par les temps qui courent ...
De la canicule
Canicule ne veut pas dire nécessairement
« chaleur ». Dès que la température approche ou dépasse les 30 °,
surtout depuis 2003 on utilise ce mot à tort et à travers. Ce mot avec le temps
a changé de sens. C’est un mot qui vient du latin canicula, diminutif de canis
(=chien) parce que la période du 24 juillet au 24 août est la période où la
principale étoile de la constellation du Chien, Sirius, se lève et se couche en
même temps que le soleil.
En Egypte antique, ce phénomène marquait le début
de la saison de la crue du Nil et permettait de fixer le calendrier annuel.
Dans la Rome antique, le début de la Canicule était célébré par la fête de
Neptunalia (le 24 juillet), on lui attribuait de mauvaises influences (maladies
causées par la chaleur et hurlements des chiens) et on tentait de conjurer
l'influence néfaste de Sirius sur les moissons en immolant des chiens roux
comme le soleil.
Les Anciens avaient alors pensé qu’il y avait un
lien entre l’apparition de cette étoile et les grandes chaleurs. Déjà
Pline l’Ancien écrivait : « Quant à la canicule, qui
ignore que, se levant, elle allume l’ardeur du soleil ? Les effets de cet
astre sont les plus puissants sur la terre : les mers bouillonnent à son
lever, les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s’agitent.
Les Egyptiens donnent le nom d’Oryx à un animal qui, disent-ils, se tient en
face de cette étoile à son lever, fixe ses regards sur elle, et l’adore, pour
ainsi dire en éternuant. Les chiens aussi sont plus exposés à la rage durant
tout cet intervalle de temps ; cela n’est pas douteux. »
Les Romains sacrifiaient les chiennes rousses
pour apaiser la Canicule. Il était de coutume de jeter au bûcher des chiennes
au pelage roux. On trouve des traces de cette maltraitance du chien dans de
nombreuses expressions. Une météo maussade et pluvieuse est qualifiée de «
temps de chien » et la chaleur caniculaire trouve son origine
linguistique dans la constellation du Grand Chien. L’animal réputé comme le
meilleur ami de l’homme a bon dos. Bouc émissaire des maux humains on associe
le chien à un grand nombre d’expressions négatives : « se faire traiter
comme un chien » ; « être d’une humeur de chien » ; «
être malade comme un chien » ; « arriver comme un chien dans
un jeu de quilles » ; « se regarder en chiens de faïence » ; « mener une vie de
chien » ; « avoir un caractère de chien » … Même les
religions donnent une image négative et d’impureté. La Bible et le Coran
en donnent beaucoup d’exemples.
Canicule ou thermidor c’est cette période qui a
vu la chute de Robespierre et le rôle si important de « Notre Dame
de Thermidor » la belle Madame Tallien, Theresa Cabarrus, dans ce
grand changement. Elle était apparue à l’Opéra, dans une tunique de soie
blanche sans manche, et aucun sous-vêtement. Ce qui permit à Talleyrand, dont
on connaît bien l’esprit d’à-propos de dire : « il n’est pas possible
de s’exposer plus somptueusement ! » C’est vrai qu’elle avait pris des
risques !
Henri Voulland, notre avocat uzétien eut un rôle
important dans cette période trouble. En tant que Membre du Comité de Sûreté
Générale il est signataire de l’arrêté qui conduisit Robespierre à l’échafaud.
Il nous reste lointain souvenir de cette époque
le « homard Thermidor ». En réalité, il s’agit d’une recette
créée au restaurant « Maire » à Paris, en hommage au drame « Thermidor » de
Victorien Sardou. Pourquoi ce qualificatif ? eh bien peut-être parce qu’il faut
couper le homard en deux alors qu’il est encore vivant ! A moins que ce ne soit
qu’une histoire de sauce ! On imagine facilement la suite !
Thermidor a disparu du calendrier avec l’arrivée
du premier Empire. Avec le décalage du cycle des astres, un jour la canicule
tombera même en plein hiver et sera lors une période de froid et de gelées !
