RépondreTransférer |
© - Copyright Tous droits réservés - Jean Mignot - Cruviers-Larnac 30700 UZES
RépondreTransférer Ajouter une réaction |
À propos de septembre 2024
Septembre a ouvert
la série des mois dont le nom vient tout simplement de la place des mois du
premier calendrier de Rome, calqué sur celui des gens d’Albe. Le septième des
dix mois du calendrier d’alors, il est aujourd’hui le neuvième de notre année
de douze mois avant qu’intervienne la réforme imposée à la demande de Jules
César, pour avoir un calendrier qui coïncide autant que faire se peut avec le
cycle du soleil et les saisons.
Quand j’écris « à la
demande » je pense à la vive remarque de notre professeur de latin qui se
moquait bien de nous quand nous traduisions l’exemple d’une règle de la
grammaire latine « César pontem fecit ». Bien sûr César
il faut traduire : « fit faire un pont » comme il demanda
à des savants d’établir les règles d’un nouveau calendrier. Cette réforme a
donné son nom à ce calendrier - le calendrier julien - qui a été la référence
pendant 1628 ans (46 ans avant JC et 1582 après) alors que le calendrier
« grégorien » qui est notre référence aujourd’hui, le plus
universellement reconnue n’est en vigueur que depuis 442 ans (2024 - 1582).
Mais c’est ce calendrier qui est le plus proche de la course du soleil et des
saisons, même s’il faut de temps en temps remettre à jour avec les années
bissextiles. C’est une des raisons qui fait que l’automne est cette année le 22
septembre mais était l’an dernier le 23 septembre.
Je souligne la tendance
actuelle qui est de dire que l’automne commence le 1er septembre.
Je pense pour ma part que cette tendance n’est pas justifiée uniquement parce
que le temps change en septembre. Je pense que c’est une question de facilité
pour les statistiques car cette date en plein mois ne facilite pas les calculs,
même au temps de l’informatique la plus sophistiquée ! Mais on ne commande
pas au temps, même avec des ordinateurs ou des satellites !
Pour septembre j’aime
citer l’almanach provençal : « Quand li bestiari fagueron li més,
chascun faguè lou siéu à sa fantasié. Lou reinard venguè lou darriè, car en
estènt que se mesfisavon d’èu, l’avien pas vougu. - Ben, ié diguè, coum’avès
fa ? - Aven fa lou mes de janvié, aqui i’a de fre ; aven fa lou mes
d’abriéu, aqui i’a de plueio ; aven fa lou mes de setèmbre, aqui i’a de
toute meno de frucho…- Eh ! bedigas ! cridé lou reinard, que noun
fassias ounge mes de setèmbre ! passavian l’autre à rapuga ! »
Voilà une bonne description de ce qui marque le mois de septembre, empruntée au
grand Frédéric Mistral. « Quand les animaux firent les mois,
chacun fit le sien à sa fantaisie. Le renard vint le dernier car étant donné
qu’ils se méfiaient de lui, ils l’avaient laissé de côté (ils ne l’avaient pas
voulu, - sous-entendu- avec eux). Il leur dit alors : Comment avez-vous
fait ? - Nous avons fait le mois de janvier, là il fait froid ; nous
avons fait le mois d’avril, là il y a la pluie, nous avons fait le mois de
septembre, là il y a toute sorte de fruits. -Eh bien imbéciles ! leur cria
le renard, pourquoi n’avez-vous donc pas fait onze mois de septembre, nous
aurions passé l’autre (le douzième) à grappiller. » Ce texte a été
publié dans l’Armana Prouvençau de 1853.
Plus sereinement, en
revenant aux champs, aux cultures, aux saisons je rappellerai encore que c’est
le jour de la saint Michel que prennent fin traditionnellement les baux de
fermage, ou qu’ils sont renouvelés. De même c’est à la saint Michel, le 29 septembre,
que sont « débauchés » ou « embauchés » les commis de ferme
et les autres personnels. D’où les conseils de prudence donnés pour la saint
Lambert le 17. C’est dans la deuxième quinzaine de septembre, en effet, que se
préparaient, entre fermiers, ouvriers et commis, les engagements réciproques
pour l’année agricole à venir. Celui qui sans y être contraint, quittait alors
sa place, courait grand risque de ne pas la retrouver : « Le jour
de la saint Lambert, qui quitte sa place la perd ! » Ce
saint Lambert était évêque de Maastricht et ce jour-là il y a quelques années
eut lieu un fameux référendum à propos d’un fameux traité !!!
C’est une histoire qui fait encore couler beaucoup… d’encre…et de
salive… ! Encore en ce moment !
Nous n’oublierons pas,
nous les gardois, le triste épisode de la Michelade, ce massacre entre
Protestants et Catholiques, à Nîmes, au moment de la foire de la saint Michel,
les 29 et 30 septembre 1567. Cette émeute à Nîmes s'inscrit dans
l'ensemble de troubles entraînés par les guerres de religion qui déchirèrent
la France au XVIe siècle. Avec le Massacre
de Vassy perpétré contre les protestants le 1er mars
1562 par les troupes du Duc de Guise, il préfigure, à une échelle
moindre, le massacre des protestants par les catholiques lors de la Saint
Barthélémy le 24 août 1572, où cinq à dix mille protestants sont tués
à travers toute la France.
Cette triste affaire
qui s’est passée en septembre, et chez nous, fut suivie de règlement de compte
et de violentes répressions qui entrainèrent un importe émigration.
Pour s’informer sur cet
évènement majeur des Guerres de religions, je conseille de lire l’ouvrage de
Jean-Paul Chabrol « La Michelade, un crime de religion » qui
me semble le plus impartial et le plus fiable actuellement, publiée en 2013
chez Alcide. Jean-Paul Chabrol est un des meilleurs historiens de référence
pour comprendre les Cévennes.
Il existe dans la
cathédrale de Nîmes une chapelle des martyrs où seraient rassemblés les restes
mortels de ces catholiques massacrés et qui avaient été jetés dans un puits
alors dans la cour de l’Évêché de Nîmes, actuel Musée Municipal. Cette chapelle
sera exceptionnellement ouverte à l’occasion des Journées du Patrimoine de
septembre 2024.
La période de fin d’été
est favorable à la récolte des fruits « En septembre se coupe ce qui
pend » ; ce qui fait dire que cette période est encore le temps
des confitures. Un décret du 23 septembre 1925 stipule que la confiture « est un
produit constitué uniquement de sucre raffiné ou cristallisé et de fruits frais
ou conservés autrement que par dessiccation ». Ne confondons pas la
confiture avec la marmelade qui est, elle une purée, ce qui est encore
différent de la gelée qui est le jus de fruit coagulé, et qui est encore
différent de la compote qui elle est faite de fruits peu cuits et peu sucrés.
L’homme a longtemps cherché les moyens de conserver les aliments en les
séchant, les salant, les fumant, les mettant à l’abri de l’air ou en les
cuisant. C’est Pline qui au 1er siècle de notre ère nous donne
semble-t-il la première recette de confiture dans son œuvre l’« Histoire
naturelle ». Au XVIème siècle Nostradamus écrivit « la manière
de faire toutes les confitures liquides tant en sucre, miel qu’en vin cuit ».
L’âge d’or des confitures serait le XIX ème siècle, sans doute parce que, au
moment où la vie rurale domine encore et époque où les vergers domestiques sont
nombreux, le sucre devient un produit de consommation courante. Au XVII ème
siècle Colbert avait favorisé l’implantation de raffineries dans les grands
ports français, mais le sucre restait encore un « épice » d’un prix
prohibitif. Ce n’est qu’au XIX ème siècle sous l’impulsion de Napoléon Premier
que l’industrie de la betterave va se développer et bien vite concurrencer le
sucre de canne favorisant ainsi le développement de la fabrique des confitures.
Faire des confitures c’est renouer avec un art de vivre, une époque où l’on
avait le temps de prendre son temps !
