lundi 31 mars 2025

1 er Avril 2025

 

Le 1er avril n’était pas au programme ! …

« Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contrats, ordonnances, edicts, tant patentes que missives, et toute escripture privé, l’année commence doresénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier. »

Donné à Roussillon, le neufiesme jour d’aoust, l’an de grâce mil cinq cens soixante-quatre. Et de notre règne le quatriesme. Ainsi signé, le Roy en son Conseil. Sébastin de l’Aubespine.

C’est en ces termes en vieux français qu’il fut décidé que désormais ce ne serait plus au mois d’avril que commencerait l’année civile mais en janvier. Le roi et la Cour étaient à Roussillon en Isère. Catherine de Médicis, profitant de la paix retrouvée entre partis catholique et protestant, avait entrepris en janvier 1564, un grand tour de France pour renforcer dans les provinces le sentiment monarchique. Il fallait asseoir l’autorité du jeune roi qui n’avait que 14ans. Un parcours de près de 4000 km qui devait durer deux ans à travers les provinces du royaume avec une cour de 15000 personnes. On imagine difficilement le côté pratique de ce déplacement qui mènera Charles IX  dans le Gard, à Nîmes et au château de Saint Privat au Pont du Gard.

Le 9 juin1564 la Cour fait étape à Lyon, mais une épidémie de peste l’oblige à trouver refuge dans le château de Roussillon quelques 50km plus au sud. Le séjour fut agréable, interrompu par quelques séances de travail. Le souverain était accompagné de ses ministres, Michel de l’Hospital et Sébastien de l’Aubespine. Un édit relatif à la police et à la justice du royaume avait été rejetée par le Parlement de Paris ? On se remit au travail. Le 1er avril n’était pas au programme. Mais on avait constaté au cours de ce voyage à travers les provinces que l’année commençait à des dates variables selon les coutumes et usages locaux, tantôt Noël, tantôt Pâques, ou le 25 mars à Vienne mais le 25 décembre à Lyon ainsi qu’en Poitou, en Normandie ou en Anjou par exemple. On décida d’uniformiser cela. Si on n’a pas la même référence c’est difficile de gouverner. On ajouta un article 39 à cet édit  qui stipula que l’année commencerait désormais le 1er janvier.

Cette disposition fut acceptée et enregistrée par le Parlement de Paris dès 1564 mais appliquée plus ou moins rapidement. A Paris en 1567, à Beauvais en 1580… Les nouvelles ne circulaient pas aussi vite qu’aujourd’hui, sans télévision et sans internet, et il fallait du temps avant qu’une loi soit promulguée…Quand on arriva au 1er avril 1565 certaines régions n’acceptèrent pas la nouvelle disposition. Ces irréductibles continuèrent à recevoir leurs contemporains avec de faux cadeaux, mottes de terre ou bottes de paille. Avec le temps les petits cadeaux d’avril se transformèrent en farces, blagues et canulars. Selon les corps de métiers, on envoyait les apprentis les moins dégourdis en leur demandant de rapporter des objets insolites tels que « la corde à lier le vent », « la passoire sans trou », et « la clef des champs » , « le bâton à un seul bout » ou de « l’huile de coude »…C’est cette page d’histoire qui serait à l’origine de nos poissons d’avril.

Je dois faire remarquer que cet édit de 1564 fut appliqué, avec quelques difficultés dues aux résistances locales toujours très fortes et ça ce n’est pas très nouveau dans notre pays ! , qu’au premier janvier de l’année qui suivait, donc après le 1er janvier 1565, les décisions administratives n’ayant en principe aucun effet rétroactif.

Ce n’est donc qu’après 1564 que progressivement est née la tradition de commémorer feu le début de l’an au 1er avril par toutes sortes de farces et attrapes. Nous l’avons vu, Paris appliqua l’édit en 1567. Beauvais en 1580. Le poisson d’avril ne date donc pas de 1564 mais des années qui suivirent.

D’aucuns prétendent que l’origine est autre et que le poisson d’avril est lié au fait que la lune sort du signe zodiacal des Poissons ; d’autres prétendent que l’origine serait dans le fait qu’avril étant encore en carême on ne mangeait alors que du poisson... !

En Angleterre, le poisson d’avril se dit « april’s fool ». C’est l’occasion de faire de nombreux gags. En Ecosse, c’est le traditionnel « hunt the gowk ». Gowk c’est le coucou et chez nous on dit : « Ce n’est jamais avril si le coucou ne l’a pas dit ! »  ( Il n’a pas encore chanté dans notre région ! ) Dans ce pays, on envoyait l’idiot du village porter un message ; celui qui le recevait envoyait le messager à une autre personne, et ainsi de suite jusqu’à ce que le messager finisse par ouvrir le message et lise ces mots « chasse le coucou un mile de plus ! ». Quand il revenait le soir, éreinté d’avoir couru pour rien toute la journée, les farceurs ayant organisé ce tour pendable, se réunissaient pour rire à ses dépens. La personne dupée était appelée « April gowk » « coucou d’avril ».

Les Ecossais avaient ainsi beaucoup de plaisir à envoyer des personnes faire des courses idiotes, comme d’« aller chercher des dents de poule » ou « du lait de pigeon » ! Le 2 avril chez eux se nomme « Taily day ». Il s’agit de réussir à donner un cadeau à une personne de son choix tout en essayant de lui coller dans le dos un petit panneau où il est écrit « Donnez un coup de pied aux fesses ».

En Belgique les enfants (et même les plus grands !) attachent un poisson en papier dans le dos de leurs camarades, de leurs parents, de leurs professeurs.

En Allemagne, on dit « April april » ou « Aprilscherz » et ce, au moment de faire sa blague ou juste après pour faire comprendre que c’est juste une blague !

Nous pourrions poursuivre notre promenade !

Nous observerons bien le temps du jour des Rameaux, « Pâques fleuries », car s’il pleut sur les rampams ( les rameaux) il risque de pleuvoir sur le « volant » c’est à dire la faucille que l’on utilisait pour moissonner. C’est plus joli en langue du pays d’oc : « can ploou sul rompan, ploou sul boulan ».

Avec ses « œufs de Pâques » avril, qui compte dans ses rangs la fête de Pâques, nous rappelle qu’il fut un temps, bien avant la mode du végétarisme ou du véganisme, où pendant le Carême, la consommation des œufs, considérés comme d’origine animale, était proscrite. C’est l’origine des œufs de Pâques en chocolat et le populaire « lundi de l’Omelette » ou « lundi de Pâques » où la coutume voulait qu’on se retrouve en un lieu champêtre pour « faire l’omelette ».

Avec sa fête de Pâques dont la date est déterminée selon un savant et long calcul qui veut¨Pâques soit le premier dimanche qui suit la première Pleine Lune de printemps, avril rappelle le grand passage du Peuple Hébreu à travers la Mer Rouge, fuyant l’Egypte des Pharaons et l’esclavage. C’est à l’occasion de la célébration de cette commémoration qu’eut lieu la mort et la Résurrection du Christ. Pâques c’est la grande fête chrétienne de l’année liturgique et sa date qui varie, conditionne les fêtes mobiles qui s’en suivent, tant attendues, car elles sont l’occasion de Ponts et jours fériés, Pont de l’Ascension, lundi de Pentecôte.

Pâques peut donc avoir lieu entre le 22 mars et le 25 avril au gré des aléas du mois lunaire qui étant plus court que le mois solaire vadrouille entre ces dates.

A cette occasion les cloches de nos églises carillonnent à tout va pour , dit-on, aller à Rome et revenir au matin de Pâques chargées d’œufs en chocolats . Les gens d’Uzès pourront lire un article sur « leurs » cloches dans un prochain numéro du journal local « le Républicain d’Uzès » 

La lunaison qui commence après Pâques du 27 avril au 27 mai est appelée Lune Rousse .  C’est pendant cette lunaison que se situent les célèbres saints de glace que nos médias et services de météo s’obstinent à oublier en ne retenant que les trois derniers qui il est vrai peuvent faire à eux seuls un petit hiver : « Les saints Servais, Pancrace et Mamert, font à eux trois un petit hiver »

Le monde paysan sait très bien qu’il faut se méfier d’avril et de mai et d’ores et déjà faire des réserves pour préserver autant que possible vignes et vergers des effets de cette Lune Rousse. En ces périodes et malgré le soleil et les belles journées annoncées la terre n’a pas encore emmagasiné suffisamment de chaleur pour compenser la baisse des températures entre les jours et nuts. C’est alors que se produit ce phénomène redouté et redoutable qui « roussit » les bourgeons ou les frêles feuilles des arbres ou les fruits à peine fertilisés et c’est la catastrophe dans les productions que l’on voudrait bien accessibles de  plus en plus tôt, oubliant que c’est bien mieux et bien plus agréable de consommer des « fruits de saison ». C’est avril et la lune Rousse. On connait bien ce phénomène et on s’y prépare. Il faut préciser que ce phénomène ne se produit que si le ciel est parfaitement clair et dégagé.

A l’époque de Mamert, évêque de Vienne dans la vallée du Rhône au Ve siècle, de pareilles chutes de températures avaient anéanti la récolte des fruits. Le saint évêque avait alors prescrit prières et processions. Ce sont les Rogations qui se déroulaient les trois jours avant la fête de l’Ascension, au chant rythmé des litanies des saints à travers champs. Protège Seigneur, les fruits que la terre nous donne. On priait aussi pour être protégé de la famine et de la peste !

