samedi 31 décembre 2022

des prévisions météorologiques pour l'année 2023

 

des prévisions météorologiques pour l’année 2023

Le Nouvel an continue d’être solennisé comme un jour de fête, vestige lointain des célébrations des saturnales qui marquaient, par toutes sortes de festivités, ces jours où le soleil brillait un peu plus longtemps, le sol invictus, occasion pour les chrétiens de fixer au solstice, par symbolisme, le jour de la naissance de Jésus.

Pour le Premier janvier il nous reste des Romains cette traditions des Vœux et des étrennes et à entendre les souhaits que nous nous adressons les uns et les autres, on pourrait se persuader que nous allons agir favorablement sur l’année entière !

J’ai longuement expliqué ces deux aspects, vœux et étrennes, dans une chronique l’an dernier et aussi expliqué l’origine « historique » de 1er Janvier. (voir sur https :jeancevenne.blogspot.com et ci-après)

Dans les anciennes religions orientales, le premier jour de l’an était un jour de prophétie et les prêtres annonçaient quelle serait l’année : bonne ou mauvaise, sèche ou pluvieuse, féconde ou stérile.

Ce type de prévisions n’a pas totalement disparu et ici où là, notamment dans le monde paysan où l’on porte encore un peu d’attention à la lune et aux indications qu’elle nous donne. On trouve encore quelques vieilles traditions qui ne sont pas totalement déconnectées de la réalité ou des observations savantes de nos prévisionnistes et autres météorologues. Pour les premiers ce sont des proverbes, des dictons, légendes ou comptines ou que sais-je encore, fruits des longues observations, pour les autres, une lecture et une interprétation des données que leur communiquent leurs machines sophistiquées. Je sais, je suis méchant pour eux ! Pourtant je constate que ces données, désormais accessibles au grand public grâce à internet, permettent d’en savoir personnellement autant que ce qu’ils peuvent nous traduire sur les ondes. Nous avons accès aux mêmes bases de données. Eux, ils sont mieux formés que nous pour les interpréter. Je leur reconnais cela. Encore qu’ils ne parlent jamais de la lune !

Voici quelques-unes des observations de nos Anciens, à rapprocher des prévisions qu’on peut entendre ou voir ou lire. Regardez tout simplement les prévisions sur l’année entière, sur le calendrier du facteur que vous venez d’avoir en échanges d’une étrenne. Ces prévisions sont très intéressantes et souvent elles se vérifient.

« La lune dit-on, ou disait-on, dans le Poitou, est toujours accompagnée de deux étoiles, une grosse et une petite ; la grosse est tantôt devant et tantôt derrière ; elle représente l’homme riche ; la petite c’est le pauvre, ou pour mieux dire, l’acheteur du blé. La petite suit-elle la grosse ? L’acheteur court après le vendeur, le blé sera cher ; si les deux étoiles sont près de se toucher, le pauvre sera réduit à demander l’aumône ; mais la petite étoile prend-elle les devants, à son tour le pauvre s’enfuit, dédaignant les offres du riche. L’année sera abondante et la vie facile. » in Le folklore de France de P.Sébillot, d’après  L.Desaivre études de mythologie locale.

Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire ! mais couvrez-vous si vous mettez le nez dehors car si nos jours sont marqués par une température un peu au-dessus de la moyenne, les nuits sont assez fraîches et les virus de tous ordres, rodent.

Dans le Folk-lore des Hautes Vosges de L.Sauvé paru en 1889 ; je lis : « Si le jour de Noël, la lune est dans l’un de ses neufs premiers jours de croissance, l’année suivante sera d’une grande fertilité. S’il arrive, au contraire que la une soit dans son dizièe, onzième, douzième ou treizième jour, les récoltes ne donneront que moitié. L’année sera absolument stérile et il s’ensuivra une grande cherté, si Noël tombe du quatorzième au dix-neuvième jour de la lune. »

Allons vite voir ce que dit notre calendrier cette année : Noël en 2022 était le deuxième jour de la lune croissante !.. Bien, sûr face à tout cela il faut tenir compte des paramètres locaux ! Altitude, proximité d’un lac ou de la mer, vallée ou montagne, forêt. etc...