Au cours de ce mois les
jours diminuent d’une heure quarante-six minutes et ont une durée moyenne de
douze heures trente. D’où cette recommandation d’un dicton du Bourbonnais : « A la
saint Leu, la lampe au cleu » et dans nos parlers du Midi : « Oou
mes de setembre, lou caleu es a pendre ». Lou caleu, vous le savez
bien, c’est la lampe à huile. Saint Leu c’est le 1er septembre.
Trois évêques ont porté ce nom, celui de Troyes mort en 478, celui de Soissons
mort vers 535 et celui de Sens mort en 623. Les uns et les autres que l’on
nomme « Leu » tirent leur nom d’une prononciation ancienne de « Loup »
d’où de très nombreuses églises ou village qui en France portent l’un ou
l’autre nom.
Malgré ce
raccourcissement de la durée du jour, le temps reste encore agréable et cette
arrière-saison est parfois plus belle que le printemps. « Septembre se
nomme le mai de l’automne ». « De mai, septembre a les teintes
fines, souvent la tranquillité un peu brumeuse, les tiédeurs et les fraîcheurs
mêlées, les matins trempés de rosée et les couchants où l’air tout entier prend
la couleur de la chair de Fraise » écrit Henri Pourrat si proche
de notre famille !
Avec l’équinoxe du 22
septembre quelques signes nous annoncent les grands vents et les changements du
temps. Par exemple : le soleil est ceint de plusieurs cercles
sombres ; les hirondelles passent toutes du même côté des arbres où les
moucherons se sont abrités ; le son des cloches lointaines arrive par
saccades ; les forêts bruissent ; les oiseaux aquatiques s’ébattent
sur les rivages. « Quel calme ! voici l’équinoxe. Le jour est
plus jaune, la lumière a vieilli. Prends ton panier pour les vendanges, voici
l’arrière-saison. Sème les raves, empaille les cardons ; fais couler l’eau
sur la fleur bleue, grasse et froide du chou-fleur ; l’air sent le céleri
et le feu les fans de pommes de terre ; cueille la fraise des quatre
saisons, le glaïeul, le fuchsia, la sauge, l’héliotrope. Hume la pêche.
Assieds-toi sur le gazon râpé. Voici les coings et la citrouille. L’air prend
un goût de fleur brouie » écrit cet autre écrivain auvergnat Alexandre
Vialatte.
La pleine lune sera le
18 septembre en lune montante. Ce même jour il y aura un nœud lunaire et la
lune sera à son périgée. Il y aura donc une éclipse de lune. Ce sera une
période de grandes marées d’un coefficient de plus de 110. Donc une
accumulation de signes qui peuvent laisser prévoir des perturbations plus
intenses. Tout ça n'est pas bon signe, pour ce jour-là ou pour les jours
suivants ? A l’approche de l’équinoxe d’automne le 22 septembre on peut
s’attendre à du très mauvais temps autour de cette date du 18. Pour le moment
les prévisions sont au beau fixe. À vos notes ! Je ne suis ni
prévisionniste ni météorologue. Je sais bien que la lune n’a pas de
rayonnement... Et les météorologues ne parlent presque jamais du cycle lunaire.
Mais la lune nous donne presque toujours des indications sur le temps. Nos
Anciens le savaient bien, et d’ailleurs ils ont écrit à l’appui de leurs
observations, quantités de dictons ayant trait au temps. Si on regarde le cycle
lunaire, il est intéressant de relever les dictons pour ces jours-là, souvent
liés au saint du jour qui lui n'est pour rien dans cette affaire !
Voici ceux de la fin du
mois avec saint Michel qui marque les derniers jours de chaleur : « A
la saint Michel, la chaleur monte au ciel. » C’est le dernier
délai pour le départ des hirondelles : « A la saint Michel, départ
des hirondelles ! » Et si ces hirondelles se sont attardées
jusqu’à cette date c’est parce qu’il peut faire encore très beau : « Quand
l’hirondelle voit la saint Michel, L’hiver ne viendra qu’à Noël !
Au grand Gilbert Bécaud
de conclure cette chronique avec cet extrait de sa belle chanson « C’est
en septembre » :
Les
oliviers baissent les bras
Les raisins rougissent du nez
Et le sable est devenu froid
Au blanc soleil
Maîtres baigneurs et saisonniers
Retournent à leurs vrais métiers
Et les santons seront sculptés
Avant Noël
C'est
en septembre
Quand les voiliers sont dévoilés
Et que la plage
Tremble sous l'ombre d'un automne débronzé
C'est en septembre
Que l'on peut vivre pour de vrai
En
été, mon pays à moi
En été, c'est n'importe quoi
Les caravanes, le camping-gaz
Au grand soleil
La grande foire aux illusions
Les slips trop courts, les shorts trop longs
Les Hollandaises et leurs melons
De Cavaillon
C'est
en septembre
Quand l'été remet ses souliers
Et que la plage
Est comme un ventre que personne n'a touché
C'est en septembre
Que mon pays peut respirer
Pays
de mes jeunes années
Là où mon père est enterré
Mon école était chauffée
Au grand soleil
Au mois de mai, moi je m'en vais
Et je te laisse aux étrangers
Pour aller faire l'étranger moi-même
Sous d'autres ciels
Mais
en septembre
Quand je reviens où je suis né
Et que ma plage me reconnaît
M'ouvre des bras de fiancée
C'est en septembre
Que je me fais la bonne année
C'est
en septembre
Que je m'endors
Sous l'olivier
A Diou sias bravis,
gens. « Vous aven dit ço que sabian » chantaient les
fileuses de nos régions. Voilà ce que j’avais envie de vous dire, et ce que
m’inspire ce mois de septembre 2024, gardant pour d’autres fois, d’autres
choses qui me donneront le plaisir, partagé, j’espère, de vous retrouver avec
ces quelques lignes.
Jean Mignot le 11
septembre 2024, jour d'un bien triste anniversaire !
Août un mois avec l’accent
Ce mois devrait, pour suivre les
directives du rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques, perdre
son accent ! Cette décision stupide ferait disparaître ce qui nous
rappelle que le nom de ce mois a été décidé pour honorer le premier empereur
romain Auguste. En effet si nous suivons ces directives il faudrait prononcer « ou »
sans faire sonner la consonne finale.
Août est un mois victime d’un «
amuïssement » c’est à dire d’un phénomène qui dénature l’origine du
mot. L’amuïssement consiste en l'atténuation ou, le plus souvent, la
disparition complète d'un phonème ou d'une syllabe dans un mot.
Je ne parlerai même pas
d’internet et du langage des sms qui font que notre langue est en train de se
dénaturer totalement.
Août, un mot qui pourtant a beaucoup de caractère
avec son accent !
C’est en l’an 8 av JC que «
sextilis », le 6ème mois de l’année romaine, devint « Augustus », en
vertu du Sénatus-consulte justifiant cette décision pour rendre hommage aux
principaux événements de la vie d'Auguste, tels que son premier consulat, ses
trois triomphes, la conquête d'Égypte, la fin des guerres civiles, accomplis
dans le cours du huitième mois de l'année.
L’historien Flavius Macrobius
Ambrosius Théodosius, plus connu sous le nom de Macrobe, né en 370 ap JC en
Numidie, dans un de ces trois royaumes qui se partageaient l’Afrique du Nord
berbère ( N’a-t-on pas un peu trop tendance à effacer ce qui s’est passé dans
ces régions avant l’an 622 ! ) , et Lucius Cassius Dio, dit Dio, né en
Bythinie, pas loin de Nicée, nous ont laissé le récit de cette décision du
Sénat romain de baptiser ce mois sixième mois de l’année du nom de Caius
Octavius Thurinus, Imperator Caesar Divi
Filius Augustus, dont on n’a retenu que le qualificatif Auguste. Ces historiens
sont qualifiés de « passeurs de témoins ».