Comme l’invention du calendrier est une chose récente, le seul moyen pour se souvenir du jour où l’on est, était de se référer à la fête du saint du jour.

Ce sont pour avril les saints de glace, d’abord les cavaliers, puis les derniers saints au mois de mai. Ils s’échelonnent sur la longue période où peut se situer la lunaison de la lune rousse qui sera cette année entre le 27 avril et le27 mai.

Ces phénomènes ne sont pas nouveaux et ils se sont produits avec une telle fréquence que nos anciens en ont écrit des dictons. De grâce ne disons pas que c’est du jamais vu !!

La Nouvelle Lune d’Avril a lieu le 27, avec le passage au périgée, très près de notre terre avec un nœud lunaire le 25.  La conjonction de ces trois indications n’est pas de bon augure. Elles sont précédées par la Saint Georges le 23, le premier des Cavaliers du froid : « Saint Georges arrive souvent sur un cheval blanc ». Il est suivi de saint marc la 25 : « Entre saint Georges et Marquet, un jour d’hiver se met ». Viendront ensuite, Robert, Eutrope et puis Philippe le 1er mai, réputés chacun autant que l’autre de saints « Gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons ». Rabelais, avant le réchauffement climatique nous disait qu’ils étaient « casseurs de gobelet ». Les autres saints de Glace Mamert Pancrace et Servais seront au mois de mai les 11,12 et 13.  Nous ne serons vraiment tranquilles que la saint Urbain, le 25, ou l’Ascension, soient 29, passées. « A l’Ascension dernier frisson ».

Avril qui marquait donc bien le début de l’année, et « ouvrait » l’année comme l’indique si bien son nom, garde bien tout son sens de celui qui marque l’ouverture vers les beaux jours, même s’il ne marque plus le début de l’année.

Rarement un mois, sorti du contexte du calendrier, par édit royal, baptisé différemment que les autres mois du calendrier, un mois qui arrive avec les fleurs et le soleil et qu’on attend avec impatience parce qu’il annonce les beaux jours, aura marqué de son empreinte le changement de temps tant attendu. l. Mais tout cela ne tient qu’à un fil, fin et fragile comme celui de la soie. En bon cévenol je me dois de rappeler cette « éducation des vers à soie » qui a tant marqué nos Cévennes et qui commençait en ce mois d’avril. C’est désormais un conte de Musée, qu’il est si beau de découvrir à la Maison Rouge de Saint Jean du Gard.

Avril comme nos vies ne tient qu’à un fil ! Gardons-nous de toutes imprudences.

 « Addisias »  

Jean Mignot le 31 mars 2025

 

                                                                                                                              

 

vendredi 14 mars 2025

du mois de mars 2025

 

« Mars qui rit malgré les averses … » 

Avec ses giboulées, l’arrivée du printemps, deux éclipses, une de lune et une de soleil, une lune « rouge », le changement d’heure, son mois des poètes et ses grandes marées, mars nous réserve toujours quelques surprises qui ont donné lieu à quantité de vieux dictons annonçant toutes sortes de caprices qui ont donné lieu à une bien vieille légende. 

Il s’agit presque toujours d’une vieille dame qui tente de sauver son troupeau livré aux attaques de l’hiver. Elle refuse de se laisser faire. On emploi à ce sujet le verbe regimber. Elle marchande avec le temps pour essayer de s’en sortir.

Cette légende, très étroitement liée au temps qu’il fait souvent en ce mars est connue sous le nom de « jours d’emprunts » ou « jours de la Vieille » et vers la fin du mois : « Li Vaquerieu ». On retrouve cette légende surtout dans le Midi de la France mais elle existe avec des variantes dans la quasi-totalité des pays méditerranéens, même au Maghreb et jusqu’en Roumanie. Chacun bien sûr prétend que sa version est la plus authentique.

Voici la mienne, telle que je l’ai entendue par mes parents en Cévennes.

Les paysans du Midi avaient remarqué que les derniers jours de février et les premiers jours de mars amenaient souvent un changement de temps, un peu comme celui qui s’est produit avec la Nouvelle Lune de ce 28 février.

L’hiver n’avait pas été très rigoureux comme cette année, et même février qui n’avait pas « donné de la teste » n’avait pas plus « donné de la cueste » selon un vieux dicton.

La vieille dame se permit de narguer février : « Adiéou Fébrié ! mé ta frébérado, m’as fait ni péu ni pelado » (Adieu Février ! Avec ta gelée tu ne m’as fait ni peau ni pelée).

Février vexé par cette raillerie, s’en fut trouver Mars : « Mars ! rends-moi un service ! – Deux s’il le faut répondit Mars en obligeant voisin. « Prête-moi trois jours, et trois que j’en ai, je lui ferai peaux et gelées ! »  (Presto -me léou très jour, et très que n’aï, péu e pelado ie faraï).

Aussitôt se leva un temps affreux. Le verglas tua l’herbe des champs et toutes les brebis de la Vieille périrent.

La Vieille, disent les paysans, regimbait, refusait de se laisser faire «  reguignavo » ,au point que ces premiers jours du  mois s’appellent « reguingnado de la Vièio » «  ruade de la vieille »

Elle remplaça ses brebis par une vache et son veau pensant qu’ils résisteraient mieux.

Arrive le printemps. Le temps devient meilleur et le soleil plus brillant. La vieille se réjouit et dit imprudemment « en escapant de mars et de Marséu, aï escapa mi vaco y mi vedel » « en échapant de Mars et de ses giboulées j’ai sauvé ma vache et son veau »

Mars blessé par cette moquerie s’en fut trouver Avril : « Abriéou, n’ai plus que très jours, presto m’en quatre, ensemblé la vaco de la Vieio faren battre ». « Avril il ne me reste plus que trois jours, prête m’en quatre et ensemble nous ferons périr vache et veau »

Avril consentit au prêt. Une gelée tardive arriva et le gel brûla les plantes et la vache et le veau périrent. Mistral dans Mireille, écrit « e li jour négro de la vaco ». Ces derniers jours d’emprunt sont appelés « Li Vaquerieu ».

Ceux qui sont intéressés peuvent se procurer l’ouvrage : « les jours de la Vieille » de Marcelle Delpastre et Albert Pestour, édité par la société d’études historiques et archéologiques de la moyenne Corrèze, publié à Tulle en 1961. On peut consulter cet ouvrage en totalité sur internet.

Ils sont redoutés du monde de l’agriculture car les bourgeons des arbres et de la vigne sont à peine éclos et l’écart des températures entre jour et nuit ne permet pas à la terre de redonner un peu de chaleur, et bien que la température soit autour de +5° les plantes sont « brûlées »

Ces « Jours de la Vieille » ou « Jours d’Emprunts » sont marqués cette année par la Pleine lune du 14 mars et une éclipse qui donnait cette belle lune «  rouge » ou « lune de sang » à la couleur cuivrée qu’on  a pu observer en Bretagne . A ne confondre avec la lune Rousse des mois d’avril et mai dont je vous parlerai une autre fois. Comme on oublie beaucoup notamment ce qu’avaient remarqué nos Anciens en créant cette histoire, on dit une peu vite que les temps changent et que sous l’effet du réchauffement climatique, les effets de Lune Rousse se produisent beaucoup plus tôt.

On a oublié ou on ne connait plus « li Vauquerieu »

Il y a encore plus curieux.

Je rappelle, même si les professionnels de la météo et autres savants refusent d’y croire, que à chaque Nouvelle Lune ou à chaque Pleine Lune, encore  plus si la course lunaire est au périgée soit plus proche de nous et qu’il y a un nœud lunaire, il y a toujours des perturbations atmosphériques et parfois même bien plus. Grandes marées, tempêtes, voire tremblement de terre comme cette nuit en Avignon.

La lune nous surprendra toujours. Voyez plutôt. J’ai souvent expliqué, que selon un cycle dit de Méton, un mathématicien grec du Ve siècle avant JC avait calculé, sans ordinateur et sans satellite, ni avec aucun autre appareil sophistiqué, que la lune revenait dans le même contexte interplanétaire. On appelle cela le cycle de Méton ou cycle métonique. Il a une durée de 19 années plus environ deux heures. Ce cycle avait déjà été observé en Chaldée et en Mésopotamie. Je vous passe les détails.

Voyant le mauvais temps annoncé autour de cette Pleine Lune, je suis donc allé voir le temps qu’il a fait il y a 19ans selon mes notes personnelles quotidiennes.

Et c’est très étonnant de constater qu’en 2006 la Pleine Lune était le 14 mars ; qu’il y avait une éclipse comme cette année, qu’il y avait un nœud lunaire le 14 cette année et le 15 en 2006 ; que la Nouvelle Lune était le 29 en 2006 et aussi cette année, et qu’il y avait eu comme ce sera le cas cette année de grandes marées. Cerise sur le gâteau, en 2006 il a fait très froid les 13,14 et 15 et que c’est la même chose qui est annoncée cette année pour ce we. Il va faire froid.

Si vous avez en tête les étapes de l’’histoire de la Vieille vous voyez bien que nos Anciens étaient bien proches du temps qu’il fait ce mois-ci.

Je fais remarquer autre chose. Désormais, par facilité de calcul, de statistiques et de moyennes, on dit que le printemps démarre au 1er Mars ! Evidemment c’est compliqué pour des statistiques de faire un calcul sur un mois qui s’étale sur deux saisons ! Pourtant il fait donner du temps au temps et on ne peut pas le décider par une simple circulaire. Alors on parle de Printemps « météorologique » et de Printemps « atmosphérique »

C’est une décision arbitraire elle aussi qui a fixé le changement d’heure dans la nuit du 29 au 30 mars. Malgré un avis très largement défavorable à ce changement, la décision d’y mettre fin n’est toujours pas mise en œuvre. Ça me permet de souligner une autre anomalie car, en une période où on prône le retour  à la nature, c’est l’heure d’été, la plus éloignée du cycle naturel de la lune, qui a atteint une très large majorité de suffrages. Les hommes ne peuvent pas décider des règles de la nature !