Les prévisions à longue échéance fondées sur la visibilité de la lune et des étoiles en début d’année restent, je le reconnais et malgré ce que je viens d’écrire, aussi vagues que générales.

D’autres esprits férus du pouvoir exclusif de la lune et des étoiles ont attribué d’une autre façon un pouvoir déterminant aux douze jours qui séparent Noël de l’Epiphanie. Ces douze jours pèsent sur l’année entière : le premier jour annonce le temps qui dominera durant le 1er mois ; le second celui qui règnera dans le second mois et ainsi de suite jusqu’au douzième.

J’ai souvent cité cette comptine et expliqué ces jours qu’on appelle « jours de sorts » ou « ajets » : « Regarde comment sont menées depuis Noël douze journées, car suivant ces douze jours, les douze moi auront cours ». De même la litanie-comptine qui prend pour mesure le pas d’un animal, ou son saut ou même son vol pour mesurer l’évolution du jour depuis le solstice : « Les jours croissent... à la Noël du saut d’un baudet, à l’an neuf du pas d’un bœuf, aux Rois du pas d’une oie etc.. » avec plusieurs versions !  Je laisse de côté le saut de puce de la saint Luce puisque j’ai expliqué que ce jour déconnecté du solstice depuis la réforme du calendrier de 1582, ne justifiait plus ce dicton.

Fin 1696, Pierre Simon dit Delorme, meunier établi dans la seigneurie de Sillery, note le « comportement » des ajets dans son livre de comptes. Voici quelques exemples tirés de son document manuscrit : « jenvié : Le jour de Noil, bo tan canlme, frei noire, l'erre du su-sorois ;

 Fevrié Lundis, bo tan au matein, tans for noire au norois jusque a midis et peti nordeis, et l'apé-midi, petitte neige jusque soire anviron

Mars : Mardis, bo tans canlme et doux toutte la journé et la suite jusqu’en

Décembre : Judis au matin, nordés et de la neinge quelques eure du matin, res de la journée bo tant, petit van de soroi. »

Ce cycle des douze jours est bien connu en Belgique où les lotgaden (Jours de sort) sont très connus en raison de leur valeur prophétique et parce qu’on les considère particulièrement favorables aux opérations divinatoires : « Si pendant les douze nuits, on transvase à plusieurs reprises, de l’eau en différents vases et que le volume d’eau augmente, on peut attendre une année heureuse ; dans le cas contraire, l’année sera multipluvieuse. »

Dans les régions des Côtes de la Meuse et dans la Woëvre, les douze jours sont désignés sous les noms significatifs de « Petits mois ».  E. Linckenheld Les Petits mois ou Loostage dans le pays Lorain. 1930.

En Bretagne, la qualité des « Gourdeziou », autre nom des Douze jours, dénote, d’après le peuple, celle des douze mois de l’année.

Dans le Bas-Maine, une tradition d’Ampoigné, nous dit : « la température des six derniers jours de l’année (que l’on nomme les achets) indique la température probable des six premiers mois de l’année suivante. La température du lendemain de Noël indique la température de janvier et ainsi de suite ».

En Provence, on dit que les douze jours qui suivent la Noël, léi countié (les jours compteurs) prédisent le temps de toute l’année.

Au Canada ces mêmes jours ont conservé le nom d’« ajets ».

 En Angleterre, divers indices permettaient de penser que l’on attendait des visiteurs surnaturels. Si les cuivres brillaient de façon qu’on puisse s’y mirer, celui ou celle qui les avaient nettoyés trouvait une pièce de monnaie dans son soulier. Mais on s’éloigne de notre sujet !

Chez les scandinaves, on estimait qu’il suffisait de courir en rond entre Noël et l’Epiphanie pour mettre tout en mouvement.