La seule trace de cette origine
est cet accent circonflexe que ces "Messieurs du quai de Conti" - comme on disait avant 1980 - voudraient faire
disparaître. Sauvegardons l’accent du mois d’août avec nos amis d’Espagne
qui continuent d’appeler ce mois « agosto » et ceux d’outre-Manche
qui écrivent « August ».
La cigale de Monsieur
de La Fontaine promet à la fourmi : « je vous paîrai, lui dit-elle, avant Oût, foi
d’animal ». Madame de Sévigné écrivait « le mois
d’out »; Voltaire, dans l’avertissement de Zaïre recommande de
prononcer « oût » et il écrivait à la marquise du Deffand : « A Ferney 19
Auguste, car il est trop barbare d'écrire août et de prononcer « ou ».
Pourtant la prononciation « a-ou
» reparaît à partir du XIX e siècle chez les orateurs démocrates et chez les
poètes comme Sainte-Beuve, V. Hugo et H. de Régnier et on serait disent -ils,
dans la vraie tradition française en prononçant toujours et uniquement « ou
».
Littré écrit « l’« a »
ne se prononce pas bien que certaines personnes prononcent « a-ou ».
Mais il dit lui aussi : « le « t » ne se lie pas ;
la mi-août, dites la mi-ou ». C’est ce que tournait en dérision Ménage qui
écrivant au Président Bellière ( Nicolas de Bellière Président à mortier au Parlemnt de Paris 1593 - 1650) « s’imaginer
entendre miauler les chats quand les Procureurs, à l’audience, disent que
l’affaire est reportée à la mi-août » !
Bien sûr nous pensons ici au "Duo des chats, Duetto buffo di due gatti", ce merveilleux duo humoristique de deux chats de Rossini.
L'article du célèbre Littré est d’autant plus étonnant que d’autres mots dérivent de ce nom. Et son dictionaire en donne un série dont beaucoup ont disparu de nos vocabulaires.
Comment allons-nous appeler ceux
qui prennent de vacances en ce mois d’août nos « aoutiens » ?
Quel nom allons-nous donner à cet
acarien, « l’aoutat » qui provoque des démangeaisons si
désagréables en cette saison ? Les jardiniers conseillent de choisir un «
bois aoûté » pour de jeunes branches dont le bois s’est endurci avant
l’hiver, pour faire des greffes. On parle encore, mais moins souvent, d’un
melon « aouté » pour un melon bien muri par la chaleur. Plus
rare à trouver et si bon !
« Août donne du goût !» C’est
la température du mois d’août qui fait que le vin est bon ou mauvais.
Bon mois d’août 2024
Jean Mignot
De Mai 2024, de la fête
du Travail et du Muguet
« Voici le mois de mai où les fleurs volent au vent. » (Air
connu). Ce mois de mai chanté par les poètes avec des
belles chansons qui vont du « temps
du muguet » au « temps des
cerises » est marqué par la fin de la lune rousse et les derniers
saints de glace, par la fête du travail, mais aussi par celles de l’Ascension et de Pentecôte, qui nous valent des jours fériés et toutes sortes de
pont et de congés que nul n’oserait remettre en cause même s’ils sont reliés à
des fêtes religieuses ! Cette année les dates de ces jours et fêtes
permettent d’obtenir des périodes de repos conséquentes, de détente et de
loisirs. Je ne peux m’empêcher de penser à une autre année où quelques-uns de
ces jours tombant un dimanche, plus la Pentecôte en juin, les représentants du
personnel m’avaient demandé de compenser par des jours de repos
supplémentaires. Sans commentaires !
Pour les salariés selon
le droit du travail et sans entrer dans le détail des conventions collectives, accords
d’entreprises et autres évolutions genre RTT, c’est avant le 31 de ce mois
qu’il faut solder les jours de congés acquis au titre des mois de travail qui
précédent. Je cite ce détail de la référence mai pour les congés payés car je
trouve que c’est une curiosité de plus de ce mois qui se termine fin de mois le
26 par la populaire « fête des Mères »
qui à elle seule mérite une explication. Ce sera pour une autre fois.
Mai est le mois de
toutes les espérances, en particulier pour du beau temps qui a du mal à venir
cette année
car nous sommes encore dans la lunaison dite de « Lune Rousse ».
Ce sera aussi le mois de toutes sortes de
promesses et de pugilats vu les élections qui auront lieu en juin, ce qui
m’amène à rappeler que c’est au mois de mai qu’on tire l’expression «
planter le mai ». Quand il y avait des élections municipales et que les
élus l’étaient pour la première fois, ses colistiers venaient planter un arbre
en son honneur. C’était souvent l’occasion d’un bon repas ou du moins de boire
ensemble un bon verre. L’arbre était généralement un sapin ébranché auquel on
ne conservait que la cime. Il était décoré d’un drapeau tricolore, parfois
d’une pancarte sur laquelle était écrit : « Honneur à notre élu » C’est
une tradition qui se perpétue encore dans nos campagnes. Le fera-t-on à Pont
Saint Esprit qui vient d’élire ses nouveaux élus ? Les traditions se
perdent. Je ne pense pas qu’on la remette celle-là en vigueur pour les
prochaines élections européennes !
Une autre très vieille coutume voulait que ce
soit le mois que se tiennent les assemblées politiques. En réalité, cela se
passait d’abord au mois de mars chez les Francs, et les guerriers se
réunissaient autour de leur chef, dans un lieu qu’on appelait « le Champ de
Mars ». Si le discours des chefs plaisait, les guerriers applaudissaient en
frappant sur leurs boucliers avec leurs framées. Sinon ils étouffaient sa voix
par des murmures. Les framées ont été remplacées par les vociférations de nos
élus dans nos assemblées nationales. Las, ils ne peuvent plus faire claquer
leurs pupitres pour couvrir les voix des orateurs mais ils ont su renouveler de
façon tragicomique mais parfois inacceptable la façon de dire leurs désaccords.
Par contre je préciserai aussi que chez les Francs, il n’était pas question
d’absentéisme !
Sous Charlemagne, la date de ces assemblées fut
repoussée au mois de mai. Les évêques, qui sous Clovis avaient été admis à ces
assemblées, prirent bientôt un rôle tellement prépondérant, rejoignant le pouvoir des
comtes et seigneurs, que le rôle des guerriers s’effaça peu à peu. Ces
assemblées disparurent à la fin de l’empire carolingien ; « les champs de
mai » furent remplacés par « les Etats Généraux ». On se souvient en
particulier de ceux de mai 1302 sous Philippe le Bel et plus généralement de
ceux de mai 1789 !
A Rome, ce mois était consacré à Malia, ou Maïa, mère
de Mercure et déesse de la terre qui nourrit les hommes. On y célébrait la fête
des esprits malins. Mai était considéré comme néfaste aux unions et Ovide
déconseillait « d’allumer en ce mois
les flambeaux de l’hyménée, car ils se changeaient bientôt en torches funestes ».
Au Moyen Age, l’auteur du calendrier des laboureurs confirme cette
réputation : « Si le
commun du peuple dit vrai, mauvaise femme s’épouse en mai ». On dit
aussi : « Noces de mai,
noces mortelles ».
L’Eglise a fait de ce mois un mois consacré à la
Vierge Marie.
Mai, c’est le Floréal du calendrier républicain. Les
Romains célébraient en fin avril et au début mai, la fête de Flore. C’est
l’origine de nos « Floralies »
et de nos « fêtes des jardins »
comme celles organisées en Uzège et dans la région.
C’est à Uzès, un beau jour de mai 1654, que vit
le jour le « roi des triolets » comme le déclarait le célèbre
érudit Ménage. Jacques de Ranchin, neveu des Ranchin d’Uzès, vit sortir de
l’hôtel d’Aigaliers, Place aux Herbes à Uzès, une jeune créature aux allures de
déesse. C’était Sylvie de Rossel, petite fille du propriétaire de l’hôtel. C’est le « coup de foudre » !