Et puisque Mars est le mois des poètes, je termine cette chronique avec ces si beaux vers de Charles d’Orléans

Le temps a laissé son manteau
                    De vent, de froidure et de pluie                    
Et s'est vêtu de broderies,
De soleil luisant, clair et beau

Bon mois de mars. Adissias !

 

 

 

 

vendredi 31 janvier 2025

de Février 2025

 

Février un mois intercalaire

Février par ses origines, nous rappelle que nous sommes dans ces mois qui ont donné lieu à de savants calculs pour arriver à faire coïncider les saisons, régies par le soleil, et les phases de la lune, qui ont, elles, tant d’influence sur les plantes et les hommes.

Chaldéens, babyloniens, grecs, chinois, égyptiens, romains entre autres, s’étaient aperçu d’un problème de concordance entre leurs différents calendriers et les saisons. Il fallut faire des calculs compliqués pour arriver à faire coïncider les cycles de la lune et ceux du soleil. On rajoutait des mois ou des jours de complément. Dans presque tous les cas on ajouta un « mensis intercalaris » un mois intercalaire pour retomber sur pieds, c'est-à-dire sur la coïncidence avec le début des saisons.

C’est ainsi que chez les Chinois, dont le calendrier est pourtant l’un des plus précis, il faut par exemple que l’équinoxe de printemps tombe toujours dans le second mois de l’année. On rajoute alors un treizième mois si nécessaire. Cette année le premier jour de l’an chinois étant fin janvier au début de la phase de la nouvelle lune, l’équinoxe de printemps sera bien dans le deuxième mois de l’année chinoise !

Février est un de ces mois intercalaires qui présente en plus la particularité d’être plus court que les autres parce qu’il a été victime des différentes tentatives d’organisation du calendrier à travers les siècles. En plus il est de temps en temps bissextile ! Il faut donc donner ici quelques explications, surtout dans un contexte où des tentatives de bouleverser le rythme des jours fériés, et le grand débat sur les religions et l’état, ramène à la une la question des calendriers.

Ce mois a été ajouté aux autres pour arriver à un calcul très compliqué, pour passer d’une année de 10 mois et de 304 jours à 12 mois et 365 jours. C’est Jules César qui en 46 avant Jésus-Christ, soit en l’an 708 de la fondation de Rome, avec l’aide de l’astronome Sosigène d’Alexandrie, fit rajouter 90 jours pour ramener le calendrier en concordance avec les saisons, car les différentes sortes de calculs en usage alors avaient entraîné un important décalage.

Cependant ce calendrier « Julien » amenait lui aussi, des distorsions importantes dont on prit peu à peu conscience. 3 jours en 4 siècles, et actuellement 13 jours (d’où le décalage des fêtes avec l’église orthodoxe et la Russie qui continuent de l’appliquer encore, et une révolution d’octobre qui eut lieu en novembre !!!) Mais pas cette année puisque Pâques des deux calendriers tombe le même jour !

Une réflexion sur la réforme du calendrier a commencé dès le 19ème siècle. Après les tentatives de l’abbé Mastrofini en 1834, d’Auguste Comte en 1849, celle de Camille Flammarion, une étude sérieuse de la Société des Nations en 1922 concluait en 1931 qu’il ne fallait rien modifier, Après l’échec du calendrier républicain, si poétique, mais sans références astronomiques assez sérieuses, c’est le calendrier « grégorien » qui resta le plus universellement reconnu et en vigueur.

L’Eglise catholique s’est toujours montrée ouverte au dialogue sur ce sujet. En cette année où l’on célèbre le 1700 ème anniversaire du célèbre concile de Nicée qui avait fixé la date de Pâques, le Pape François, ce samedi 25 janvier a déclaré :« Je renouvelle mon appel pour que cette coïncidence serve de rappel à tous les chrétiens à faire un pas décisif vers l’unité, et ce autour d’une date commune pour Pâques »

On imagine facilement la répercussion énorme qu’un accord sur une date unique entrainerait, du fait que Pâques détermine une série de fêtes assorties de ponts et de jours fériés.

Pourtant il faudra encore revenir sur ces longs et savants calculs car l’année « grégorienne » est encore trop longue d’une demie seconde par an. Dans 3000 ans il sera nécessaire d’ajuster le calendrier ! il y aura donc encore des réformes qui s’imposeront, en février ou à un autre moment de l’année …

Comment voulez-vous qu’il n’en soit pas ainsi ! La lune fait le tour de la terre sur une courbe elliptique qu’elle parcourt en 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2 secondes, en nous montrant son visage par phases, de la Nouvelle Lune, au croissant et à la Pleine Lune. C’est la révolution synodique. Les babyloniens avaient fait sur la durée de ce parcours une erreur de 0,00005 jours ! Cette courbe monte et descend autour de la terre. C’est ce qu’on appelle la révolution sidérale qui elle dure 27 jours, 7 heures, 43 minutes et 11 secondes. Cette courbe l’éloigne ou la rapproche de la terre, apogée ou périgée et elle met 27 jours 13 heures, 18 minutes et 33 secondes entre deux passages consécutifs au même point. C’est la révolution anomalistique. Au moment où cette course de la lune autour de la terre coupe l’orbite terrestre, il y a nœud lunaire et entre deux nœuds lunaires il se passe 27 jours, 5 heures, 5 minutes et 36 secondes.

C’est pour cela qu’il y a parfois une année de treize lunes, ce qui n’est pas le cas cette année. C’est aussi par la division des 365 jours en 52 semaines de 7 jours qu’il y a parfois des mois où il y a cinq dimanches. Cela s’est produit en décembre 2024. Cela va se reproduire cette année encore en mars, en juin, en août, en novembre, et non tous les 623 ans ou autres comme le disent tous les fake news que se plaisent à diffuser à tort quelques amis sur les réseaux sociaux ou dans vos boites mails.

Voici donc février avec son lot de dictons -plus de 150 ! - sur le froid rigoureux qu’il nous réserve souvent, mais aussi avec ses fêtes, vestiges des fêtes païennes ou fêtes chrétiennes.

Février vient du latin « februare » c’est-à-dire « purifier ». Chez les Romains c’était le mois des purifications rituelles. D’où l’origine de la fête de la Purification rite aussi de la religion juive que Marie, mère de Jésus respecta et appliqua. C’est devenu pour les chrétiens la fête de la Purification et de la Présentation de Jésus au Temple, fête instituée pour commémorer selon la loi de Moïse la présentation au Temple de Jérusalem, de l’enfant mâle, premier-né, 40 jours après sa naissance, rite accompagné de l’offrande de deux colombes. C’est la fête de la Révélation de Lumière du Monde, Jésus Lumière d’Israël Lumière des Hommes. Et cette lumière est symbolisée par les cierges.

Nous voilà tout de go encore dans les vestiges de ces fêtes qui depuis la Sainte Luce ponctuent le calendrier de célébrations qui ont pour objet depuis le solstice et le « sol invictus » de célébrer le retour de la lumière du soleil.

Ces derniers jours de janvier, les Grecs fêtaient le dieu Pan qui avait la réputation de terrifier les campagnes et de séduire les femmes. Son apparition, réelle ou supposée, déclenchait une fuite générale : la « panique » …C’est là l’étymologie de ce mot.

A Rome, sur le même registre, on organisait les Lupercales, fêtes dédiées à la Louve qui éleva Romus et Romulus, fêtes de la fécondité. Les Romains s’assemblaient dans les rues avec des torches, pour manger des galettes de céréales en l’honneur de Proserpine. Cette divinité était la reine des enfers et aussi la protectrice du monde agraire. Chaque année elle remontait à la terre pour favoriser la germination des plantes. Certains débauchés parcouraient les rues de la ville en agitant des flambeaux, et vêtus de peau de bêtes semaient la « panique » au sein de la gent féminine.

Le Pape Gélase essaya de mettre fin aux orgies dans lesquelles dégénéraient ces fêtes et substitua aux lupercales la fête de la purification. Il eut l’idée alors de distribuer les galettes aux pèlerins affamés venus à Rome. On les appelait alors des « oublies ». Ce sont les ancêtres de nos crêpes de la Chandeleur.

On retrouve également dans cette fête de la chandeleur, de lointaines réminiscences des fêtes de la purification chez les celtes, qui l’hiver tirant à sa fin, célébraient la purification de l’eau pour assurer la fertilité et la fécondité avec le retour de la vie en cette fin d’hiver. C’était la fête d’Imbolc.

Il est également possible de faire un rapprochement avec les Parentalia romaines, c’est-à-dire la fête annuelle en l’honneur des morts, au cours de laquelle on veillait en s’éclairant de chandelles et de torches en honorant Pluton et les dieux. D’où peut-être cette vieille tradition qui faisait qu’on gardait les cierges bénis de la Chandeleur, pour pouvoir les allumer auprès des morts dans nos familles, ou encore pour les allumer quand il y a de l’orage, pour préserver de la foudre… !

Ces rappels et ces interprétations mériteraient des recherches approfondies et des développements plus poussés que ne peut le faire cette chronique déjà bien longue !