Durant ces douze jours, en Allemagne on ne doit pas battre le blé.  C’est alors que la fée Hollé, de l’Allemagne centrale et de l’Autriche, la fée Berchta du sud de la Germanie et du Tyrol, et la fée Frick dans les régions des Montagnes du Hartz, font leur ronde et punissent toutes les femmes qui à la fin de cette période n’ont pas achevé de filer ou tout au moins fait disparaître tout le lin dont à la Noël elles avaient garni leurs quenouilles. Dans ce cas, la fée Hollé regagne sa montagne ou son lac et s’écrie : « Telle quenouille, telle triste année »

Chez les Grecs ce sont les Kallikantzaroi.

Ce cycle magique de douze jours se retrouve un peu partout dans tous nos pays.

A quelle époque peut-on dire que remonte ce cycle magique. On dit qu’Ephrem de Syrie qui mourut en 381 en parle déjà. Le concile de Tours de 576 déclare que les jours de Noël à l’Épiphanie sont jours de fêtes et les moins peuvent alors bénéficier d’un repas un peu moins léger. Il s’agit là très vraisemblablement d’une sanctification de vieilles coutumes d’origine magique.

Les « Douze Jours » pourraient bien avoir été inventés par les populations protohistoriques pour concilier leurs calendriers lunaires avec le calendrier des romains leurs nouveaux maîtres. Les Celtes ajoutèrent à l’année, et précisément après le solstice d’hiver, douze jours complémentaires.

Il ne semble pas possible que la majorité de tous ces dictons et toutes ces coutumes ou légendes qui se perpétuent à travers les siècles et qui ont reçu l’approbation de tant de générations, ne reposent pas sur un fonds de réalité.

Les paysans seraient-ils de moins bons observateurs que nos savants ?  C’est aux savants qu’il appartient de tirer des leçons de ces constats et observations et d’expliquer ces phénomènes, comme ceux qui se réfèrent au cycle lunaire, sans le tourner en dérision par une pirouette « la lune n’a pas de rayonnement ! ».

En début d’année, je voulais écrire ceci, notamment pour vous inviter à regarder la nature autrement, voire sous une forme amusante, et à observer ce temps des « Douze Jours » pour tout au long de l’année vous rappeler cette leçon de la nature qui par ces changements, parfois violents, nous invite à la respecter avant de crier à trop facilement à la catastrophe ou au « jamais vu » !

Avec mes vœux les meilleurs et les plus sincères pour chacun de vous. Addissias. Bonne Année 2023.

Jean Mignot en cette soirée de la Saint Sylvestre 2022

 

 En guise de rappel : "au sujet du 1er Janvier "  ( publié pour janvier 2021 )

 

Vous êtes-vous demandé un jour pourquoi l’année commence le 1er janvier. Certes c’est un début de mois, mais ça ne correspond pas à un début de saison ce qui aurait été plus rationnel, un peu comme chez les Celtes qui faisaient commencer l’année avec la saison sombre, au lendemain d’halloween, ou comme feu le calendrier républicain qui était bien calé sur les saisons et faisait commencer l’année « au jour civil où tombe l’équinoxe d’automne au méridien de Paris ». Mais d’autres défauts de décalage ne permettaient pas son maintien à long terme. C’est l’évolution et les modifications du calendrier à travers les âges qui peuvent expliquer le choix de cette date avec tout ce qu’elle entraîne avec elle.