Ébloui par sa beauté il ne la quitte pas de la journée et le soir même il
compose pour elle ce fameux poème de huit vers :
Le
premier jour du mois de Mai Fut le
plus heureux de ma vie. Je vous
vis et je vous aimai, Le premier jour du mois
de Mai. |
Le beau
dessein que je formai ! Si ce
dessein vous plait Sylvie, Le premier jour du mois de Mai, Fut le plus heureux de ma vie. |
Le lendemain il alla
demander la main de Sylvie, et le 24 mai 1654, bien qu’il soit de mauvais goût
de se marier en mai, il l’épousait au temple d’Uzès. Ce furent des noces
splendides qui durèrent un mois. Le récit de ces fêtes fastueuses a fait
l’objet d’un long récit par la Baronne de Charnisay, Marguerite Verdier de
Flauxpublié dans la Cigale Uzégeoise en 1931.
Au moment où nous entendons toutes sortes
d’interprétations, parfois fantaisistes, sur les origines des fêtes du 1er
mai, et du muguet, et alors que nous Français, imaginons que nous sommes seuls
au monde et que nous avons tout inventé, il me semble de bon ton de rappeler
que l’origine du 1er mai se trouve chez nos cousins d’Amérique.
Au cours du IVe congrès de l’American
Federation of Labor, en 1884, les principaux syndicats ouvriers des
États-Unis s’étaient donnés deux ans pour imposer aux patrons une limitation de
la journée de travail à huit heures. Ils avaient choisi de débuter leur action
un 1er mai parce que beaucoup d’entreprises américaines entamaient
ce jour-là leur année comptable.
Beaucoup de travailleurs obtiennent immédiatement
satisfaction de leur employeur. D'autres, moins chanceux, au nombre d’environ
340.000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder. Le 3 mai 1886,
une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick
Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la
soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square. Il ne reste
plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C’est alors qu’une bombe
explose devant les forces de l’ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les
rangs de la police.
Trois syndicalistes sont jugés comme anarchistes
et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre
1886 malgré des preuves incertaines. Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à
Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, Augustin
Spies : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix
que vous étranglez aujourd’hui»
Trois ans après le drame de Chicago, la IIe
Internationale Socialiste réunit à Paris son deuxième congrès, 42, rue
Rochechouart, salle des « Fantaisies parisiennes » (quel drôle de
rapprochement !), pendant l’Exposition universelle qui commémore le
centenaire de la Révolution française.
Les congressistes se donnent pour objectif la
journée de huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant
chômé). Jusque-là, il était habituel de travailler dix ou douze heures par jour
(en 1848, en France, un décret réduisant à 10 heures la journée de travail n'a pas résisté plus de
quelques mois à la pression patronale).
Le 20 juin 1889, sur une proposition de Raymond
Lavigne, un bordelais !!! le congrès socialiste décide qu’il sera « organisé une grande manifestation à date
fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le
même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de
réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les
autres résolutions du congrès. » La
première date est fixée au 1er mai 1890. On dit souvent que Raymond Lavigne est le véritable "père du 1er mai".
Le 1er mai 1891, à Fourmies, une petite ville du Nord de la France, la manifestation tourne au drame. La troupe équipée des nouveaux fusils Lebel et Chassepot tire à bout portant sur la foule pacifique des ouvriers. Elle fait dix morts dont 8 de moins de 21 ans. L’une des victimes, l’ouvrière Marie Blondeau, habillée de blanc et les bras couverts de fleurs, devient le symbole de cette journée.
Avec le drame de Fourmies, le 1er mai
s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens.
Quelques mois plus tard, à Bruxelles,
l’Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et
international du 1er mai. L’horizon paraît s’éclaircir après la
première guerre mondiale. Le 23 avril 1919, le Sénat français avait ratifié la
journée de huit heures et fait du 1er mai suivant, à titre
exceptionnel, une journée chômée. Le traité de paix de Versailles, le 28 juin
1919 fixe dans son article 247, « l’adoption de la journée de huit heures
ou de la semaine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle
n’a pas encore été obtenue ».
Les manifestations du 1er mai ne se
cantonnent plus dès lors à la revendication de la journée de 8 heures. Elles
deviennent l’occasion de revendications plus diverses.
La Russie soviétique, sous l’autorité de Lénine,
décide en 1920 de faire du 1er mai une journée chômée. Cette
initiative est peu à peu imitée par d’autres pays.
En France, les manifestations du 1er
mai 1936 prennent une résonance particulière car elles surviennent deux jours
avant le deuxième tour des élections législatives qui vont consacrer la
victoire du Front populaire et porter à la tête du gouvernement français le
leader socialiste Léon Blum
C’est pendant l’occupation allemande, le 24 avril
1941, sous le régime présidé par le Maréchal Pétain, que le 1er mai
est officiellement désigné comme la Fête du Travail et de la Concorde sociale
et devient chômé. Cette mesure est destinée à rallier les ouvriers au régime de
Vichy. Son initiative revient à René Belin, un ancien dirigeant de l’aile
socialiste de la CGT (Confédération Générale du Travail) devenu secrétaire
d’État au Travail dans le gouvernement du maréchal Pétain. Déjà une
cohabitation ! À cette occasion, la radio officielle ne manquait pas de
préciser que le 1er mai coïncidait avec la fête du saint patron du
Maréchal, Saint Philippe (aujourd’hui, ce dernier est fêté le 3 mai) ! Dans
notre ambiance actuelle il ne semble pas convenable de citer cette origine !
Tant pis. Je le fais !
En avril 1947, la mesure est reprise par le
gouvernement issu de la Libération qui fait du 1er mai un jour férié
et payé... mais pas pour autant une fête légale. Autrement dit, le 1er
mai n’est toujours pas désigné officiellement comme Fête du Travail. Cette
appellation n’est que coutumière et en droit du travail, il n’obéit pas à la
même réglementation que les autres fêtes légales.
En 1955, le pape Pie XII institue la fête de
saint Joseph artisan, destinée à être célébrée le 1er mai de chaque
année.
L’origine et la tradition du muguet du premier mai est toute autre et on oublie qu’elle n’a pas toujours été une tradition de la Fête du Travail.
En France, dès 1890, les manifestants du 1er
mai avaient pris l’habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle
rouge, pour symboliser la division de la journée en trois parties égales : 8
heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Ce principe
d’équilibre entre le travail, et le repos ainsi que les loisirs est bien
inscrit dans la loi sur les trente-cinq heures !
Le triangle rouge est quelques années plus tard
remplacé par la fleur d’églantine. En 1907, à Paris, le muguet, symbole du
printemps en Île-de-France, remplace cette dernière, reprenant en cela une
tradition instaurée sous Charles IX, qui le 1er mai 1561, ayant reçu
un brin de muguet en guise de porte-bonheur, avait décidé d’en offrir chaque
année aux dames de la cour. La tradition était née.
Si on veut être fidèle à l’histoire et au
symbolisme du muguet du 1er mai, il faudrait que tout brin ou
bouquet de muguet soit accompagné d’un ruban rouge, ou d’une fleur rouge.
Demandez donc à votre fleuriste s’il sait pourquoi il propose de nous le vendre
sous cette présentation. Ce n’est pas que pour un côté esthétique !
La chanson : « Il est revenu le temps du muguet » est associé à ce jour, semble-t-il depuis 1936.
Le
muguet, doit son nom au parfum de « muscade ». En ancien français, on
écrivait « musgue » ou « musque ». « Mugueter » c’était
« conter fleurette », « flirter ». Longtemps furent
organisées en Europe des « bals du muguet ». C’était un des seuls
bals de l’année où les parents n’avaient pas droit de cité. Ce jour-là les
jeunes filles s’habillaient de blanc et les garçons ornaient leur boutonnière
d’un brin de muguet.
Un « muguet » c’était un jeune élégant.