Il faut retenir de ceci ces fêtes de février sont plutôt un vestige de ces rites et fêtes païennes, et que tout comme pour la fête de la saint Luce il s’agit avant tout de célébrer la victoire de la nuit sur les ténèbres, avec le jour qui devient plus important que la nuit, la nature qui commence à se réveiller malgré les derniers assauts de l’hiver.

Les crêpes, tout comme la galette des Rois, symbolisent le soleil renaissant ! Roue solaire, beignets de forme ronde…oreillettes aussi dans le Midi.

Les non chrétiens, ou les autres religions, ne devraient avoir aucun scrupule, ni craindre aucune compromission à célébrer la Chandeleur, comme Noël d’ailleurs, puisque leurs origines ne sont pas exclusivement chrétiennes.

Célébrer le soleil et la lune qui brillent pour tout le monde, et la nature, n’est-ce pas un bel hommage à la création !

A Marseille, c’est encore une autre tradition qui attire la foule. Il y a certes la procession et la cérémonie religieuse dans l’abbaye Saint Victor, mais surtout, la vente de ces petits pains en forme de navette, cet outil dont se servaient les pécheurs pour réparer leurs filets. Ce sont de petits gâteaux secs de 10 à 12 cm de longueur, fendus en leur milieu, parfumés à la fleur d’oranger, fabriqués depuis 1781 et cuits dans le Four des Navettes, sur le vieux port. En bon gardois je dirai que c’est moins bon que les croquants Villaret de Nîmes, n’en déplaise aux marseillais ! Mais c’est presque aussi dur ! Bien sûr ça ne vaut pas les « casse dents » d’Allauch !

L’origine de ce petit biscuit serait liée au fait que les pèlerins venaient ici à jeun pour participer à l’office et communier. Il leur fallait, en sortant, un bon biscuit. C’est Monsieur Aveyrous qui fonda le premier four où sont toujours cuites ces navettes. Les traditions, si elles perdurent, perdent souvent leur vraie origine.

Où est la vérité dans cette histoire ? On dit parfois que ces navettes rappellent la barque qui aurait amené le premier évêque de Marseille, Lazare, avec Madeleine, Marthe et les deux « Marie » Jacobé et Salomé… Mais alors quid des Saintes Maries de la Mer ? on dit que les pécheurs, tenus à l’écart d’une épidémie de choléra seraient ensuite venus remercier Saint Victor en apportant des petits biscuits rappelant leur barque…

Que les vrais Marseillais ne se fâchent pas… mais où est la part d’histoire, de tradition ancestrale, de religion, ou d’irrationnel, ou tout simplement le côté pratique des choses ? Je suis preneur de toute autre version de cette « histoire marseillaise ».

Ce qui est sûr dans ces manifestations, c’est la Foi exprimée par les pèlerins, et comme c’est la Foi qui sauve, je n’épiloguerai pas plus longtemps.

Février, pour ce qui est du temps, est le mois des retournements les plus hasardeux : « Février, le plus court des mois, est de tous le pire à la fois. » Ou encore : « Février, de tous les mois, le plus froid, le plus matois ». Et aussi : « Février tourne son bonnet sept coups devant, sept coups derrière ! » Que va-t-il se passer le 2 février puisque le dicton nous dit : « A la Chandeleur, l’hiver cesse ou prend rigueur. » Tout pourrait encore changer car février 2025 commence dans la mouvance de la Nouvelle Lune du 29 janvier et les prévisions à ce jour nous annoncent pluie et baisse de températures au moins pour les dix jours qui viennent. Et le 3 février : « A la saint Blaise, l’hiver s’apaise ; mais s’il redouble et s’il reprend, de longtemps il ne se rend. »

Ces chutes brutales et ces montées de température, provoquent des dégâts considérables sur la végétation. Les écarts de température entre le jour et la nuit tuent les plantes et les arbres. C’est ainsi que le 2 février 1956, dans le midi, les oliviers ont gelé. Il faut expliquer qu’il avait fait très doux dans la journée, 18°. La sève des arbres avait commencé de monter. La nuit la température est tombée brutalement à moins 20°. Le tronc des oliviers éclatait sous le gel… : « cette nuit-là on entendit les oliviers crier ! ... »

De fait, il vaut mieux que février remplisse son contrat et soit mauvais, car s’il ne l’est pas, nous en subirons les conséquences tout au long de l’année : « Février trop doux, printemps en courroux » ; Ou : « Quand la bise oublie février, elle arrive en mai » Et aussi : « Si février ne févrière pas, tout mois de l’an peu ou prou le fera ! »

Dans notre course après le temps, nous ferons probablement une pause pour la saint Valentin le 14 car ce sera proche de la Pleine Lune du 12. Ce pourrait être le printemps de la saint Valentin ou tout le contraire, une période de froid vif. Difficile d’être plus nuancé ou prudent ! Et on fera la fête ; surtout du côté de Roquemaure dans le Gard rhodanien.

Juste un peu d’humour avec l’histoire, la « petite histoire » comme on dit, puisque nous allons faire des crêpes. On raconte qu’en 1812, à la Chandeleur, Napoléon 1er avait tenu à faire des crêpes et à les faire sauter. C’était avant la campagne de Russie. Et selon la tradition, pour que cela lui porte bonheur il les fit sauter dans la poêle. Mais il loupa la cinquième. Quelques mois plus tard, devant Moscou fumant, il dit à Ney : « C’est ma cinquième crêpe ! ».

Je pense moi qu’il s’agissait bien plutôt ce jour-là d’une question de calendrier, de temps et de lune !

Quant aux « crêpes Suzette ” l’origine en serait la suivante : en 1903, Edouard VII roi d’Angleterre fit une visite officielle en France. On se souvenait dans certains milieux parisiens des frasques du Prince de Galles. Le prince se rendit dans l’établissement d’Henri Charpentier, qu’il avait bien souvent fréquenté. On servit des crêpes et le restaurateur eut l’idée de verser de l’alcool dessus pour les faire flamber. Il dit en regardant le prince en bonne compagnie : « Nous les appelleront ; crêpes princesse » !. « Disons plutôt Suzette ! » rectifia galamment le prince avec sans doute un clin d’œil vers la dame qui était à ses côtés. C’est ainsi que la jolie Suzette est passée à la postérité. La paternité de cette anecdote est attribuée, sans preuve réelle, à d’autres restaurants, ou à d’autres chefs célèbres dont Escoffier. Mais l’anecdote est presque toujours la même.

Vous voyez bien que selon que tel jour tombe à une phase de lune ou à une autre, lune qui n’a pas de rayonnement mais qui donne toujours de bonnes indications rappelées par les dictons de nos Anciens, on dit il fera froid ou il fera beau. Comme le cycle lunaire ne se renouvelle pas chaque année aux mêmes périodes vu les décalages des calendriers, il y a peu de chance que les dictons se réalisent chaque année à la même date ?

Cette année la Nouvelle Lune du 29 janvier a marqué un réel changement de temps avec pluies et orages.

« Février de tous les mois le plus court le plus matois » dit le dicton. Nous verrons bien ce qu’il nous réserve. Pour le moment le début du mois s’annonce avec du mauvais temps, de la pluie et du froid démarre bien mal au lendemain de la Nouvelle Lune. La première phase du cycle de la lune est dite « nouvelle lune ». Tous les proverbes se recoupent pour dire que trois à quatre jours après la nouvelle lune, il y a du mauvais temps : « Belle lune nouvelle, dans trois jours cruelle » « Lune nouvelle au beau, le quatre à l’eau » A l’inverse « Quand la lune se fait méchante, la prochaine sera charmante » ou « Quand la lune se lève dans un bain, deux jours après beau temps certain. »

De fait, il vaut mieux que février remplisse son contrat et soit mauvais, car s’il ne l’est pas, nous en subirons les conséquences tout au long de l’année : « Février trop doux, printemps en courroux » ou « Quand la bise oublie février, elle arrive en mai » ; Et aussi : Si février ne févrière pas, tout mois de l’an peu ou prou le fera !

N’oubliez pas la Saint Valentin, le patron des amoureux. Cela méritera bien la chronique spéciale que je vous enverrai sous peu, au risque de vous lasser car elle risque d’être très proche de celle de l’an dernier. Mais comme bis repetita… !

A Diou sias !



Jean Mignot

31 janvier 2025

lundi 6 janvier 2025

Autour de l'Epiphanie de 2025

 

Autour de l’Epiphanie de 2025

 

En ce 6 janvier jour de l’Epiphanie, j’ai envie de partager avec vous, quelques éléments qui marquent cette période de fin d’année et de début de l’an, et qui ne se limitent pas aux Rois Mages ou à la galette des Rois.

Au cœur de l’hiver et de l’obscurité, nous avons fêté Noël, la fête la plus joyeuse et la plus brillante fête de l’année, quelle que soit notre religion !  Noël est d’ailleurs un curieux mélange de traditions religieuses et païennes, y compris dans les trop célèbres « 13 desserts » ou la tradition provençale du « Cache Fio »

La célébration de la naissance de Jésus est apparue en Occident au cours du IVème siècle et a été fixée le 25 décembre, jour du solstice du calendrier julien et elle est restée à cette date quand on a ajusté les calculs et fixé avec la réforme du calendrier de 1582, le solstice au 21 ou au 22 décembre.

Cette fête s’est substituée aux fêtes romaines, celtes et nordiques célébrant, depuis la nuit des temps, le solstice d’hiver et le retour du Soleil. Le Sol invictus.