De fait le début de l’année a été fixé par pure convention. Ainsi, l’année romaine qui n’avait d’abord que dix mois, commençait avec le mois de mars presque avec le printemps et les mois étaient nommés selon leur position. Nous avons encore un vestige de cela avec le nom des mois de septembre, octobre, novembre et décembre, respectivement, septième, huitième, neuvième et dixième mois du premier calendrier en usage à la fondation de Rome, devenus nos neuvième, dixième, onzième, et douzième mois de notre année. À l’époque de Jules César, on constatait un décalage de la durée de l’année avec les saisons, régies, elles, par le cycle du soleil. Sur les conseils de Sosigène d’Alexandrie, on avança de trois mois le début de l’an. En l’an 709 de la fondation de Rome (AUC =ab urbe condita)) soit en 46 avant JC on décréta que l’année commencerait le premier de l’an soit le 1er janvier en ajoutant deux mois complémentaires, dont ce mois dédié à Janus, ce roi légendaire du Latium, ce pacifiste au double visage, l’un regardant devant, l’autre regardant derrière et qui connaissait donc le passé et l’avenir. Janvier, le mois charnière entre deux années. Février venait compléter la durée du cycle, pour arriver au bon compte en mars, avec quelques variantes qui nous nous valent encore le jour bissextile.  Ce qui veut déjà dire que même en nos temps où la science a fait les progrès que l’on sait, les hommes n’ont jamais pu ajuster leurs calculs pour faire coïncider les outils de mesure du temps avec le cycle de celui qui régit nos vies, le soleil. Sol invictus ! Et il nous faut toujours rattraper le temps perdu, si tant est que « le temps perdu ne se rattrape jamais ! »

C’est ainsi que commença la réforme julienne, que Rome appliqua avec toutes les nations soumises à sa domination – et que continuèrent d’appliquer tous les peuples adoptant le calendrier solaire jusqu’en 1582.  J’ai longuement essayé d’expliquer ces modifications en particulier au moment des années bissextiles. Les réformes sont toujours très difficiles à mettre en pratique. On vit même au temps de Jules César une « année de la confusion » d’une durée exceptionnelle de 445 jours. Confusion due sans aucun doute aux modalités d’applications mais aussi à la mauvaise volonté des « pontifes », personnages chargés de l’application des règles de vie commune à Rome, (rien à voir avec le Pape des Catholiques). Ces pontifes avaient aussi quelques intérêts à défendre les dates d’échéances donc de début ou de fin de mois, car elles conditionnent le prélèvement des impôts. Rien de bien nouveau sous le soleil ! Si Rome put imposer ainsi une certaine référence unique de gestion au sein de son empire, ce ne fut pas aussi facile qu’on peut le dire ou l’écrire pour les peuples qui sous l’influence des coutumes, des habitudes, des pouvoirs locaux et des églises avaient aussi, leurs propres règles. C’est ainsi qu’au fil des siècles, l’année n’a pas commencé partout au 1er janvier.  Pour ne citer que la France, l’année commençait le 1er mars dans nombre de provinces aux VIe-VIIe siècles ; à Noël au temps de Charlemagne (et en certains lieux, tel Soissons, jusqu’au XIIe s.) ; le jour de Pâques sous les Capétiens, ce qui donnait des années de longueur très variable (usage quasi général aux XIIe-XIIIe s., jusqu’au XVIe s. dans certaines provinces) ; toutefois, en quelques régions, l’année commençait à date fixe, le 25 mars, jour de l’Annonciation. C’est ainsi qu’on peut lire, dans la Généalogie des rois de France (1506) de Bouchet : « Charles VIII alla à trépas au chasteau d’Amboise le samedi 7 avril 1497 avant Pasques (le 15 avril cette année-là), à compter l’année à la feste de Pasques ainsi qu’on le fait à Paris, et en 1498 à commencer à l’Annonciation de Nostre-Dame ainsi qu’on le fait en Aquitaine. » Ce n’est qu’en 1564 que, par édit de Charles IX, le début de l’année fut obligatoirement fixé en France au 1er janvier ; et les fausses étrennes et « poissons d’avril » sont un lointain souvenir des dates révolues.

Les peuples et leurs dirigeants ont toujours cherché à fixer des règles pour gouverner et il est sûr que c’est plus facile d’avoir une référence commune, en l’occurrence un calendrier, et que cette référence soit établie sur une base difficilement contestable, la durée du cycle du soleil. Malgré tout il faut encore sans cesse adapter nos systèmes de mesure à ce cycle qui varie très sensiblement, par exemple au point que les équinoxes et solstices ne sont pas toujours aux mêmes dates. Voir aussi sur ce point ce que j’ai déjà écrit par ailleurs.