Une « muguette » une jeune élégante. Un « muguet » affecte
« d’estre propre, paré, mignon
auprès des Dames. » Il fait le « muguet ». On dirait aujourd’hui il fait le beau…
ou il drague !
Une « muguette » sent bon comme le
muguet…
Et les saints de Glace dans tout ça ! Tout d’abord ne les cherchez pas sur le calendrier. Mamert Pancrace et Servais, ont été remplacés les 11, 12 et 13 mai, par Estelle, Achille et Rolande. Cette substitution fut décidée après le dernier concile Vatican II lorsqu’on nettoya le calendrier de tous les personnages « douteux » qui avaient souvent donné lieu à des pratiques rituelles peu conformes avec la liturgie et entachées de fond païen.
Mais
les supprimer n’a rien changé au temps et aux influences de la lune. Et nous
voyons bien que les prévisions météo des prochains jours sont encore bien
mauvaises.
Nous
ne serons pas tranquilles tant que la Lune Rousse ne sera pas passée ! Le
dicton qui nous incite à la prudence vestimentaire en avril reste en
pleine actualité : « En mai
fait ce qu’il te plait, en provençal : oou mes de maï faï ce que ti plaï ». On dit aussi :
« qui s’alaoujo avant lou mes de
maï, segur nuon soou ce que faï « . La Nouvelle Lune c’est le 8
mai…
Ne
nous réjouissons pas trop vite, fatigués que nous sommes du mauvais temps amené
par les Cavaliers du Froid ! « Méfiez-vous
de saint Mamert, De saint Pancrace et de saint Servais, car ils amènent un
temps frais, Et vous auriez regret amer. »
Ces fêtes de saints passées, nous pourrons alors
respirer et penser à du meilleur temps à partir du 25 mai, pour la saint
Urbain. (Ce n’est pas un vilain jeu de mots qui a fait placer en ce mois la
fête du travail…prononcez-le à haute voix !) ) « Que la saint Urbain ne soit passée, Le vigneron n’est pas
assuré. »
Déjà, le 14 mai pour la saint
Boniface :« Au jour de la saint
Boniface, Toute boue s’efface ».
Et pour la sainte Denise, le 15 mai :
« A la sainte Denise, le froid n’en
fait plus à sa guise. »
Pour l’Ascension, le 9 mai cette année,
pourra-ton dire : « A l’Ascension,
dernier frisson. » ?
Nous ne serons vraiment tranquilles qu’après le
25 mai, car : « le vigneron
n’est pas assuré que la saint Urbain ne soit passée... » Et pour
nous remettre de toutes les émotions de ce mois de mai, nous aurons la fête de
Pentecôte le 19 mai et la Féria de Nîmes ! pour les aficionados…
A Diou sias !
30 avril 2024
du mois d’avril 2024 et de la Lune Rousse
Elle est là et bien là, même si personne ne nous
en parle. Certes c’est plus directement intéressant, surtout en période de
vacances, de savoir le temps qu’il fait ou qu’il va faire, d’autant plus qu’on
ne peut pas vraiment parler d’effets de la lune puisque c’est un astre qui n’a
pas de rayonnement. Tout juste si face à la chute des températures on nous a
rappelé « en avril ne te découvre pas d’un fil ». Après
les dégâts laissés par la tempête Pierrick, la baisse des températures s’accentue
et ce dimanche encore elle a fait la une des journaux télévisés, avec des
reportages sur les agriculteurs qui prennent toutes dispositions pour protéger
leurs futures récoltes. L’influence d’une zone de froid envahit notre pays, y
compris le Sud, même si nous avons beaucoup de soleil et voilà avec la Pleine
Lune du 24 avril les Cavaliers du Froid qui sont là avec leurs dictons
prévenant de leur influence néfaste. Le beau temps et la chaleur de ces
derniers jours nous l’avaient fait oublier : tout cela est bien «
un temps de lune rousse ».
Les textes et les dictons les plus anciens
témoignent que ce genre de temps s’est déjà produit en ces périodes où il
n’était pas encore question de réchauffement climatique.
La Lune Rousse c’est la lunaison qui commence en
avril et dont la Pleine Lune a lieu fin avril ou début mai. Cette année du 8
avril au 8 mai.
En cette période de l’année, le soleil déjà haut
reste de plus en plus avec nous (+1h30 en avril et 1h22 en mai). Quand le ciel
est dégagé, le thermomètre indique 19 °, 20°, 24 ° dans la journée. Les petites
pousses, les fruits en formation, se gorgent de chaleur. Mais la terre met très
longtemps à se réchauffer. Quand le soleil se couche la fraîcheur tombe. Le
froid se rétablit. La terre n’a pas encore de chaleur à restituer.
Progressivement une rosée froide recouvre les végétaux. Elle peut devenir
glaciale au lever du jour, même si le thermomètre marque 4 ou 5°, ou moins. Les
jeunes espoirs de récolte sont alors détruits. Les petites pousses prennent une
apparence de roussi. Les embryons de fruits deviennent noirs à l’intérieur de
l’ovaire. C’est l’effet de « Lune Rousse ». Ce phénomène ne se
produit que lorsque le ciel est parfaitement dégagé et sans nuages.
C’est pendant cette lunaison qu’on trouve les Saints
de Glace qui ne sont pas uniquement les trois bien connus du mois de mai, mais
aussi les Saint Cavaliers ou Cavaliers du froid dont les premiers sont cette
semaine. Ce phénomène se produit avec
d’autant plus de certitude que le cycle de la lune et ses phases correspondent
à la date de leurs fêtes. Vous savez en effet que la durée de la lunaison est
plus courte que celle de nos mois du calendrier. Le décalage fait que ces
constats ne sont pas toujours vérifiables selon les années.
Cette année il se trouve que les moments de la
lunaison correspondent de plus près aux fameux dictons que nos Anciens avaient
établis, sur la base de leurs constats.
Déjà en mars la Nouvelle Lune a été marquée par
des très grandes marées et après la Pleine Lune du 25 mars et l’éclipse passée
inaperçue, les « jours de la vieille » ou « vaquerieu »,
ont été bien fidèles à leur mauvaise réputation.
La Lune Rousse a aussi très mauvaise réputation
et elle nous a laissé un très grand nombre de dictons. « Lune rousse, vide bourse » ; « lune rousse, rien
ne pousse » ; « Gelée de lune rousse de la vigne ruine la
pousse ». On trouve même : « Il n'est si gentil mois
d'avril qui n'ait son manteau de grésil. »
Malgré l’invention du thermomètre
et du baromètre on a eu pendant très longtemps peu de moyens pour analyser et
surtout prévoir le temps. D’où l’importance d’ouvrage comme notamment cette « histoire du climat »
de Mr Emmanuel Leroy Ladurie disparu en fin 2023, et de nos dictons qui
reposent sur les observations de nos Anciens !
Il faut se rappeler
que les organismes chargés d’étudier le temps sont de création relativement
récente. L’observatoire de Paris date de 1667et les prévisions météo ne sont
pas dans ses attributions. Le Bureau des longitudes, créé par une loi de la
Convention Nationale le 7 Messidor de l’An III sur un rapport lu par l’abbé
Grégoire avait surtout comme objectif, grâce à l’amélioration de la détermination
des longitudes en mer, de reprendre la maîtrise des mers aux Anglais. Pourtant
il sera bien vite chargé de la rédaction de « La
connaissance des temps » une publication annuelle
contenant des tables astronomiques où on commence à parler du temps. On ne
parle pas encore de météorologie.
Il faudra attendre la guerre de Crimée et la violente tempête du 14 novembre 1854 qui ravagea les campements alliés et la flotte
en rade de Sébastopol pour que Napoléon III par un décret du 30
janvier 1854 modifie profondément les attributions du Bureau et crée un
véritable réseau d’observatoires pour analyser toutes ces données et prévoir
autant que possible le temps qu’il va faire.