Les pères de l’Eglise ont ainsi christianisé les rites païens les plus populaires sous l’Antiquité et, en particulier, le culte voisin et rival de Mithra qui était alors implanté à Rome et en Gaule. Mithra dieu protecteur envoyé sur terre un 25 décembre pour annoncer la renaissance du Soleil.

Les Romains organisaient à cette période des saturnales. On y partageait déjà la fève et on désignait ainsi le roi de la fête.

Au Moyen Age ce fut la fête des Fous, devenue la fête des Innocents, sujette à toute sorte de débordements.

C’est encore dans les mêmes coutumes ou habitudes ancestrales qu’il faut trouver l’origine de la galette des Rois.

En tirant les Rois en la fête de l’Epiphanie nous pensons aux Rois Mages, à la crèche et encore aux cadeaux. En Espagne c’est encore ce jour-là que l’on fait les cadeaux aux enfants.

Or la tradition de la galette des Rois est une coutume bien plus ancienne qui n’a dans ses origines rien à voir avec eux. C’est une tradition qui se réfère elle aussi à l’évolution du temps, à la longueur des jours, et au soleil qui brille chaque jour un peu plus et qui s’inscrit dans toutes les fêtes qui jalonnent ces jours autour du solstice d’hiver, où il n’est question que de fêter le triomphe de la lumière sur la nuit et les ténèbres. Le « Sol Invictus »

Le gâteau partagé à cette occasion, appelé « galette », était bien comme aujourd’hui dans les pays du Nord de la France, un gâteau plat et rond, sorte de « pythiviers », symbolisant le soleil qui renaît, (on retrouvera ainsi le même symbolisme avec les crêpes de la Chandeleur) alors que le gâteau des Rois dans le midi est plutôt une brioche en forme de couronne qu’on appelle «  royaume » et qu’on appelait plus fréquemment « couronne » ressemblant dans sa forme à la pogne de Romans ou de la Drôme.

Très tôt les chrétiens ont fait de ce jour la fête chrétienne de l’Epiphanie ! La manifestation de la Lumière du Monde aux Nations, symbolisées par les Rois Mages, chacun venu d’horizons différents.

Sous la Révolution, la fête des Rois, jugée « anticivique », fut rebaptisée « fête du bon voisinage » - lointaine ancêtre de nos fêtes de quartiers ou de villages, fêtes qui se développent de plus en plus au cours de notre mois de mai. On y dégustait non plus la fameuse « galette royale » mais la « galette des Sans-Culotte ».

Sous François 1er une amusante anecdote fut à l’origine, - dit-on ! - de la belle barbe de ce Roi.

Le 6 janvier 1521 le souverain se trouvait à Romorantin pour y fêter les Rois. On lui signala qu’un autre roi venait d’être élu dans un hôtel voisin, l’hôtel Saint Pol. « Même un jour d’Epiphanie, dit en riant François 1er, il ne peut y avoir qu’un seul roi à Romorantin ! ». Suivi de ses amis, il alla demander raison au roi de la fève. Comme il neigeait, on se battit à coup de boules de neige. Soudain, pour faire reculer les attaquants, un mauvais plaisant lança un tison enflammé qui atteignit le roi au menton et le blessa. Pour cacher sa cicatrice, François 1er laissa pousser sa barbe et pour ne pas être en reste ces Messieurs de la Cour firent de même.  La Cour devint barbue et la mode était lancée !                                                                                                        

Fêtons les Rois sans scrupules. Cela n’a plus rien de païen dans nos festivités et l’hommage au jour qui triomphe sur la nuit n’est-il pas aussi un hommage à la création et au Créateur !

Le jour de l’Epiphanie marque souvent le début de l’hiver, ou au moins une forte reprise du temps froid ce qui n’est pas le cas cette année puisqu’il y a plutôt un radoucissement très net mais de la pluie.

Nos vieux dictons du temps annoncent : « Les hivers les plus froids, sont ceux qui prennent vers les Rois ». Mais un temps différent peut être un autre présage :« Beaux jours aux Rois, blé jusqu’au toit. » ou encore : « Belle journée aux Rois, l’orge croît sur les toits. ».  Et :« Si le soir du Jour des Rois, beaucoup d’étoiles tu vois, Tu auras sécheresse en été, et beaucoup d’œufs au poulailler ».

Nous serons attentifs à observer ce qui va se passer autour de la pleine lune du 13 janvier. 

Toute cette période est jalonnée de dictons liés aux saints du calendrier, qui tous annoncent du mauvais temps, ou la fin du mauvais temps, avec plus ou moins de bonheur selon la place où ils se situent dans la courbe lunaire.

Ainsi 17 janvier en la fête de Saint Antoine : « De sent Antoni à sent Bastian Faï mai de frech qu’entre tout l’an ». Saint Sébastien c’est le 20 janvier. Pour le 18, célébration de la Chaire de Saint Pierre à Rome, on trouve ceci : « A la saint Pierre, l’hiver s’en va ou se resserre ».  Le 22 janvier, jour de la fameuse Saint Vincent bien connue des vignerons : « A la saint Vincent, tout dégèle ou tout fend ! ». Il est sûr, et les observations des météorologues modernes l’ont relevé, qu’aux environs du 20 janvier, avec un nœud lunaire qui aura lieu cette année le 21, marquant l’amorce d’une courbe ascendante, revient très souvent dans notre atmosphère un anticyclone continental qui entraîne avec lui, deux fois sur trois, une masse d’air froid. « L’hiver reprend… ou l’hiver se rompt la dent ! » et ce n’est pas qu’une question de rime. C’est souvent l’annonce d’un début février froid qui  peut nous laisser prévoir la Nouvelle Lune du 29 janvier.

Je relève ces autres alertes : le 26, jour où la courbe lunaire commence à remonter : « Saint Polycarpe nous écharpe » comme on dit dans le Vivarais. Pour le 27 qui suit : « Neige de Saint Babylas, bien souvent on s’en lasse ». Pour le 28 « saint Charlemagne, février aux armes ! » et le 30 « prends garde à la sainte Martine car souvent l’hiver se mutine » ou « attention à la sainte Martine, l’hiver reprend dès matines ». Nous voilà prévenus !

Le ciel nous offrira un spectacle extraordinaire le 21 janvier avec l’alignement de six planètes – Mars, Jupiter, Uranus, Neptune, Vénus et Saturne. Nous ne manquerons pas d’observer cet alignement car il ne se produit que tous les 100ans. Les diseurs de bonne aventure et autres Madame Soleil s’en donnent déjà à cœur joie et se laissent aller à leurs élucubrations sur ce que va être cette année 2025 en allant chercher à la rescousse notre célèbre Nostradamus.

Ne tombons pas dans le panneau, notamment des mois à 5 dimanches qui vont se retrouver cette année encore alors que plusieurs d’entre nous sont tombés dans le panneau en nous envoyant des mails annonçant ce décembre 2024 extraordinaire dans une situation ne se reproduisant que tous les 300 ans ou que sais-je ! Il y aura 5 dimanches en Mars et en Juin 2025 et même 5 samedis en Avril… simple question de calcul !

Le début de l’année c’est aussi le moment où de façon rituelle et formelle on rendait visite, dans les quinze premiers jours, à son entourage proche, famille et amis, collègues de travail, et même à des familles pauvres ou à des malades. On envoyait aussi des cartes de vœux, coutumes qui ont tendance à disparaître à l’époque d’internet.

J’expliquerai plus longuement une autre fois l’origine de ces cartes. Peut-être une origine dans l’autorisation donnée dans certains ordres, aux religieuses, séparées de leurs familles, de leur écrire un petit mot ce jour-là. D’autres prétendent qu’il faut remonter à un usage en cours chez les habitants du Céleste Empire de Chine, où l’on envoyait des vœux aux amis, sur des feuilles de papier de riz, dont la dimension devait être en rapport avec l’importance qu’on voulait donner au destinataire.

Vu la considération et la haute estime en laquelle je tiens chacun de vous, cette chronique, sans atteindre deux mètres de longs comme c’était parfois le cas en Chine, a une longueur à la mesure des vœux que je partage avec chacune et chacun de vous et de façon la plus sincère pour 2025. Bonne Année et A Diou sias !                                                                                                                                                     

 Jean Mignot

Au soir du jour de l’Epiphanie 6 janvier 2025

jeudi 28 novembre 2024

Eté "Indien" ou " de la Saint Martin" ?

 

L’été indien ou été de la Saint Martin ?

 Dès que l’on note un renouveau inattendu ou tardif du beau temps, dès qu’on a une arrière-saison plus belle que d’habitude on dit c’est « l’été indien ».

Encore un terme qui se généralise et perd sa signification d’origine pourtant si jolie. Cette originalité saisonnière qu’on s’empresse de qualifier ainsi dès que l’été se prolonge un peu est une expression du XVIIIe siècle

Quel rapport entre l’été et les Indiens ? Tout simplement le pays d’origine de cette expression. Celle-ci est apparue à la fin du XVIIIe siècle en Pennsylvanie (Etats-Unis) et correspond à une particularité du climat continental d’Amérique du Nord : celle d’une période très douce et ensoleillée qui intervient généralement entre le mois d’octobre et le mois de novembre, juste après les premiers gels. On parle chez nous en France d’« été de la Saint Martin ».

C’est une période de redoux avec une température supérieure d’environ 5 degré au-dessus de la température normale saisonnière. Il y a peu de pluie et des journées ensoleillées, avec des nuits moins froides et des matins brumeux.

C’est une période très aléatoire qui peut durer de quelques jours à plus d’une semaine, ou ne pas se produire du tout !