Bref, en 1582 la réforme « grégorienne » a tenté de remettre de l’ordre dans le cours du temps et on doit reconnaître que c’est la référence la plus unanimement respectée. Elle fut appliquée avec beaucoup de réserves par certains qui refusaient de se plier à une décision « papale » alors qu’il s’agissait de trouver une référence commune pour faciliter gestion, communication, commerce, relations etc... C’est ainsi que l’Angleterre ne mit en œuvre cette réforme qu’en 1752 « préférant être en désaccord avec le soleil plutôt que d’être d’accord avec le Pape ! » La plupart des pays qui appliquèrent la réforme de 1582 s’en tirèrent comme nous avec 10 jours perdus dans le calendrier, avec l’incidence que j’ai soulignée pour décembre de la perte de signification du vieux dicton de la sainte Luce, où les jours n’avancent donc plus d’un saut de puce du fait de ces jours rayés du calendrier. Seule l’église orthodoxe garde la référence au calendrier « julien ».

Désormais l’année commence bien partout le 1er janvier, presque partout ! et les solstices sont passés au 20 ou 21 de décembre et de juin. Mais Noël, le jour de la naissance de Jésus fixé au lendemain de la nuit la plus longue du 24 décembre de feu le calendrier « Julien », est resté à la même place. On a même revu depuis les calculs et la date de la fameuse Etoile de Noël comme je l’ai rappelé avec la belle conjonction de Jupiter et Saturne que nous avons pu observer au soir du 21 décembre dernier.

En janvier, depuis le solstice, les jours commencent à l’emporter sur les nuits : ils ont une durée moyenne de huit heures trente minutes et augmentent d’une heure cinq minutes dans le mois, au rythme des nombreux dictons. Il faut donc revoir aussi ces vieux dictons qui sous une forme de comptine ou de litanie, rythmait ces périodes où le soleil, vainqueur des ténèbres, « sol invictus », reprend sa course chaque jour un peu plus longue, en se levant chaque jour un peu plus haut vers le Nord-Est. Si donc « pour la sainte Luce » les jours n’avancent plus du saut d’une puce on peut encore dire que « pour Nadal » ils croissent « d’un pied de gal » le pied étant ici une mesure. Qui donc est allé mesurer le pas d’un coq ? Et « pour la saint Sylvestre ils croissent d’un pas de mestre, et pour les rois d’un pied de roi ». On trouve aussi dans cet échantillon d’indications « à la saint Thomas - le 21 décembre- ils croissent du saut d’un têt (= lézard) ; ou du pas d’un cat, ou encore du pas d’un jars ».  Un autre dicton qui semble être apparu après la réforme de 1582, nous dit pour ce jour : « A la fête de Saint Thomas, - le 21 décembre jour du solstice- les jours, tombés au plus bas, vont demain grandir d’un pas » ; ou encore : « Les jours en font pour saint Thomas depuis la bouche jusqu’au nas ». C’est bien peu ! A la Noël ils croissent selon les régions, « du saut d’un baudet » ! Ça devient plus important ! « A l’an Neuf du pas d’un bœuf » ou encore : « au bon an, d’un pas de sergent » ou aussi « d’un vol de faisan ». Si on continue, on trouve « aux Rois – le 6 janvier- du pas d’une oie ; à la saint Hilaire – le 13 janvier- d’un pas de bergère ; à la saint Antoine – le 17 janvier- du pas d’un moine ; ou « comme la barbe d’un moine ! ». « A la saint Sébastien – le 20 janvier du saut d’un chien ». Par la suite, et donc aujourd’hui, il est difficile de se référer à cette comptine qui garde pourtant toute sa fraîcheur. Le « pas de bergère » est selon les régions devenu « une heure de bergère » et la barbe du moine est devenu « un repas de moine » ! On trouve aussi « un écheveau de soie » au Jour des Rois et « une heure grand » à la saint Vincent le 22 janvier, et enfin « deux petites heures » à la chandeleur le 2 février. Recherche de la rime plus que d’une vraie mesure !

