous un ciel moins beau que celui que nous avions depuis plusieurs jours, nettoyé par le Mistral. La télévision nous en a déjà montré quelques conséquences. Il y aura des coefficients très élevés le 2 et le 3.

Du 1er du mois au 12 nous allons être en lune montante. C’est-à-dire une lune qui sera de plus en plus haut dans le ciel et en même temps qui va croître, en passant le 9 par un nœud lunaire et par l’apogée le 11.

« A la saint Blaise (le 2), souvent l’hiver s’apaise. Mais si vigueur il reprend, pour longtemps on s’en ressent ». Il faudra regarder ce que va faire l’ours. Ça c’est assez difficile chez nous. S’il fait doux, l’ours croyant l’hiver fini sort de sa tanière. S’il fait très beau, il voit son ombre et il prend peur. Vite il retourne dans son antre et il y reste encore quelques jours. Si le ciel est couvert et qu’il fait doux il part gambader dans la campagne. Peut-être un signe que l’hiver est fini ! Les prévisions en l’état actuel des informations annoncent des jours plutôt doux. Pas de vague de froid en vue.

Le 9, pour la Saint Apolline « Jour de saint Apolline renfrogné, c’est trois beaux jours d’été ». Il faudra se méfier du 11, pour la saint Séverin car : « Séverin et ses coquins font tout geler sur leur chemin ». Peut-être une gélée matinale tout au plus. Car nous avançons vers le printemps de la saint Valentin. « A la saint Valentin la pie monte au pin ; si elle n’y reste point, l’hiver n’est pas à sa fin ».  S’il a fait doux comme c’est probable les oiseaux vont commencer à nicher. Mais.. !

Or la courbe lunaire va être descendante après le 12, passant par la Pleine Lune le 16, un nœud lunaire le 23 et le périgée le 26.

Si le 12 « à la sainte Eulalie, pensées et myosotis sont fleuris », le 16, une chute de neige ce jour-là serait catastrophique : « s’il neige à la saint Onésime, la récolte est à l’abîme ». C’est aussi ce jour la sainte Julienne. Or « à la sainte julienne, faut toujours que le soleil vienne, s’il luit peu, bon pour les bœufs, s’il luit prou, c’est bon août ! ».

Le 23, pour la saint Florent : « l’hiver cesse ou reprend ». Et le 26 pour la saint Nestor « Quand l’hiver commence en lion il finit en mouton ». Nos Anciens ne nous disent pas si le contraire peut s’avérer !

Pour la saint Valentin il y a quantité de proverbes et le commerce s’étant saisi de cette fête je vous invite à relire ce que j’ai écrit sur cette fête dans mes chroniques des années précédentes.

La fête de la saint Valentin a été instaurée pour tenter de juguler les débauches auxquelles s’adonnaient les romains avec les Lupercales. Les romains parcouraient les rues de la ville, des torches à la main, vêtus de peau de bêtes pour célébrer le dieu Pan, et frappaient les femmes de la foule avec des lanières, semant ainsi la « panique ». Ensuite en l’honneur de Proserpine on mangeait des galettes de céréales à la lueur des torches. On dit qu’au temps du pape Gélase, des pèlerins venus à Rome célébrer la présentation de Jésus au Temple, étaient arrivés si harassés que le bon Pape leur auraient fait servir de ces galettes. Ce sont nos crêpes.

Crêpes dont la forme ronde dorée est aussi le symbole du soleil renaissant.

Une certitude, à l’heure actuelle, la tradition des crêpes est, au cœur de l’hiver, un grand moment convivial. Son sens religieux est complètement oublié, voire remplacé par certaines superstitions. Ne tente-t-on pas la chance en faisant sauter les crêpes avec une pièce dans la main gauche. Une pièce d’or bien sûr !

Autrefois, en Ile de France, en Vendée mais aussi en d’autres régions, on conjurait la misère en faisant sauter une crêpe de façon à ce qu’elle se dépose au-dessus de l’armoire lingère, symbole, elle, de la richesse du foyer. Une tradition normande rapporte qu’à la Chandeleur, les paysans devaient se rendre auprès de leur seigneur avec une timbale contenant une dîme de cinq sous d’argent et une crêpe. L’un d’eux, désigné par le sort, devait faire sauter la crêpe. Bien retournée, il pouvait déduire un sou de sa dîme.

Et quand mère Barberin fait des crêpes : «  Quand je revins, la terrine était pleine d’une bouillie jaunâtre, et mère Barberin frottait avec un bouchon de foin vigoureusement la poêle à frire ; dans la cheminée flambait un beau feu clair que Mattia entretenait en y mettant des branches, brin à brin… Mère Barberin mit la poêle au feu et, ayant pris un morceau de beurre au bout de son couteau, elle le fit glisser dans la poêle où il fondit aussitôt…Avec la cuiller à pot, mère Barberin a plongé dans la terrine d’où elle retire la pâte qui coule en longs fils blancs ; elle verse la pâte dans la poêle, et le beurre qui se retire devant cette blanche inondation la frange d’uncercle roux… Mère Barberin donne une tape sur la queue de la poêle, puis, d’un coup de main, elle fait sauter la crêpe, au grand effroi de Mattia ; mais il n’y a rien à craindre ; après avoir été faire une courte promenade en l’air dans la cheminée, la crêpe retombe dans la poêle sens dessus dessous, montrant sa face rissolée. » Hector Malot « Sans famille »

Bon mois de Février 2022. Bonne Chandeleur. Addissias !

 Jean Mignot le 31 janvier 2022

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