L’expression « été indien » est utilisée depuis plus de deux siècles. On a commencé à entendre parler de l’indian Summer tout d’abord en Pensylvanie à la fin du XVIII e siècle. Ce terme a voyagé ensuite dans les régions de l’Etat de New York et de la Nouvelle Angleterre vers 1798. Il a fait son apparition au Canada vers 1821 où on dit « l’été des Indiens » et en Angleterre vers 1830

Plusieurs hypothèses ont été émises sur l’origine de cette expression.

Elle peut tirer son nom de la période traditionnelle où les Indiens d’Amérique du Nord achevaient leurs récoltes et garnissaient leur wigwam de provisions ;

Dans The Americans, The Colonial Experience, Daniel J. Boorstin suppose que le terme tire son origine des raids des colons européens, pendant les guerres contre les Indiens, raids qui s’arrêtaient à l’automne. Toute période estivale permettait de prolonger des raids, en faisant un été indien ; mais la première fois que le terme apparaît, en 1778, ces raids n’étaient plus pratiqués depuis longtemps !

Les premiers blancs qui habitaient à l'intérieur des terres attribuaient la brume de cette période à la fumée provoquée par les feux de prairies que les Indiens faisaient à cette époque de l'année.

Les marins anglais, qui voyageaient d'une mer à l'autre, avaient remarqué une ressemblance entre notre temps d'automne et celui observé aux Indes pendant l'été.

Les dates où ce phénomène survient sont cependant extrêmement variables, en fonction des différences climatiques de chaque lieu. Dans l’État du Minnesota au nord des États-Unis par exemple, l’été indien survient au début du mois d’octobre.

Le terme s’est répandu en France avec la célèbre chanson écrite par Pierre Delanoë et Claude Lemesle et interprétée par Joe Dassin. Les paroles de cette chanson montrent que l'expression concerne bien le Nord de l’Amérique et non l’Europe :

« C’était l’automne, un automne où il faisait beau

Une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique

Là-bas on l’appelle l’été indien »

En France, l'expression courante, avant le tube de Joe Dassin, était « l’été de la Saint Martin » (11 novembre), période où on note souvent un redoux et du beau temps similaire.

En Allemagne on parle de l’« Altweibersommer » = « été des vieilles femmes », en Suède de « l’été de la Toussaint », en Italie de « l’estate di San Martino » ; en Angleterre, , on parle souvent de St. Luke's summer (« été de la Saint-Luc ») (18 octobre) ou, comme en français, de St. Martin's summer (« été de la Saint-Martin ») ou, comme en américain, Indian summer ; en Espagne on parle de « veranillo de San Miguel » (29 septembre)). La période correspond aussi à ce qu'on appelle en Bretagne « an hanv c'hraden », « l'été des fougères », lesquelles prennent alors leurs belles teintes jaunes et rousses. Enfin en Europe centrale et Russie, on a à la fin septembre, « l’été des bonnes femmes » 

Quant aux origines de l’expression « l’été de la Saint Martin », elle aurait deux origines liées à la légende du saint tourangeau. La première, - la seule authentique disent les Picards puisque Martin était bien de chez eux - Saint Martin d’Amiens - remonte au fait le plus connu de la légende de Saint Martin. Soldat de l’armée romaine, regagnant sa garnison un 11 novembre, il croisa près d’Amiens, un pauvre hère grelottant par un froid particulièrement rigoureux ; il tira son épée, trancha son manteau en deux et couvrit le malheureux. Au même instant, la nuée qui obscurcissait le ciel s’entrouvrit, laissant le soleil resplendir, puis elle se dissipa tout à fait et la terre fut bientôt réchauffée. « En mémoire de ta bonne action, je donnerai désormais à la terre, chaque année à la même époque, quelques jours de beau temps » (cité par Bidault de l’Isle, dans les Vieux dictons de nos Campagnes.) Les Picards tiennent cette légende pour la seule vraie.

La seconde interprétation est reliée à la mort du saint à Candes sur Loire. Les moines du lieu voulurent le veiller et surtout garder son corps. Mais ceux de Marmoutier, abbaye qu’il avait fondée, estimèrent que cet honneur leur revenait au nom du diocèse de Tours, où Martin avait été évêque. Après qu’ils se furent mis d’accord pour le veiller ensemble, il arriva que les premiers s’assoupirent, et les Tourangeaux en profitèrent pour disparaître avec le corps. Leur voyage fut favorisé par un « soleil si radieux et si chaud que les roses fleurirent et la verdure reparut. Ce fut l’origine de l’été qui, chaque année, se renouvelle à la même date (10 et 11 novembre) pour commémorer ce miracle. » (Bidault de l’Isle).  On comprend bien les Tourangeaux tiennent cette légende pour la seule vraie.

Il semble qu’avec les perturbations atmosphériques et les évolutions des cycles lunaire et solaire, cette période ait tendance à se déplacer de quelques jours en avant, parfois même dans les derniers jours d’octobre et soit souvent confondue ou remplacée par « l’été indien ».

« Été Indien » « Été de la Saint Martin » deux expressions très proches qu’il me semblait intéressant d’expliquer et à resituer dans leur contexte et leurs origines.

 

Jean Cévenne.

 

 

 

vendredi 1 novembre 2024

de la Toussaint 2024

 



Voici un rappel avec un article publié dans le journal local Le Républicain d' Uzès avec une précision importante pour ce qui concerne le maintien  de ce jour férié par décision de Napoléon puis des responsables de la IIIe République, en particulier le point 4...

de la Toussaint 2024


Quelques rappels sur l’ origine de la Toussaint et son contexte historique.
On a tout dit ou presque sur cette fête et on va encore en dire beaucoup, souvent en ne faisant aucune nuance entre la païenne et pernicieuse halloween, la Fête de Tous les Saints de l’église catholique et le respectable culte des morts du 2 Novembre. On fait trop souvent un almalgame entre ces deux dernières célébrations.
Halloween est une contraction de l'anglais All Hallows Even, autrement dit "the eve of All Saints' Day " en anglais moderne, ce qui signifie la « veille de tous les saints » . C’est une fête folklorique anglo-saxonne communément considérée comme en partie héritée de la fête religieuse celtique de Samain. Au début de ce mois, la  fête de Samain  ou Sahmain,  marquait chez les Celtes la fin de l’été et le début de la saison d’hiver. En gaélique « Oiche Sahmahna » L’année était alors divisée en deux cycles de six mois, et comme on comptait en nuits et non en jours,  la veille du début du cycle sombre de l’année, était le soir où l’on célébrait  les ancêtres, les héros et les morts, avant les inquiétudes et les rigueurs de l’hiver.  D’où le rapprochement fait par l’église avec la fête de la Toussaint créée au 8 ème siècle et  suivie plus tard  au 10 ème siècle de celle des défunts le 2 novembre.
Dès le IVème siècle, l’église catholique célébrait les saints et les martyrs morts pour leur foi. Cette célébration avait lieu le dimanche après la Pentecôte date que l’on considère comme étant le début de l’Église. Avec la décadence de l’empire romain d’occident, le pouvoir de l’église et du Pape restait la seule référence à une autorité pour régir les règles de la société. Soucieux de se mettre sous la protection d’une puissance étatique, le clergé et le peuple de Rome accueillent les images du nouvel empereur d’orient Phocas et font prier pour lui dans l’oratoire de St Césaire au Mont Palatin. La transmutation de César en St Césaire s´effectue. En 608, pour le remercier de sa fidélité à l’empire byzantin Phocas fait don au récent pape Boniface IV d’un bien d’Empire qui garde une valeur symbolique païenne au milieu de la ville de Rome, le Panthéon. Ce temple, le plus grand de Rome, doté de la plus grande coupole de maçonnerie construite  jusqu’à aujourd´hui, avait été construit par Hadrien, l’empereur-philosophe, qui le voulait ouvert à tous les dieux de l’Empire. Le 13 mai 610, le 3 des ides de mai, l’ex-panthéon est consacré et dédié à tous les martyrs et à Marie, Mère de Dieu. Il devient l’église Sainte Marie aux Martyrs. On passe des dieux romains aux martyrs chrétiens. Puis le transfert de cette fête au 1 er Novembre par le Pape Grégoire IV, sous le règne de Louis le Débonnaire, avec l’institution de cette fête sur tout l’empire carolingien, tente de prendre la place de la fête de Samain qui notamment en Grande Bretagne et en Gaule et dans les pays du nord de l’Europe dégénérait en banquets et beuveries, marquant le début de la moitié sombre de l’année.
La création de la « Commémoration des défunts » - c’était autrefois le nom exact du 2 novembre – revient, elle, aux moines.  En occident, à partir du VIème siècle, les monastères de l’ordre des bénédictins tenaient une journée en mémoire des défunts de leur ordre. Au IXème siècle, l’évêque de Metz, Amallaire (770-850) plaçait le culte des morts après la commémoration des saints, en considérant que ceux qui, après leur mort, n’étaient pas encore rangés au nombre des saints avaient besoin de prières, avant les autres. C’est Odilon, abbé de Cluny, qui décréta en 998 qu’on célèbrerait le 2 novembre de chaque année, dans les monastères clunisiens, la Commémoration de tous les morts. La coutume clunisienne ne se généralisa qu’aux XIIIème et XIVème siècle.
Sans vouloir ranimer de vieux débats, il faut bien dire que la Toussaint est une fête purement catholique dans ses origines. Je ne dis pas « chrétienne » puisque nos frères réformés ne la célèbrent pas. Eux ils commémorent le 31 octobre la fête de la Réformation, c'est-à-dire l’affichage, le 31octobre 1517, par le moine Augustin Martin Luther, sur les portes de la chapelle de château de Wittenberg en Saxe, des 95 thèses portant sur la vente des indulgences, ces « parts de paradis », contre espèces sonnantes et trébuchantes, et plus largement remettant en cause le rôle et la place de l’église catholique entre le Croyant et Dieu. Cette publication est considérée traditionnellement comme le point de départ de la Réforme.