Ce qu’il y a de sûr c’est que les jours de janvier sont de plus en plus longs. « Je me fais appeler janvier, le plus froid des mois de l’année. Et pourtant je me puis vanter que ma saison doit être aimée » nous dit en 1496 le Grand calendrier des bergers de Guiot Marchant. « Un mois de janvier sans gelée jamais n’amène bonne année » ou « Gelées en janvier, blé au grenier ». Nous voilà donc plutôt bien partis puisque les gelées sont annoncées pour cette première semaine du mois. Et gardons-nous de dire que c’est du jamais vu puisque nos Anciens ont fait des dictons appuyés sur leurs propres observations : « Les hivers les plus froids, Sont ceux qui prennent vers les Rois ». Une journée des Rois bien ensoleillée est peut-être un bon présage : « Beaux jours aux Rois blé jusqu’au toit. » ; « Belle journée aux Rois, l’orge croît sur les toits. ».

Curieusement les dictons qui associent le beau temps du Jour des Rois à la prospérité, paraissent chacun doublé d’autres dictons qui font de la pluie de ce jour, le présage d’une récolte surabondante de blé, d’orge ou de chanvre. Or les prévisions cette fois sont au mauvais temps pour le 6 de ce mois. « Si le soir du Jour des Rois, beaucoup d’étoiles tu vois, tu auras sécheresse en été, et beaucoup d’œufs au poulailler. »  Ou « Pluie aux Rois, blé jusqu’au toit. ». Le potager profitera lui aussi de cette pluie paradoxale : « Pour les Rois, goutte au toit, saison de pois. »

Ce jour des Rois et un « jour de remarque », un jour qui donne des indications pour l’année qui s’ouvre : « Les jours entre Noël et les Rois Indiquent le temps des douze mois » Ou :« Regarde comme sont menées depuis Noël douze journées, car suivant ces douze jours, les douze mois auront leur cours » À vos marques sur vos agendas et calendriers ! Notez bien la température, le temps qu’il fait et tout le reste… Cela vous fera passer de toutes façons un petit moment agréable et ça occupera votre temps de confinement… Au cas où !

Hélas aucun dicton ne peut nous donner une lueur d’espoir sur la sortie ou non de la pandémie qui nous frappe.

Alors fêtons le Nouvel An et tirons les Rois en cette fête de l’Épiphanie pour essayer de rompre la morosité ambiante. Nous avons vu la même étoile que les Rois Mages, Gaspard, Melchior et Balthasar !

Bien sûr ils sont là aujourd’hui, avec tout le train de leur cortège et le mystère de leurs origines.  Mais la tradition de la galette des Rois est une coutume bien plus ancienne qui n’a rien à voir avec eux. C’est une tradition qui, elle aussi, se réfère à l’évolution du temps, à la longueur des jours, et au soleil qui brille chaque jour un peu plus.

En tirant les Rois nous perpétuons une vieille, très vieille coutume païenne qui s’inscrit dans toutes les fêtes qui jalonnent ces jours autour du solstice d’hiver, où il n’est question que de fêter le triomphe de la lumière sur la nuit et les ténèbres. Les Romains organisaient à cette période des saturnales. On y partageait déjà la fève et on désignait ainsi le roi de la fête. Au Moyen Age ce fut la fête des Fous, devenus la fête des Innocents, sujette à toute sorte de débordements. Très tôt les chrétiens ont fait de ce jour la fête chrétienne de l’Epiphanie !

L’église a sublimé tout cela en faisant coïncider la naissance de Jésus avec le solstice d’hiver. Celui qui est La Lumière, le Sauveur de l’Humanité, vient en cette nuit profonde apporter la Lumière au monde, et les Rois Sages venus de l’Orient ont reconnu cela, en venant se prosterner devant l’Enfant Dieu et lui rendre leurs hommages.

Je me plais à rappeler que sous la Révolution, la fête des Rois, jugée « anticivique », fut rebaptisée « fête du bon voisinage » ; on y dégustait non plus la fameuse « galette royale » mais la « galette des Sans-Culotte ». Depuis notre république a réinventé une autre date pour cette fête du voisinage, ou fête des voisins, au mois de mai. Toujours rien de nouveau sous le soleil ! C’est la même chose pour la fête de la Musique au solstice d’été. Vous relirez ma chronique sur ce sujet.