C’est donc un peu un contre-sens d’employer ce
mot pour parler de chaleur. Il serait plus correct d’écrire ou de
dire : « il fait chaud, comme pendant la canicule »
c’est-à-dire comme pendant cette période qui va du 23 juillet au 24 août. On
peut parler aussi de chaleur « caniculaire ».
Il est considéré
qu'une canicule correspond à une température de nuit supérieure à
18-20 °C et une température de jour supérieure à 30-35 °trois jours de suite.
En France métropolitaine, la période la plus propice aux canicules s'étend du
15 juillet au 15 août. Mais faut-il vraiment attendre que nos gouvernants
déclenchent le « Plan canicule » pour fermer les
volets aux heures les plus chaudes de la journée et boire de l’eau pour
s’hydrater ! Ce n’est pas la canicule parce que le gouvernement ou le
préfet l’ont dit ! C’est la canicule parce qu’il fait chaud, très chaud, ou
trop chaud ! Ce n’est pas nouveau qu’il fasse chaud au mois de juillet ou
en août Un peu de bon sens que diantre !
Longtemps les étés « caniculaires » ont
eu lieu plusieurs années de suite par groupe de trois ou de quatre comme dans
les années 1132 ou en Alsace, le Rhin pouvait être traversé à pied. En 1160, en
France les récoltes d’avoine et de seigle sont complètement détruites par la
chaleur. En 1303/1304 on peut traverser la Seine, la Loire et le Rhin à pied.
1331-1334, 1385 -1393 animaux et récoltes sont
anéantis par la chaleur. En 1718 aucune pluie en France en avril et octobre.
Chaleurs excessives en 1748, 1754, 1760 puis en 1778-1781 et à la veille de la
Révolution en 1788. Il fait 36 ° pour les Trois Glorieuses les 27,28 et 29
juillet 1830. En 1947 on enregistre trois vagues successives supérieures à la
moyenne des températures enregistrées, du 26 au 28 juin puis du 22 juillet au 4
août et ensuite du 14 août au 20 août. N’oublions pas la sécheresse et les chaleurs
de 1976, et la canicule de 1983 qui frappe très fort Marseille. Ce sont les
grosses chaleurs de 2003 dès la fin avril qui ont déclenché une prise de
conscience de la nécessité de s’organiser.
Certes les météorologues nous disent que les
instruments de mesure avant l’invention du thermomètre et du baromètres
n’existant pas, on ne peut se référer sérieusement à ces données. Mais
l’histoire est là et on connait bien les conséquences des grosses chaleurs sur
non seulement les récoltes et donc les famines et les épidémies, mais aussi sur
les événements historiques, révoltes et autres. Sans nier les effets du
réchauffement climatique et l’effet de serre, alors qu’on n’avait pas le moteur
à explosion, les avions et les énormes porte-containers sur les mers, ni le
chauffage au fuel, il y a eu fréquemment des canicules. Emmanuel Leroy-Ladurie
développe longuement cela dans ses ouvrages, notamment « L’histoire des
Climats depuis l’an 1000 ». Mémoire quand on te perd !
Cette année le cycle de la lune correspond à
cette période. Ce sera idéal pour contempler les étoiles vers le 24
juillet. Nous penserons à Saint Jacques de Compostelle le 25 juillet en
contemplant la voie lactée, faute de pouvoir suivre son chemin. En août nous
pourrons observer les « larmes de saint Laurent », les
Laurentides, ou encore les Perséides, dans les nuits autour du 10 août, puisque
ce sont les nuits où l’on voit le plus d’étoiles filantes, baptisées si
joliment du nom de ce martyre qui fut immolé sur un gril ! Je ne ferai pas
d’autres rapprochements avec une pratique si courante en cette période
estivale
Avec Musset nous verrons au couchant la belle
Vénus : « pâle étoile du soir, messagère lointaine, dont le front sort
brillant des voiles du couchant, que regardes-tu dans la
plaine ? »
Et nous penserons à Racine et à Uzès avec ces
vers si charmants dont Uzès n’a trop souvent retenu que le dernier :
« Lorsque la nuit a déployé ses voiles
La lune au visage changeant
Parait sur un trône d’argent
Tenant cercle avec les étoiles ;
Le ciel est toujours clair tant que dure
son cours
Et nous avons des nuits plus belles que
vos jours !
Adissias !
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