Le jour de la Toussaint est reconnu férié en France depuis le Concordat de 1801, entre Napoléon et le Pape Pie VII, organisant les rapports entre les différentes religions et l'État.
Il est amusant de noter que ce concordat qui n’est plus appliqué en France nous ramène à l’histoire et à l’actualité au moins sur les quatre points que voici :
1/ Ce concordat reste en vigueur dans trois départements de l’Est (Bas-Rhin, Haut Rhin et Moselle) qui suite à l’occupation allemande sont restés sous les dispositions de ce concordat de 1801, quand ils sont redevenus français.
2/ Les tractations autour de l’élaboration de ce concordat avaient amené Bonaparte à obliger le Pape Pie VII à signer un autre concordat en 1802,  dit Concordat de Fontainebleau. Le Pape s’était retracté de sa signature sous l’influence entre autres du Cardinal Pacca qui sera exilé à  Uzès par Napoléon, à cause de son opposition à ce concordat.  Il y fera un assez court séjour logé dans l’hôtel d’Amoreux, rue de la Monnaie, actuelle rue du Dr Blanchard. Son portrait est exposé dans les sacristies de la Cathédrale et une stalle de couleur grise, qui lui était, dit-on, destinée, rappelle ce fait.
3/ Ce concordat de 1801 comportait une autre disposition que le pape Pie VII avait  acceptée : demander aux évêques d’ancien régime de démissionner pour laisser nommer, en accord avec Napoléon, des évêques dans les nouveaux diocèses créés. C’est dans ce contexte que le diocèse d’Uzès a disparu. L’ancien évêque d’Uzès, Mgr de Béthisy de Mézières qui avait émigré, refusa de démissionner de son poste d’Évêque d’Uzès alors qu’il n’y résidait plus et que l’evêché avait été supprimé ! Il mourra à Londres après avoir finalement reconnu le rattachement de l’évêché d’Uzès à celui d’Avignon avant qu’il soit rattaché à l’évêché de Nîmes.
Toussaint jour férié, vestige du concordat de 1801 nous rappelle ces deux faits « uzétiens » !
4 / Toussaint vestige du concordat de 1801 nous ramène au débat sur la laïcité.
La première constitution de notre République avait bien créé un état laïc, mais Bonaparte, après des tas de déboires, avait rétabli la prédominance de la religion catholique. « Il me faut un Pape qui rapproche au lieu de diviser ; et qui réconcilie les esprits, les réunisse et les donne au gouvernement sorti de la Révolution pour prix de la protection qu’il en aura obtenue. Et pour cela il me faut le vrai pape : catholique, apostolique et romain, celui qui siège au Vatican. Avec les armées françaises et des égards, j’en serai toujours le maître. Il fera ce que je lui demanderai dans l’intérêt du repos général ; il calmera les esprits, les réunira sous sa main et les placera dans les miennes. »
Le 16 juillet 1802 (27 messidor an IX), le Concordat restaure la religion catholique en France et abolit la loi de 1795 séparant l’Église de l’État ; en retour, le Saint Siège reconnait la légitimité de la République. « De toutes choses entreprises par Bonaparte, écrit Châteaubriant, celle qui lui coûta le plus fut indubitablement son Concordat ».
En 1905, la loi de séparation de l’Église et de l’État, si durement discutée de part et d’autre ne toucha pas à certaines dispositions de ce Concordat et de l’arrêté du 19 avril 1802 qui instituait la Toussaint comme jour férié. L’article 42 stipule : « Les dispositions légales relatives aux jours actuellement fériés sont maintenues ».
Mais il n’y avait alors que quatre jours prévus dans ces dispositions : Noël, l’Ascension, l’Assomption et la Toussaint. C’est le gouvernement de M. de Freycinet, qui dans sa loi du 8 mars 1886, en pleine querelle religieuse, et surtout dans le cadre des grands mouvements sociaux qui ont marqué la IIIe République, créa, entre autres jours fériés, le lundi de Pâques et le Lundi de Pentecôte.
On se pose encore aujourd’hui la question du pourquoi de cette décision qui n’a rien de religieux. Sans doute Charles Louis de Freycinet, Président du Conseil, homme de conciliation et de compromis au point qu’on l’avait surnommé « la souris blanche » (il faisait le tampon entre Jules Ferry et Gambetta !) cherchait-il la paix sociale !
Il me semble que cela valait la peine de rappeler l’origine de ces faits historiques .

Je termine cette chronique par un conseil de saison ! C’est de la pomme que je veux parler et non de la châtaigne, pourtant fruit de saison elle aussi et  dont on connaît bien les facultés pour assouplir les articulations. « Manger une pomme le soir fait dormir ! » En bon cévenol je dois bien ces dernières lignes à la Reinette du Vigan célébrée avec tant d’enthousiasme le dernier we d’octobre. Depuis le Paradis terrestre, la pomme joue les vedettes. La sagesse populaire lui reconnaît mille vertus, dont la première est d’éloigner le médecin ! « La pomme du matin tue le médecin ! » Ou encore : « Qui mange une pomme tous les jours, vit cent ans ! » Par les temps qui courent et l’hiver qui arrive avec ses frimas ses rhumes et sa grippe, essayons de suivre ce bon conseil, une autre forme de vaccin antigrippe , peut être aussi anticovid !
Portez-vous bien . Addisias !
Jean Mignot


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mercredi 11 septembre 2024

à propos du mois de septembre

À propos de septembre 2024


Septembre a ouvert la série des mois dont le nom vient tout simplement de la place des mois du premier calendrier de Rome, calqué sur celui des gens d’Albe. Le septième des dix mois du calendrier d’alors, il est aujourd’hui le neuvième de notre année de douze mois avant qu’intervienne la réforme imposée à la demande de Jules César, pour avoir un calendrier qui coïncide autant que faire se peut avec le cycle du soleil et les saisons.

Quand j’écris « à la demande » je pense à la vive remarque de notre professeur de latin qui se moquait bien de nous quand nous traduisions l’exemple d’une règle de la grammaire latine « César pontem fecit ». Bien sûr César il faut traduire : « fit faire un pont » comme il demanda à des savants d’établir les règles d’un nouveau calendrier. Cette réforme a donné son nom à ce calendrier - le calendrier julien - qui a été la référence pendant 1628 ans (46 ans avant JC et 1582 après) alors que le calendrier « grégorien » qui est notre référence aujourd’hui, le plus universellement reconnue n’est en vigueur que depuis 442 ans (2024 - 1582). Mais c’est ce calendrier qui est le plus proche de la course du soleil et des saisons, même s’il faut de temps en temps remettre à jour avec les années bissextiles. C’est une des raisons qui fait que l’automne est cette année le 22 septembre mais était l’an dernier le 23 septembre.

Je souligne la tendance actuelle qui est de dire que l’automne commence le 1er septembre. Je pense pour ma part que cette tendance n’est pas justifiée uniquement parce que le temps change en septembre. Je pense que c’est une question de facilité pour les statistiques car cette date en plein mois ne facilite pas les calculs, même au temps de l’informatique la plus sophistiquée ! Mais on ne commande pas au temps, même avec des ordinateurs ou des satellites !

Pour septembre j’aime citer l’almanach provençal : « Quand li bestiari fagueron li més, chascun faguè lou siéu à sa fantasié. Lou reinard venguè lou darriè, car en estènt que se mesfisavon d’èu, l’avien pas vougu. - Ben, ié diguè, coum’avès fa ? - Aven fa lou mes de janvié, aqui i’a de fre ; aven fa lou mes d’abriéu, aqui i’a de plueio ; aven fa lou mes de setèmbre, aqui i’a de toute meno de frucho…- Eh ! bedigas ! cridé lou reinard, que noun fassias ounge mes de setèmbre ! passavian l’autre à rapuga ! » Voilà une bonne description de ce qui marque le mois de septembre, empruntée au grand Frédéric Mistral. « Quand les animaux firent les mois, chacun fit le sien à sa fantaisie. Le renard vint le dernier car étant donné qu’ils se méfiaient de lui, ils l’avaient laissé de côté (ils ne l’avaient pas voulu, - sous-entendu- avec eux). Il leur dit alors : Comment avez-vous fait ? - Nous avons fait le mois de janvier, là il fait froid ; nous avons fait le mois d’avril, là il y a la pluie, nous avons fait le mois de septembre, là il y a toute sorte de fruits. -Eh bien imbéciles ! leur cria le renard, pourquoi n’avez-vous donc pas fait onze mois de septembre, nous aurions passé l’autre (le douzième) à grappiller. » Ce texte a été publié dans l’Armana Prouvençau de 1853.