Le gâteau appelé galette était bien comme aujourd’hui dans les pays du Nord de la France, un gâteau plat et rond, symbolisant le soleil qui renaît, (on retrouvera ainsi le même symbolisme avec les crêpes de la Chandeleur) alors que le gâteau des Rois dans le midi est une couronne qui a plus l’aspect, avec un peu d’imagination, du turban dont sont quelquefois affublés nos Rois Mages venus d’Orient : le « royaume ».

Sous François 1er une amusante anecdote fut à l’origine, - dit-on ! - à cette occasion, de la belle barbe de ce Roi.

Le souverain se trouvait à Romorantin pour y fêter les Rois. Il apprend qu’on a tiré les rois chez Monsieur de Saint-Pol en son hôtel. Il part avec ses amis confondre « l’imposteur ». « Même un jour d’Epiphanie, dit en riant François 1er, il ne peut y avoir qu’un seul roi à Romorantin ! ». Suivi de ses amis, il alla demander raison au roi de la fève. Comme il neigeait, on se battit à coup de boules de neige. Mais les munitions venant à manquer chez les assiégés, l’un d’eux – qui devait tout de même en tenir une bonne – tire une bûche de la cheminée et la balance par la fenêtre. Pan ! François Ier la prend en pleine figure ! On ne rigole plus ! Le roi s’écroule, gravement blessé. Tant et si bien que court le bruit de sa mort. La cour restera à Romorantin jusqu’à ce qu’il soit rétabli. Lui se laissera pousser la barbe pour cacher ses blessures et on dit que ces messieurs de la Cour par solidarité firent de même, lançant ainsi une nouvelle mode ! Légende ? Alors pourquoi sa mère écrit-elle « Le sixième jour de janvier 1521, feste des Rois, environ quatre heures après midy, mon fils fut frappé d’une mauvaise bûche sur le plus hault de ses biens. S’il en fut mort, j’étois femme perdue. Innocente fut la main qui le frappa… »

Le roi ne voulut point qu’on recherchât le jeteur de tison. Mais l’histoire fait de terribles rapprochements. Le lanceur du tison était Jacques de Montgomery, seigneur de Lorges, capitaine de la garde écossaise du roi et père de Gabriel de Montgomery. Ironie funeste, c’est ce dernier qui lors d’un tournoi tua involontairement trente-huit ans plus tard le fils de François, Henri II. Que ce rappel d’origines et de coutumes fort anciennes ne gâche pas votre plaisir, et fêtez les Rois sans scrupules. C’est une bonne occasion de convivialité. Il n’a rien plus rien de païen ou de romain dans nos festivités et l’hommage au jour qui triomphe sur la nuit n’est-il pas aussi un hommage à la création et au Créateur !

Fêtons le Nouvel An et « trinquons » à notre santé avec le souhait et l’espoir de nous sortir tous ensemble de cette situation catastrophique dans laquelle nous sommes !  Mais d’où vient donc cette vieille habitude de cogner nos verres, les yeux dans les yeux en prononçant « tchin-tchin ». Pour la plupart des gens, un apéritif ne peut commencer sans qu'on ait trinqué. Cette coutume remonterait au Moyen-âge. À l'époque, pour éliminer ses rivaux, l'empoisonnement était très fréquent. Pour limiter les risques, les grands seigneurs avaient alors pris l'habitude de trinquer, faisant en sorte qu’un peu du contenu de chaque verre se retrouve dans l’autre, lorsqu'ils s'entrechoquaient. Simple vérification de sécurité ! Et je suis sûr que certains trouveront d’autres interprétations, tout en buvant, modérément quand même !

Donc « Tchin-Tchin », à votre santé avec tous mes vœux pour 2021 pour que nous puissions nous retrouver longtemps encore. Addisias. Bonne et heureuse Année !

 

Jean Mignot

au jour de la Saint Sylvestre de cette triste année 2020 et dans l’attente de jours meilleurs

 

 

 

 

 

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