Cette tempête, étudiée par le météorologue Emmanuel
Liais, est à l'origine de la création du premier service météorologique
français. L'astronome Urbain Le Verrier avait démontré, en effet, à
l'Empereur Napoléon III que les armées auraient pu être prévenues à l'avance de
l'arrivée de la tempête si un réseau d'observations relayées par le télégraphe
avait été en place.
C’est
dans ce contexte général et bien avant la création de ce réseau d’observatoires
aujourd’hui remis en cause par l’évolution connaissances et des techniques que
se situe cette anecdote qui concerne la Lune Rousse et qui sous la plume du
savant Arago dans « la connaissance du temps » nous éclaire sur ce
phénomène. « Je suis charmé de vous voir réunis autour de moi, dit un
jour Louis XVIII aux
membres composant une députation du Bureau des Longitudes qui étaient allés lui
présenter la Connaissance des Temps et l’Annuaire, car vous
m’expliquerez nettement ce que c’est que la Lune rousse et son mode d’action
sur les récoltes. » Laplace, à qui s’adressaient plus particulièrement ces
paroles, resta comme atterré ; lui qui avait tant écrit sur la Lune,
n’avait en effet jamais songé à la Lune rousse. Laplace consultait tous ses
voisins du regard, mais ne voyant personne disposé à prendre la parole, il se
détermina à répondre lui-même : « Sire, la Lune rousse n’occupe
aucune place dans les théories astronomiques ; nous ne sommes donc pas en
mesure de satisfaire la curiosité de Votre Majesté. » Le soir, pendant son
jeu, le roi s’égaya beaucoup de l’embarras dans lequel il avait mis les membres
de son Bureau des Longitudes. Laplace l’apprit et vint me demander à
l’Observatoire si je pouvais l’éclairer sur cette fameuse Lune rousse qui
avait été le sujet d’un si désagréable contre-temps. Je lui promis d’aller aux
informations auprès des jardiniers du Jardin des Plantes et d’autres
cultivateurs. Telle a été l’origine du chapitre qu’on va lire. Il est bien loin
de ma pensée d’attribuer le moindre mérite aux réflexions que la Lune rousse
m’a inspirées ; mais comme je vois les lignes suivantes reproduites en
substance dans des ouvrages récents et sans indication de la source où les
auteurs ont puisé, pour éviter tout soupçon de plagiat, je ferai remarquer
qu’elles ont paru dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes de 1827, en
sorte qu’en cas de contestation, je pourrais presque invoquer la prescription
légale. (ceci se réfère au fait que plusieurs
écrits d’Arago avaient été publiés sans son accord)
On croit généralement, surtout près
de Paris, que la Lune, dans certains mois, a une grande influence sur les
phénomènes de la végétation. Les savants ne se sont-ils pas trop hâtés de
ranger cette opinion parmi les préjugés populaires qui ne méritent aucun
examen ? Le lecteur va en juger.
Les jardiniers donnent le nom de Lune
rousse à la Lune qui, commençant en avril, devient pleine soit à la fin de ce
mois, soit plus ordinairement dans le courant de mai. Suivant eux, la lumière
de la Lune, dans les mois d’avril et de mai, exerce une fâcheuse action sur les
jeunes pousses des plantes. Ils assurent avoir observé que la nuit, quand le
ciel est serein, les feuilles, les bourgeons exposés à cette lumière
roussissent, c’est-à-dire se gèlent, quoique le thermomètre, dans l’atmosphère,
se maintienne à plusieurs degrés au-dessus de zéro. Ils ajoutent encore
que si un ciel couvert arrête les rayons de l’astre, les empêche d’arriver
jusqu’aux plantes, les mêmes effets n’ont plus lieu sous des circonstances de
température d’ailleurs parfaitement pareilles. Ces phénomènes semblent indiquer
que la lumière de notre satellite est douée d’une certaine vertu
frigorifique ; cependant, en dirigeant les plus larges lentilles, les plus
grands réflecteurs vers la Lune, et plaçant ensuite à leur foyer des thermomètres
très-délicats, on n’a jamais rien aperçu qui puisse justifier une aussi
singulière conclusion. Aussi, dans l’esprit des physiciens, la Lune rousse se
trouve maintenant reléguée parmi les préjugés populaires, tandis que les
agriculteurs restent encore convaincus de l’exactitude de leurs observations.
Et Arago poursuit son intervention en
argumentant son propos avec la belle découverte de Wells qui, dit Arago : «
me permettra, je crois, de concilier ces deux opinions, en apparence si
contradictoires. » Wells est un médecin né aux Etats-Unis en 1757 dans
une famille écossaise installée en Caroline du Sud.
Personne avant Wells n’avait imaginé
que les corps terrestres, sauf le cas d’une évaporation prompte, pussent
acquérir la nuit une température différente de celle de l’atmosphère dont ils
sont entourés. Ce fait important est aujourd’hui constaté. Si l’on place en
plein air de petites masses de coton, d’édredon, etc., on trouve souvent que
leur température est de 6, de 7 et même de 8 degrés centigrades au-dessous de
la température de l’atmosphère ambiante. Les végétaux sont dans le même cas. Il
ne faut donc pas juger du froid qu’une plante a éprouvé la nuit, par les seules
indications d’un thermomètre suspendu dans l’atmosphère. La plante peut être
fortement gelée, quoique l’air se soit constamment maintenu à plusieurs degrés
au-dessus de zéro.
Ces différences de température entre
les corps solides et l’atmosphère ne s’élèvent à 6, 7 ou 8 degrés du
thermomètre centésimal, que par un temps parfaitement serein. Si le ciel est
couvert, la différence disparaît tout à fait ou devient insensible.
Me voilà pour ma part conforté dans
ce que je rappelle dans cette chronique, à savoir, malgré l’absence de
rayonnement de la lune, l’importance de la Lune Rousse et la nécessité d’en
tenir compte à l’appui de nos dictons qui sont issus des longues observations
de nos agriculteurs depuis de longues années.
Dans les nuits des mois d’avril et de
mai, la température de l’atmosphère n’est souvent que de 4, de 5 ou de 6 degrés
centigrades au-dessus de zéro. Quand cela arrive, les plantes exposées à la
lumière de la Lune, c’est à-dire à un ciel serein, peuvent se geler nonobstant
l’indication du thermomètre. Si la Lune, au contraire, ne brille pas, si le
ciel est couvert, la température des plantes ne descendant pas au-dessous de
celle de l’atmosphère, il n’y aura pas de gelée, à moins que le thermomètre
n’ait marqué zéro. Il est donc vrai, comme les jardiniers le prétendent,
qu’avec des circonstances thermométriques toutes pareilles, une plante pourra
être gelée ou ne l’être pas, suivant que la Lune sera visible ou cachée
derrière les nuages ; s’ils se trompent, c’est seulement dans les
conclusions : c’est en attribuant l’effet à la lumière de l’astre. La
lumière lunaire n’est ici que l’indice d’une atmosphère sereine ; c’est
par suite de la pureté du ciel que la congélation nocturne des plantes s’opère ;
la Lune n’y contribue aucunement ; qu’elle soit couchée ou sur l’horizon,
le phénomène a également lieu. L’observation des jardiniers était incomplète,
c’est à tort qu’on la supposait fausse. »
Et Arago conclut : Les
jardiniers ne se trompent pas sur le phénomène, mais sur son interprétation.
Ils attribuent « l’effet à la lumière de l’astre » alors que
« la lumière lunaire n’est ici que l’indice d’une atmosphère
sereine ». Donc « la Lune n’y contribue nullement ». il n’y a
pas de lien de cause à effet entre eux – c’est un bel exemple illustrant une
corrélation (deux éléments ayant la même cause), sans qu’il y ait causalité de
l’une à l’autre (la Lune rousse n’est pas la cause du gel, et l’inverse non plus).