Plus sereinement, en revenant aux champs, aux cultures, aux saisons je rappellerai encore que c’est le jour de la saint Michel que prennent fin traditionnellement les baux de fermage, ou qu’ils sont renouvelés. De même c’est à la saint Michel, le 29 septembre, que sont « débauchés » ou « embauchés » les commis de ferme et les autres personnels. D’où les conseils de prudence donnés pour la saint Lambert le 17. C’est dans la deuxième quinzaine de septembre, en effet, que se préparaient, entre fermiers, ouvriers et commis, les engagements réciproques pour l’année agricole à venir. Celui qui sans y être contraint, quittait alors sa place, courait grand risque de ne pas la retrouver : « Le jour de la saint Lambert, qui quitte sa place la perd ! » Ce saint Lambert était évêque de Maastricht et ce jour-là il y a quelques années eut lieu un fameux référendum à propos d’un fameux traité !!!   C’est une histoire qui fait encore couler beaucoup… d’encre…et de salive… ! Encore en ce moment ! 

Nous n’oublierons pas, nous les gardois, le triste épisode de la Michelade, ce massacre entre Protestants et Catholiques, à Nîmes, au moment de la foire de la saint Michel, les 29 et 30 septembre 1567.  Cette émeute à Nîmes s'inscrit dans l'ensemble de troubles entraînés par les guerres de religion qui déchirèrent la France au XVIe siècle. Avec le Massacre de Vassy perpétré contre les protestants le 1er mars 1562 par les troupes du Duc de Guise, il préfigure, à une échelle moindre, le massacre des protestants par les catholiques lors de la Saint Barthélémy le 24 août 1572, où cinq à dix mille protestants sont tués à travers toute la France.

Cette triste affaire qui s’est passée en septembre, et chez nous, fut suivie de règlement de compte et de violentes répressions qui entrainèrent un importe émigration.

Pour s’informer sur cet évènement majeur des Guerres de religions, je conseille de lire l’ouvrage de Jean-Paul Chabrol « La Michelade, un crime de religion » qui me semble le plus impartial et le plus fiable actuellement, publiée en 2013 chez Alcide. Jean-Paul Chabrol est un des meilleurs historiens de référence pour comprendre les Cévennes.

Il existe dans la cathédrale de Nîmes une chapelle des martyrs où seraient rassemblés les restes mortels de ces catholiques massacrés et qui avaient été jetés dans un puits alors dans la cour de l’Évêché de Nîmes, actuel Musée Municipal. Cette chapelle sera exceptionnellement ouverte à l’occasion des Journées du Patrimoine de septembre 2024.

La période de fin d’été est favorable à la récolte des fruits « En septembre se coupe ce qui pend » ; ce qui fait dire que cette période est encore le temps des confitures. Un décret du 23 septembre 1925 stipule que la confiture « est un produit constitué uniquement de sucre raffiné ou cristallisé et de fruits frais ou conservés autrement que par dessiccation ». Ne confondons pas la confiture avec la marmelade qui est, elle une purée, ce qui est encore différent de la gelée qui est le jus de fruit coagulé, et qui est encore différent de la compote qui elle est faite de fruits peu cuits et peu sucrés. L’homme a longtemps cherché les moyens de conserver les aliments en les séchant, les salant, les fumant, les mettant à l’abri de l’air ou en les cuisant. C’est Pline qui au 1er siècle de notre ère nous donne semble-t-il la première recette de confiture dans son œuvre l’« Histoire naturelle ». Au XVIème siècle Nostradamus écrivit « la manière de faire toutes les confitures liquides tant en sucre, miel qu’en vin cuit ». L’âge d’or des confitures serait le XIX ème siècle, sans doute parce que, au moment où la vie rurale domine encore et époque où les vergers domestiques sont nombreux, le sucre devient un produit de consommation courante. Au XVII ème siècle Colbert avait favorisé l’implantation de raffineries dans les grands ports français, mais le sucre restait encore un « épice » d’un prix prohibitif. Ce n’est qu’au XIX ème siècle sous l’impulsion de Napoléon Premier que l’industrie de la betterave va se développer et bien vite concurrencer le sucre de canne favorisant ainsi le développement de la fabrique des confitures. Faire des confitures c’est renouer avec un art de vivre, une époque où l’on avait le temps de prendre son temps !

Au cours de ce mois les jours diminuent d’une heure quarante-six minutes et ont une durée moyenne de douze heures trente. D’où cette recommandation d’un dicton du Bourbonnais : « A la saint Leu, la lampe au cleu » et dans nos parlers du Midi : « Oou mes de setembre, lou caleu es a pendre ». Lou caleu, vous le savez bien, c’est la lampe à huile. Saint Leu c’est le 1er septembre. Trois évêques ont porté ce nom, celui de Troyes mort en 478, celui de Soissons mort vers 535 et celui de Sens mort en 623. Les uns et les autres que l’on nomme « Leu » tirent leur nom d’une prononciation ancienne de « Loup » d’où de très nombreuses églises ou village qui en France portent l’un ou l’autre nom.

Malgré ce raccourcissement de la durée du jour, le temps reste encore agréable et cette arrière-saison est parfois plus belle que le printemps. « Septembre se nomme le mai de l’automne ». « De mai, septembre a les teintes fines, souvent la tranquillité un peu brumeuse, les tiédeurs et les fraîcheurs mêlées, les matins trempés de rosée et les couchants où l’air tout entier prend la couleur de la chair de Fraise » écrit Henri Pourrat si proche de notre famille !

Avec l’équinoxe du 22 septembre quelques signes nous annoncent les grands vents et les changements du temps. Par exemple : le soleil est ceint de plusieurs cercles sombres ; les hirondelles passent toutes du même côté des arbres où les moucherons se sont abrités ; le son des cloches lointaines arrive par saccades ; les forêts bruissent ; les oiseaux aquatiques s’ébattent sur les rivages. « Quel calme ! voici l’équinoxe. Le jour est plus jaune, la lumière a vieilli. Prends ton panier pour les vendanges, voici l’arrière-saison. Sème les raves, empaille les cardons ; fais couler l’eau sur la fleur bleue, grasse et froide du chou-fleur ; l’air sent le céleri et le feu les fans de pommes de terre ; cueille la fraise des quatre saisons, le glaïeul, le fuchsia, la sauge, l’héliotrope. Hume la pêche. Assieds-toi sur le gazon râpé. Voici les coings et la citrouille. L’air prend un goût de fleur brouie » écrit cet autre écrivain auvergnat Alexandre Vialatte.

La pleine lune sera le 18 septembre en lune montante. Ce même jour il y aura un nœud lunaire et la lune sera à son périgée. Il y aura donc une éclipse de lune. Ce sera une période de grandes marées d’un coefficient de plus de 110. Donc une accumulation de signes qui peuvent laisser prévoir des perturbations plus intenses. Tout ça n'est pas bon signe, pour ce jour-là ou pour les jours suivants ? A l’approche de l’équinoxe d’automne le 22 septembre on peut s’attendre à du très mauvais temps autour de cette date du 18. Pour le moment les prévisions sont au beau fixe. À vos notes ! Je ne suis ni prévisionniste ni météorologue. Je sais bien que la lune n’a pas de rayonnement... Et les météorologues ne parlent presque jamais du cycle lunaire. Mais la lune nous donne presque toujours des indications sur le temps. Nos Anciens le savaient bien, et d’ailleurs ils ont écrit à l’appui de leurs observations, quantités de dictons ayant trait au temps. Si on regarde le cycle lunaire, il est intéressant de relever les dictons pour ces jours-là, souvent liés au saint du jour qui lui n'est pour rien dans cette affaire !

Voici ceux de la fin du mois avec saint Michel qui marque les derniers jours de chaleur : « A la saint Michel, la chaleur monte au ciel. » C’est le dernier délai pour le départ des hirondelles : « A la saint Michel, départ des hirondelles ! » Et si ces hirondelles se sont attardées jusqu’à cette date c’est parce qu’il peut faire encore très beau : « Quand l’hirondelle voit la saint Michel, L’hiver ne viendra qu’à Noël ! 

Au grand Gilbert Bécaud de conclure cette chronique avec cet extrait de sa belle chanson « C’est en septembre » :

Les oliviers baissent les bras
Les raisins rougissent du nez
Et le sable est devenu froid
Au blanc soleil
Maîtres baigneurs et saisonniers
Retournent à leurs vrais métiers
Et les santons seront sculptés
Avant Noël

C'est en septembre
Quand les voiliers sont dévoilés
Et que la plage
Tremble sous l'ombre d'un automne débronzé
C'est en septembre
Que l'on peut vivre pour de vrai

En été, mon pays à moi
En été, c'est n'importe quoi
Les caravanes, le camping-gaz
Au grand soleil
La grande foire aux illusions
Les slips trop courts, les shorts trop longs
Les Hollandaises et leurs melons
De Cavaillon

C'est en septembre
Quand l'été remet ses souliers
Et que la plage
Est comme un ventre que personne n'a touché
C'est en septembre
Que mon pays peut respirer

Pays de mes jeunes années
Là où mon père est enterré
Mon école était chauffée
Au grand soleil
Au mois de mai, moi je m'en vais
Et je te laisse aux étrangers
Pour aller faire l'étranger moi-même
Sous d'autres ciels

Mais en septembre
Quand je reviens où je suis né
Et que ma plage me reconnaît
M'ouvre des bras de fiancée
C'est en septembre
Que je me fais la bonne année

C'est en septembre
Que je m'endors
Sous l'olivier


A Diou sias bravis, gens. « Vous aven dit ço que sabian » chantaient les fileuses de nos régions. Voilà ce que j’avais envie de vous dire, et ce que m’inspire ce mois de septembre 2024, gardant pour d’autres fois, d’autres choses qui me donneront le plaisir, partagé, j’espère, de vous retrouver avec ces quelques lignes.  

 Jean Mignot le 11 septembre 2024, jour d'un bien triste anniversaire !