Les savants viennent ici au secours de la sagesse
populaire qui avait fait les mêmes observations depuis belle lurette, dictons à
l’appui. Celle longue citation me paraissait indispensable en ces jours où nous
constatons par nous même que « le fonds de l’air est frais » alors
que nulle part, ni à la télévision ni les différents services de météorologie
ne nous parlent de Lune Rousse et des Saints de Glace.
J’ai souvent écrit dans ces chroniques que quand
la Pleine Lune ou la Nouvelle Lune se produit proche du périgée ou de l’apogée
de la course lunaire, il y a danger de perturbations. Cela est accentué quand
il y a éclipse, même si elle n’est pas visible chez nous. Ça a été le cas en
mars et au début avril avec la tempête Pierrick à la Nouvelle Lune du 8 et nous
voici ce 20 avril à l’apogée, avec un nœud lunaire le 22 et la Pleine Lune le
24.
Or le 23 avril est le jour du premier des saints
Cavaliers ou Cavalier du froid, Saint Georges. « Pluie de saint Georges, coupe les cerises à la gorge ! » ou « S’il pleut à la saint Georges, de cent cerises, restent quatorze. »
Ou encore : « S’il pleut à la saint Georgeau, n’y aura
guignes ni bigarreaux »
Nos agriculteurs ont
bien raison de prendre toutes sortes de dispositions pour tenter d’éviter ces
dégâts !
Le
25 avril Saint Marc nous apporte un autre éclairage « S’il pleut le jour de la saint Marc, Les guignes couvriront le parc ».
« A la saint Marc s’il tombe de l’eau, il n’y aura pas de fruits à couteau ».
C’est à dire de fruits dont on enlève la peau avec un couteau pour les
manger.
On associe à ces deux « cavaliers » saint
Philippe autrefois célébré le 1er mai pour affirmer : « Marquet (Marc), Georget (Georges),
et Philippet (Philippe), Sont trois casseurs de Gobelets. » Rabelais fin amateur de bon vin et de bonne
chère l’écrit ainsi : « Geourgeot,
Marquot, Philippot, Crousot et Jeannot sont cinq malins gaichenots [garçonnets]
qui cassent souvent nos goubelots [gobelets]. » Pourquoi casseurs de gobelets ? Parce que le froid ou la
grêle ces jours–là est néfaste pour la vigne, donc au vin, donc aux pichets et
aux gobelets. On dit encore :« Trois
saints dont faut se méfier… ».
Selon les endroits on leur associe saint Robert le
29 avril ou saint Eutrope le 30 avril : « Gelée de saint Georges, saint Marc, saint Robert, récolte à
l’envers ». Mais
on dit aussi : « La pluie
de saint Robert du bon vin emplira ton verre ».
Si
donc il pleut à ce jour-là, tout ne sera pas négatif !…
Par
contre s’il pleut ensuite pour les saints suivants ce sera différent. Le 30 avril pour Saint Eutrope (ou
Tropet) : « Saint Eutrope mouillé cerises estropiées. »
Sans me lancer dans
des prévisions du temps qu’il pourrait faire dans les jours qui viennent, je
vous donne ces indications et je rappelle ces dictons car nous ne pourrons être
tranquille qu’après les trois Saint de Glace qui sont les seuls qu’on a retenus
et dont la fête est les 11,12 et 13 mai. « Mamert,
Servais et Pancrace, voilà les trois saints de glace. » Je
garde pour une autre fois tous les dictons les concernant, pour ne pas trop saper
votre moral La Nouvelle Lune étant le 8 mai, on peut espérer alors des temps meilleurs.
« Récolte
n’est point assurée que la lune rousse soit passée ».
Jean Mignot le 21 avril 2024
Du temps de Mars 2024
Ce lundi 25 mars 2024, à 8h du matin ce sera la
Pleine Lune. J'ai souvent écrit que les jours autour de la Pleine Lune ou de la
Nouvelle Lune étaient des jours où l'on enregistrait fréquemment des
perturbations atmosphériques, et ceci d'autant plus que la lune est proche de
nous, à son périgée, ou plus éloignée à son apogée.
La Nouvelle Lune du 10 mars était à son périgée, et marquée non seulement par
des marées très importantes - on a dit « les marées du siècle » -
que par le mauvais temps qui a provoqué, du moins chez nous dans le Gard les
dégâts que l'on sait. Hélas !
Et voici que cette Pleine Lune amène une chute
importante des températures. De plus cette lune est accompagnée d'une éclipse
de lune et d'une comète qui va traverser notre ciel. Nos ancêtres ont toujours
fait des rapprochements entre ces évènements et le mauvais temps, au point que pour ce temps de fin mars il existe une belle légende, celle des "jours de la
vieille" ou en Provence et chez nous "li Vaquerieu" ou "
Jours de la vache"
Voici l’histoire : Une vieille
dame, s’étant gaussée d’un hiver bien peu rigoureux, avait perdu son troupeau
de vaches, à cause des assauts du mauvais temps, par périodes de rafales
brusques et imprévues, que rappellent à notre mémoire quelques vieux dictons
que j’ai souvent portés à votre connaissance.
Elle ne se découragea pas pour autant et remplaça
son troupeau par autant de vaches, plus robustes, pensait-elle… !
Le mois de mars fut favorable à son élevage et
elle n’avait qu’à s’en féliciter. A la lumière de l’expérience elle eût dû en
rester là. Elle eut la sottise de dire :
« En escapant de mars e de marséu
aï escapa mi vaco e mi
vedéu. »
En échappant à mars et à
ses giboulées
J’ai sauvé mes vaches et
mes veaux.
Fâché d’une telle
ingratitude, le mois de mars vint trouver son voisin :
« Abriéu, n’aï plus que tres jour ;
Presto-m’en quatre
Li vaco de la vieio faren batre. »
Avril, je n’ai plus que
trois jours ;
Prête-m’en quatre
Les vaches de la vieille
nous ferons battre.
Avec l’accord d’avril, une gelée tardive tua la
végétation et cette fois encore la vieille perdit son troupeau.
Voilà donc ces jours de mauvais temps qu'on nous annonce partout. « E li jour negre de la vaco… » écrit notre grand Frédéric Mistral dans le chant VII de Mireio.
Je peux citer quelques variantes, tout en invitant ceux qui parmi vous connaîtraient d’autres versions à me les faire parvenir, ce qui serait certainement très intéressant pour notre mémoire commune.
Dans un vieil hameau de Provence,
après un hiver peu rigoureux, une vieille se moqua du mois de février parce que
celui-ci n’avait pas été très rude. Le mois de février en fut très fâché. Il
demanda au mois de mars de bien vouloir lui prêter trois jours. Souvenons-nous
que février, même avec son 29ème jour de complément,
improprement appelé « bissextile » - je vous ai expliqué
pourquoi - est le plus court de tous les mois de l’année. Alors se leva un
mistral fou qui emporta tout sur son passage. Il fit froid. Le troupeau de
brebis - les bédigues - de la vieille moururent. Elle se lamenta quelques
jours puis décida d’acheter des vaches car elle pensait qu’elles résisteraient
mieux au mauvais temps. Vers la fin du mois de mars, il faisait beau, les
arbres fruitiers avaient déjà fleuri, les rosiers commençaient à ouvrir leurs
boutons, Pâques était là, l’équinoxe était passée, le printemps était là. La
vieille dansait de joie pensant avoir sauvé vaches et veaux. Mars se vexa et
voyant que le mois allait se terminer sans qu’il ait pu faire périr les vaches
de la vieille, il se retourna vers son voisin avril et lui demanda de lui
prêtre quatre jours. Des gelées survinrent et brûlèrent la végétation. Les
vaches périrent. Ainsi, soit durant les derniers jours de février, soit les
trois premiers jours de mars ou pendant les derniers jours de ce mois ou encore
au début du mois d’avril on peut encore entendre, dans les campagnes de nos
pays d’Oc, les lamentations de la vieille, portées par le fort vent qui souffle
alors.
Selon d’autres versions, la vieille, sortant trop tôt son troupeau de l’étable, voit celui-ci pétrifié. D’autres disent que c’est la vieille elle-même qui est pétrifiée comme chez les Aït Ouaran qui disent que les mégalithes du Mont Buiblan, ou le mont lui-même, au sud de Taza, au Maroc, sont la vieille pétrifiée au milieu de son troupeau.
A Fez, chez les Hayaina, on parle
d’une vieille enlevée avec son troupeau de chèvres par un torrent en crue.
Selon les lieux on trouve en effet des variantes sur le bétail : moutons
et brebis, chèvres ou vaches. Ou même d’une seule vache et de son veau. Chez
les Seksawa, plus au sud du Maroc, on dit que la vieille fit tondre son
troupeau trop tôt croyant le froid fini, ce qui contribua à faire périr les
moutons. Chez les Ntifa on parle pour ces jours de fin mars du « jour de
la Chèvre ».
Bien d’autres légendes courent sur ce
thème en Italie, en Espagne, en Grèce et chez les Serbes, en Roumanie et en
Bulgarie, et dans bien d’autres lieux.
Des versions différentes sont
transmises de bouche à oreille avec parfois des versions plus drôles ou plus
grivoises. Je m’en tiendrai aux quelques références données.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la
nature n’a pas fini de nous surprendre. Qu’il faut la respecter, sinon elle
sait nous rappeler à l’ordre.
Les bourgeons des arbres sont encore frêles. La température ressentie va être proche de 2 degrés le matin au moment où le soleil se lève. C'est un moment de fragilité car la température du jour n'a pas encore assez réchauffé la terre. Elle ne peut pas encore rendre assez de chaleur et il se produit une sorte de précipitation qui peut brûler les frêles bourgeons à peine éclots. C'est un phénomène qu'on connait bien et qui se produit plus souvent pendant la période de lunaison qui commencera le 8 avril. Ce sera la Lune Rousse avec sa kyrielle de Saints de Glace dont les premiers sont dès le 23 avril. Leurs fêtes cette annéée coïncident avec la totalité de cette lunaison de mauvaise renommée. Alors « on » dit que le dérèglement des saisons et le réchauffement climatique font avancer de plus en plus cette période dans les calendriers. Eh bien non. Ce sont les Vaqueirieu. Une preuve que cela s’est déjà produit c’est que nos Ancêtres ont écrit une légende.
Cette lune du 25 mars est appelée la « Lune du Ver », je préfère cette appellation à celle de « Lune des vers », pour éviter toute confusion avec ce mois de mars, mois des poètes. "Lune du ver" parce que la terre commençant à se réchauffer les vers de terre commencent leur activité.
Cette première Pleine
Lune de printemps est celle qui détermine la date de Pâques qui a toujours
lieu, depuis le Concile de Trente, « le premier dimanche après la
première lune de printemps ». Cette lune est donc appelée aussi « Lune
Pascale ».
Elle a d’autres noms : Pour les Chinois c’est
: la « Lune endormie ». Dans le calendrier celte c’est la
« Lune des Vents ». Chez les Cherokee c’est la « Lune
Venteuse ». On trouve aussi la « Chaste Lune », et
dans l’hémisphère sud la « Lune des moissons », ou « Lune
du Maïs ». Je pense inutile d’explique pourquoi. « Lune des tempêtes »
aussi, mais c’est quand elle est plus proche de l’équinoxe et marquée par les grandes marées.
De plus cette lune est la deuxième Pleine Lune de
l’année qui se manifeste alors qu’elle est au plus loin de la terre, à son apogée.
Elle aura à nos yeux, mais c’est
difficile de mesurer, une dimension plus petite que les Pleines Lunes
habituelles ou que les Super Moon. Son lever sera moins spectaculaire. On dit d’elle qu’elle est une « microlune ». C’est la deuxième et dernière « microlune »
de l’année 2024.
Cette Pleine Lune coïncide cette année avec une
éclipse lunaire. Une éclipse lunaire qui sera visible depuis l'Amérique du Nord
et du Sud, le nord-est de l'Asie, et la majeure partie de l'Europe, de
l'Afrique et de l'Australie.
Un autre phénomène de ce mois de mars est depuis
le 22 mars dans notre ciel, la venue de la « comète du diable »
– surnommée ainsi en raison de l’apparence qu’elle prend lorsque des
"explosions" à sa surface provoquent l’éjection de gaz et lui donnent une forme « cornue». Elle fait son grand retour dans notre ciel, ce
qui arrive tous les 71 ans. Une aubaine rare pour les astronomes amateurs comme
professionnels ! Nous avons 15 jours pour observer son passage.
Je laisse ici aux diseurs de bonne aventure comme
aux prophètes de malheur, ou à d’autres "Madame Soleil", le soin de nous envahir
de leurs prévisions plus ou moins justifiées, à grand appui d'interprétations d’horoscope.
Nos Ancêtres disaient déjà : « Au
mois de mars, pluie et vent fou, sur nos gardes tenons-nous ». Et le
poète nous dit « Mars qui rit malgré les averses prépare en secret le
printemps ».
D’autres vieux dictons sont autant d’indications
du temps qu’il pourrait faire les mois suivants. « Quand mars se déguise en
été, Avril prend ses habits fourrés. » Ou encore : « Quand
mars fait avril, avril fait mars !
Le mois de mars n’a pas, en effet, la meilleure
des réputations. Il a donné naissance, par ses incartades, à bon nombre de
proverbes et dictons.
Par exemple : « Ce que mars couve, on le
sait après son trente et unième jour ». « Soit au commencement, soit à
la fin, Mars nous montrera son venin ». En
pays d’Oc on dit « Mars marsejo » ce qui veut bien dire :
mars fait son temps de mars, c'est-à-dire mars n’en fait qu’à sa tête ! Mars est capricieux
Des observations qui corroborent ub autre dicton qui
nous dit que si mars se déguise en avril c’est que le froid n’est pas
complètement parti. Et puis il faut voir ce que va donner la Lune Rousse
d’avril.
Quant aux savants et météorologues et autres astronomes, ils pourraient fort bien nous expliquer, sur la base de leurs observations très précises, que le positionnement de la terre dans sa course autour du soleil, ou de la lune dans sa course autour de la terre et la situation de tout cela dans le cosmos planétaire présentent des coïncidences, attestées par des proverbes, dictons ou légendes qui pourraient permettre de dire que tous les éléments sont rassemblés pour qu'avec peu de chances de se tromper, on prévoit le temps qu’il va faire.
En tous cas il ne faut pas ignorer ces phénomènes et leurs influences. Je relève simplement, à l’heure qu’il est et au moment où j’écris, que l’on nous annonce une chute brutale de température, sans parler de la lune. Ces prévisions peuvent évoluer sensiblement. Mais ce qu’on peut affirmer c’est que tous ces derniers jours de mars il fera froid. Les présentateurs des journaux télévisés nous on tous annoncé une chute des températures. On parle même ce matin d'un nouvel épisode "méditerranéen" ou "cévenol". Sans mentionner la lune et nos vieux dictons sur le temps !
" Si l’hiver ne janvroie, si février ne févroie, mars vient que ne laisse rien ».
Pour vous redonner le moral, car je pense qu’avec
ces quelques lignes il risque d’en avoir « pris un coup » comme on dit,
pensons plutôt au printemps des poètes, et à la belle saison qui est arrivée le 20
mars .
Tandis qu’à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletant
Mars qui rit malgré les averses
Prépare en secret le Printemps.
Écrivait Théophile Gautier dans « Premier signes de Printemps » paru en 1852.
Il faut rappeler que notre pays vivait alors de fortes tensions politiques liées au renversement de la IIe République et l'installation du Second Empire.
On n’en est pas là fort heureusement. Vive le
Printemps tant attendu et bonnes fêtes de Pâques.
Jean Mignot en ce soir du dimanche des Rameaux
2024